La Restauration Espagnole (1874-1931)
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La Restauration Espagnole : Fondements et Fonctionnement (1874-1931)
La Restauration espagnole débute en 1874. Pavie dissout les tribunaux. Cánovas del Castillo, le moteur de la Restauration, prépare l'arrivée d'Alphonse XII. Celui-ci publie le manifeste de Sandhurst (voir activité). Martínez Campos réalise un coup d'état (sans le consentement de Cánovas) à Sagonte, proclamant Alphonse XII roi. Cánovas revient avec Alphonse XII. La pacification du nord est achevée en 1876, mettant fin à la troisième guerre carliste. L'indépendance de Cuba est obtenue en 1878 avec la signature de la paix de Zanjón. Cánovas se prépare alors à imposer son système. (Plus d'informations).
Le Bipartisme : Pilier du Système Canoviste
Admirateur du modèle anglais, Cánovas impose le bipartisme. Deux partis se relaient au pouvoir en toute quiétude, constituant l'une des bases du système. Ce bipartisme garantit des formes démocratiques et évite l'identification de la couronne à un parti unique. Les changements de gouvernement se font par un accord préalable et pacifique. Le roi nomme un nouveau président du gouvernement, et des élections sont organisées, toujours remportées par le nouveau parti au pouvoir grâce à un système de *caciquisme* (despotisme électoral). Ce système entre en crise à partir de la Semaine Tragique de 1909. Des tentatives de maintien du bipartisme (PP-PSOE) ont existé, mais l'émergence de l'IU et surtout du nationalisme ont fragilisé ce système.
La Constitution de 1876 : Stabilité et Conservatisme
La Constitution de 1876 s'inscrit dans la continuité du constitutionnalisme espagnol du XIXe siècle. Elle est éclectique et synthétique, reprenant des principes des constitutions de 1837, 1845 et 1869. Elle sera la constitution la plus durable de l'histoire constitutionnelle espagnole (1876-1931).
CARACTÉRISTIQUES | |||
Souveraineté partagée. Grand pouvoir du roi. | Deux chambres. Sénat élu à vie (grands contributeurs). | Importance du pouvoir exécutif (Roi et gouvernement). Pouvoir législatif partagé entre les Cortes et le roi. | Libertés et droits similaires à ceux de 1869, mais leur mise en œuvre est renvoyée à des lois ultérieures qui les limitent (notamment la liberté de la presse). État confessionnel, mais respect des autres religions. |
Constitution conservatrice et éclectique, contribuant à la stabilité de la période. |
Le *Caciquisme* : Manipulation Électorale
Le *caciquisme* désigne la manipulation des élections. Les nouveaux fonctionnaires préparaient les élections des mois à l'avance. Le parti organisant les élections les gagnait systématiquement. Les méthodes incluaient :
- Manipulation du recensement (inscription de personnes décédées, exclusion d'opposants).
- Pressions économiques et physiques sur les électeurs.
- Fraude électorale (vol, destruction, falsification de documents).
- Manipulation des bureaux de vote (avancement de l'heure, etc.).
- Promesses d'emplois et faveurs diverses.
- Résolution de litiges administratifs pour les partisans.
- Exemption du service militaire (simulation d'invalidité, paiement).
- Manipulation des résultats électoraux.
Le *cacique*, souvent le maire, contrôlait l'administration locale et utilisait son pouvoir pour influencer les votes. Il s'appuyait sur les "forces vives" du village : le curé, le maître d'école, le juge, la Garde Civile.
Les Deux Grands Partis : Conservateur et Libéral
IV.1 - Le Parti Conservateur (ou Alphonsin) | IV.2 - Le Parti Libéral |
Héritier du Parti Modéré et de l'aile droite de l'Union Libérale. | Héritier du Parti Progressiste, de l'aile gauche de l'Union Libérale et des Démocrates. |
Base sociale : classes supérieures, aristocratie, armée, propriétaires terriens, hauts fonctionnaires. Fief dans le sud de l'Espagne. | Base sociale : bourgeoisie moyenne, commerçants, industriels, milieu urbain. |
Dirigeants : Cánovas del Castillo, Silvela, Dato, Maura, Romero Robledo. | Dirigeants : Práxedes Mateo Sagasta, Martínez Campos, Pavía, Canalejas, Camacho. |
Idéologie : suffrage censitaire, ordre et répression, libertés limitées, traditionalisme, centralisme. | Idéologie : suffrage universel, plus de libertés, justice par jury, moins de centralisation. |
Réformes : lois limitant les libertés constitutionnelles (censure, restrictions à la liberté de réunion, suffrage censitaire en 1881), tarif protectionniste de 1891. | Réformes : lois sur l'association, la réunion, la liberté académique, suffrage universel (imposé en 1890), code civil. |
Conclusion : Succès et Limites de la Restauration
La Restauration a été l'une des périodes les plus longues de stabilité politique de l'histoire espagnole. Cánovas a réussi à intégrer les deux grands partis dans un système de gouvernement civil. Jusqu'en 1898, ce pacte a dominé la scène politique. Cependant, ce pacte ne concernait que les classes oligarchiques. Le système ne représentait pas la petite bourgeoisie ni le prolétariat, il a ignoré les revendications nationalistes et n'a pas su gérer le problème colonial.