Le Romantisme : Origines, Caractéristiques et Genres

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Contexte historique et émergence du Romantisme

Avec la montée de la bourgeoisie au pouvoir et la politique expansive de Napoléon, se sont répandus à travers l'Europe les idéaux de la Révolution française (liberté, égalité, fraternité). Mais cette expansion a, à son tour, conduit à la réaction des monarchies et des valeurs traditionnelles (la religion, le trône, la patrie) et à l'exaltation des sentiments nationalistes visant à réaffirmer l'identité historique contre l'envahisseur.

C'est dans cet environnement que se développe en Europe, au cours de la première moitié du XIXe siècle, le mouvement du Romantisme.

Caractéristiques du mouvement romantique

1. Réaction au Néoclassicisme

Le Romantisme est une réaction aux excès de la période néoclassique, c'est-à-dire contre l'imposition d'une domination absolue de la raison, de ses règles et règlements, de sa modération et de son « bon goût » dans les arts et l'éducation.

2. Exaltation de l'Individualisme et de la Liberté

L'individualisme, le subjectivisme, le « moi » sont exaltés. Avec cela vient la liberté absolue de l'artiste et l'importance de l'inspiration. Les conventions et les règles sont rejetées, éliminant les barrières entre les genres : vers et prose, comique et tragique, sublime et grotesque... alternant dans la même œuvre.

3. Idéalisme et Évasion

L'Idéalisme est le rejet de la réalité vulgaire qui contraste avec les idéaux. De là naît une inquiétude vitale, un sentiment d'inachèvement, une « conscience malheureuse » (Hegel). Ce désaccord avec le monde produit un désir d'évasion vers des lieux exotiques ou des époques « romantiques » (l'Extrême-Orient, le Moyen Âge mystérieux et chevaleresque).

Parfois, cela produit la révolte contre l'établissement, se manifestant par l'exaltation de personnages marginaux, mystérieux, en dehors des conventions sociales, symboles de liberté, comme le pirate ou le mendiant. Dans les cas les plus radicaux, cela mène au suicide, suivant des modèles littéraires comme Werther de Goethe (dont le héros se suicide par échec amoureux), mais aussi des cas réels comme celui de Larra.

4. La Quête Transcendantale

Le sens de la vie n'est pas la poursuite du bonheur terrestre, matériel et « bourgeois », mais une quête transcendante, infinie et impossible, qui se heurte toujours à la réalité et cause la déception.

5. La Nature, miroir de l'âme

La nature est préférée libre et puissante (le vaste océan, les tempêtes déchaînées, la nuit mystérieuse), face à laquelle l'individu se sent faible et diminué, soumis au destin. Parfois, la nature est le reflet de l'intimité troublée et souffrante de l'artiste : abondance de clair de lune, ou paysages violents, désolés, ruines.

6. Recrudescence du Nationalisme

Ce goût pour l'individu et le différent s'étend à l'individualité de chaque pays : leurs caractéristiques, leurs coutumes, leurs langues, ce qui entraîne une recrudescence du nationalisme.

Synthèse et les deux courants du Romantisme

En résumé, le Romantisme exalte toujours la liberté individuelle et exprime son mécontentement face à la situation actuelle. Ce mécontentement fut interprété de deux manières, donnant naissance à deux courants :

  • Le courant des valeurs traditionnelles, visant à restaurer l'Ancien Régime.
  • Le courant libéral ou révolutionnaire, qui vise à développer les nouvelles valeurs (égalité, droits de l'homme).

Le Romantisme en Espagne

Bien que l'Espagne fût considérée en Europe comme un pays romantique par excellence (pour ses traditions, ses paysages sauvages et sa littérature populaire), le Romantisme y arriva tardivement et superficiellement, principalement pour des raisons politiques : l'absolutisme de Ferdinand VII. Durant son règne, de nombreux libéraux durent s'exiler et ne revinrent définitivement en Espagne qu'à sa mort en 1833, apportant avec eux les idées romantiques apprises en Europe.

Auparavant, il y avait eu quelques anticipations dans la lignée du Romantisme traditionnel, notamment les articles de Nicolas Faber de Bohl (consul allemand à Cadix et père de Fernán Caballero), défendant le théâtre baroque espagnol, ou les articles de la Revue européenne de Barcelone.

Les genres littéraires du Romantisme

Le Roman et la Prose

En prose, on trouve le roman historique (thèmes légendaires situés au Moyen Âge, à la manière de Walter Scott). On trouve aussi les articles de journaux : les plus sérieux (politiques et littéraires, comme ceux de Larra) et les plus légers, appelés « tableaux de mœurs » ou « boîtes personnalisées », où l'on exalte, sur un ton amical, les particularités de la vie quotidienne et les types populaires (ce qui est une avancée vers le réalisme, notamment chez R. Mesonero Romanos).

Le Théâtre

Le théâtre, bien sûr, ne suit pas les règles classiques. Ses thèmes tournent autour du destin, de l'honneur, de l'amour (souvent impossible ou contrarié). Il ne vise pas tant à éduquer qu'à émouvoir ou exciter. Les auteurs importants sont le Duc de Rivas (Don Alvaro ou la force du destin), Antonio García Gutiérrez (Le Troubadour), Juan Eugenio Hartzenbusch (Les Amants de Teruel), José Zorrilla (Don Juan Tenorio).

La Poésie : expression des aspirations

Mais le genre qui convient le mieux aux caractéristiques du Romantisme est la poésie, qu'il s'agisse de poésie narrative (légendes et thèmes historiques) ou, surtout, de poésie lyrique, qui permet l'expression des aspirations et des frustrations du poète.

Les poètes romantiques se sentent libres et sans entraves, n'écrivant que selon les impulsions de l'inspiration. Plutôt que la perfection formelle, ils recherchent la sincérité et l'émotion. Les formes utilisées sont spectaculaires : éclats de voix, rythmes marqués pour la récitation à haute voix, ton véhément, accumulation d'exclamations et d'hyperboles. Les poèmes romantiques sont généralement polymétriques et poliestrophiques, sauvant des mesures oubliées, comme les ballades populaires, ou inventant de nouvelles formes.

De ce fait, les poèmes romantiques sont de qualité inégale : on peut trouver des réussites lyriques, mais aussi de la vulgarité ou de la lourdeur. Le drame et l'intensité dominent, s'éloignant radicalement de la modération du « bon goût » du siècle précédent (ce qui leur a valu d'être caricaturés comme des « pleurnichards » et des « désordonnés »). Leurs principaux thèmes sont :

  • L'amour, force vitale, mais presque toujours impossible, orageux, fatal.
  • Le mécontentement général face à la vie, la protestation ou la rébellion.
  • Ces sentiments sont souvent mis en scène dans des environnements qui les reflètent et les renforcent : la nuit, les ruines, les cimetières, la tempête...

Les périodes du Romantisme espagnol

Première période : Le Romantisme historique

La première période correspond au Romantisme tel que décrit précédemment. Ses principaux représentants sont Espronceda (L'Étudiant de Salamanque, Le Diable Monde), le Duc de Rivas (romans historiques), Zorrilla (légendes et traditions espagnoles).

Deuxième période : Le Post-Romantisme

La deuxième période, après 1850, correspond au Post-Romantisme. Écrite à l'apogée du Réalisme, cette poésie modère ses moyens et acquiert un ton plus prosaïque (caractéristique de la poésie de Campoamor, par exemple). Le lyrisme post-romantique préfère un ton intime, des poèmes courts, des formes simples, avec une tendance à l'assonance, et utilise peu de dispositifs rhétoriques (elle est destinée à être lue tranquillement, non récitée). Représentants : Rosalía de Castro (Follas Novas, Au bord du Sar) et Bécquer.

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