La Restauration Bourbonienne en Espagne : Système Politique et Société (1874-1902)
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La Restauration Bourbonienne : Système Politique
La Restauration de la dynastie a mis fin à la République, ébranlée par la Troisième Guerre carliste, le cantonalisme et l'insurrection cubaine, qui n'avait pas réussi à organiser une politique stable. L'architecte du nouveau régime fut Antonio Cánovas del Castillo, qui organisa une monarchie libérale et démocratique. Ses fondements furent établis sous le règne d'Alphonse XII (1875-1885) et la régence de Marie-Christine (1885-1902).
La Restauration des Bourbons
En 1874, le général Arsenio Martínez Campos proclama le roi Alphonse XII d'Espagne par un coup d'État militaire, marquant le début de la Restauration de la dynastie.
En réalité, la restauration des Bourbons avait été préparée durant la période du Sexennat Démocratique (1868-1874), lorsque Cánovas del Castillo prit les rênes du parti alphonsin.
Son projet était d'exploiter les troubles politiques pour obtenir le soutien des conservateurs et des républicains modérés en faveur de la Restauration.
Alphonse, formé à l'éducation britannique, fut envoyé à Sandhurst.
De là, il proclama un manifeste, déclarant que la monarchie était le seul moyen de mettre fin à la crise et esquissant les grandes lignes de ce que devait être la Restauration.
L'arrivée d'Alphonse XII en Espagne marqua le début d'une longue période de stabilité politique, fondée sur un système régi par les valeurs conservatrices de l'ordre, de la propriété et de la monarchie, combinées aux aspects de l'État libéral.
Caractéristiques et Fonctionnement du Système Canoviste
Cánovas établit les principes et le système idéologique, institutionnel et juridique, cherchant à éviter les dangers du régime de l'époque isabelline. Il visait à écarter l'armée du pouvoir politique. Il mit en place l'organisation d'un système bipartite et l'adoption d'une constitution flexible.
Pacification Militaire
Pour construire le nouveau système, il était nécessaire de pacifier le pays. En 1876, il réussit à pacifier la Troisième Guerre carliste.
En 1878, il signa la Paix de Zanjón, qui mit fin à l'insurrection cubaine. Une autonomie administrative fut accordée à Cuba.
Le Bipartisme Dynastique
Les dits partis dynastiques étaient donc ceux qui se relayaient au pouvoir. Le Parti Conservateur, dirigé par Cánovas, était l'héritier du conservatisme et des courants unionistes. Il représentait les intérêts des propriétaires fonciers, de la bourgeoisie financière, de l'aristocratie, de la hiérarchie ecclésiastique et des lobbies catholiques.
Le Parti Libéral, dirigé par Sagasta, intégrait les éléments les plus progressistes et souhaitait intégrer à la Restauration les aspects moins radicaux de la Révolution de 1868. Cela lui valut le soutien des libéraux, de la bourgeoisie industrielle et commerciale, des fonctionnaires et de certains secteurs de l'aristocratie terrienne.
Les différences idéologiques et politiques entre les deux partis étaient minimes. En fait, la création du Parti Libéral était due aux besoins mêmes du système conçu par Cánovas.
La Constitution de 1876
Une constitution était nécessaire pour réglementer et assurer la politique du nouveau régime. Des élections, basées sur le suffrage universel masculin, furent convoquées pour former des Cortes (Parlement) chargées de rédiger et d'approuver une nouvelle constitution.
La Constitution de 1876 stipulait que :
- La souveraineté était partagée entre les Cortes (Parlement) et le Roi. (Art. 18)
- Le Roi était inviolable et détenait le pouvoir exécutif, exercé par le gouvernement. Il nommait et révoquait le président du gouvernement et avait l'initiative législative, avec un droit de veto sur le Parlement.
- Le Parlement était bicaméral, avec un Sénat élitiste garantissant le contrôle de la législature par la minorité privilégiée.
- Elle reconnaissait les droits et libertés, mais leur régulation était renvoyée à une législation ultérieure. (Art. 13)
- Le catholicisme était reconnu comme religion officielle et l'Église était autorisée à contrôler l'éducation. (Art. 11)
Le suffrage universel masculin ne fut établi qu'en 1890, grâce à une loi électorale libérale.
Le Turnisme et la Fraude Électorale
Le système de gouvernement fondait son fonctionnement sur l'alternance pacifique des deux partis dynastiques au pouvoir, sans recourir aux coups d'État militaires. Cela permettait d'éviter le danger que la monarchie soit identifiée à un seul parti et assurait la continuité du régime.
Afin d'assurer cette alternance, on recourut à la fraude électorale. Ainsi, le système utilisait des procédures éloignées d'une véritable démocratie.
Les caciques (patrons locaux) étaient un élément clé du système. Ils étaient utilisés par les partis pour s'assurer d'obtenir la majorité nécessaire pour gouverner, indépendamment de l'électorat. À cette fin, ils recouraient à l'achat de voix ou à la coercition.