La révolution neuroscientifique cognitive et le monisme
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L'esprit est matière
Aujourd'hui, l'explication matérialiste de la notion d'esprit est privilégiée dans les sciences, notamment dans les neurosciences cognitives qui se développent au XXe siècle. Les neurosciences étudient scientifiquement le cerveau et le système nerveux. Les sciences cognitives étudient quant à elles ce qui relève des mécanismes de la pensée. À la rencontre de ces deux disciplines, dans les neurosciences cognitives, on étudie les liens entre les mécanismes biologiques et la pensée. Les neurosciences cognitives sont donc l'étude des mécanismes neurobiologiques qui sous-tendent la cognition (perception, motricité, langage, mémoire, raisonnement, émotions, etc.). Dans cette perspective, on suppose que les états psychiques correspondent à des états et à des processus cérébraux : on explique l'esprit par la chimie du cerveau. Ces sciences ont donc permis de découvrir des liens étroits entre phénomènes mentaux et phénomènes neurologiques. C'est une victoire pour le monisme, un courant de pensée athée qui pense que toute réalité peut être expliquée scientifiquement par la matière. Baruch Spinoza est considéré comme un moniste. Pour lui, Dieu est la nature, il n'existe pas d'autre monde que celui qui entoure l'homme, qui est unique et indivisible. Dans Éthique, Spinoza affirme en effet que l'âme et le corps ne font qu'un, expliquant que "l'esprit est l'idée du corps". Toutefois, la nature des relations entre phénomènes mentaux et neurologiques reste extrêmement difficile à déterminer.
Les limites de la révolution neuroscientifique cognitive
Tout ce qu'il est possible de mettre en évidence, ce sont des correspondances entre les capacités propres à l'esprit d'un sujet conscient et le constat d'activités dans certaines zones du cerveau. Aucun lien de causalité ne peut être réellement mis en évidence, donc la possibilité de l'existence d'une âme qu'ignore la matière persiste. On se demande d'ailleurs si on peut réduire les capacités propres à l'esprit comme la réflexion, le jugement ou les émotions, à des capacités du cerveau ? En fait, l'avancée actuelle des sciences ne permet pas de sauter ce pas. C'est ce constat que dresse Henri Bergson lorsqu'il s'interroge sur les liens entre la pensée et le cerveau. Partant de l'expérience que chaque homme fait d'être conscient et d'user de sa pensée, Bergson insiste sur le fait que s'il est impossible de nier que la vie de la conscience est liée à la vie du corps, il est tout aussi impossible de soutenir que "le cérébral est l'équivalent du mental". Ainsi, la conscience est incontestablement accrochée à un cerveau mais il ne résulte nullement de là que le cerveau dessine tout le détail de la conscience, ni que la conscience est une fonction du cerveau. Tout ce que l'observation, l'expérience, et par conséquent la science nous permettent d'affirmer, c'est l'existence d'une certaine relation entre le cerveau et la conscience. Plus les sciences avancent, plus on est capable d'analyser et de décortiquer le fonctionnement du corps et de la matière. Cependant, de nouvelles questions se posent à chaque découverte, tant sur la nature de l'esprit que sur ses liens avec la matière. Ainsi, le débat sur ce qu'est véritablement l'esprit perdure.