Santé Mentale, Dépression et Post-partum : Définitions, Causes et Prise en Charge

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Définition de la Santé Mentale

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté. »

Les Déterminants de la Santé Mentale

La santé mentale résulte d’interactions complexes entre de nombreux facteurs de trois ordres :

  • des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques génétiques et physiologiques de la personne ;
  • des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels ;
  • des facteurs sociaux, qui sont liés aux relations entre la personne et ses interactions dans son environnement.

Ces facteurs sont en évolution constante et s’intègrent de façon dynamique chez la personne.

1. Facteurs Biologiques

  • Antécédents familiaux de maladie
  • Caractéristiques génétiques
  • Facteurs pré et périnataux (infectieux, endocriniens, métaboliques, vasculaires)
  • Neuroanatomie et neurotransmission
  • Physiologie cellulaire et cérébrale
  • Métabolisme

2. Facteurs Psychiques

  • Identité personnelle
  • Estime de soi
  • Relations d’objet et d’attachement
  • Mécanismes de défense
  • Capacités cognitives et intellectuelles
  • Capacités adaptatives et motivation
  • Contrôle des émotions

3. Facteurs Socioculturels

  • Facteurs sociodémographiques : sexe, âge, statut social, logement
  • Relations avec les parents, amis
  • Stabilité familiale
  • Modèles éducatifs, styles parentaux
  • Système de valeurs
  • Niveau socioéconomique
  • Groupe ethnique et appartenance culturelle
  • Scolarisation
  • Travail, chômage, pauvreté, invalidité
  • Économie, politique, environnement

Les Mesures de la Santé Mentale

Des échelles proposent une évaluation « globale » de la santé mentale ; elles intègrent à la fois les composantes biologiques, sociales et culturelles :

  • L’échelle du bien-être psychologique (Psychological Well-being Scale)
  • L’échelle de Mesure des Manifestations du Bien-être Psychologique (ÉMMBEP)
  • L’échelle de bien-être social (The Social Well-Being Scale)
  • L’échelle de satisfaction de vie (Satisfaction with Life Scale)
  • L’échelle de l’estime de soi (Self-Esteem Scale)

Qu’est-ce que la Maladie Mentale ?

La maladie mentale est une maladie qui peut être diagnostiquée et reconnue d’un point de vue médical. Elle résulte d’une incapacité à utiliser ses habiletés cognitives, affectives (émotionnelles) ou relationnelles. Les troubles mentaux sont causés par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Elle peut être traitée par des approches semblables à celles auxquelles on a recours pour traiter les maladies physiques (c'est-à-dire la prévention, le diagnostic, le traitement et la réadaptation).

Définition selon le DSM-5

Le DSM-5 précise les caractéristiques d’un trouble mental comme étant un mode de fonctionnement comportemental ou psychique qui survient chez un individu :

  • entraînant une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement ;
  • reflétant un dysfonctionnement psychobiologique sous-jacent ;
  • n’étant pas simplement une réaction attendue à des stresseurs de la vie quotidienne ou une réponse acceptée à un type d’événement dans certaines cultures ;
  • n’étant pas le résultat d’une déviance sociale ou d’un conflit avec la société.

Classification des Maladies Mentales

Les maladies sont organisées par la Classification Internationale des Maladies (CIM-11). Cette classification est établie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et s’applique en psychiatrie comme dans le reste des maladies en médecine.

Un système de classification spécifique des troubles mentaux a été établi pour la psychiatrie. Il s’agit du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM).

Les Catégories Diagnostiques du DSM-5

  1. Troubles neurodéveloppementaux : déficience intellectuelle, troubles de la communication, autisme, TDA/H, troubles des apprentissages, troubles moteurs
  2. Schizophrénie et autres troubles psychotiques
  3. Troubles bipolaires de type I et II et troubles apparentés
  4. Les troubles dépressifs
  5. Les troubles anxieux
  6. Troubles obsessionnels compulsifs
  7. Troubles liés à un traumatisme ou un stress
  8. Troubles de l’alimentation : anorexie, boulimie
  9. Troubles du contrôle sphinctérien : énurésie, encoprésie
  10. Troubles du sommeil : insomnie, hypersomnie
  11. Dysfonctions sexuelles : diminution du désir, de l’érection, éjaculation ou troubles de l’orgasme
  12. Troubles à symptomatologie somatique
  13. Toxicomanies et troubles addictifs
  14. Troubles neurocognitifs : delirium, démences
  15. Troubles de la personnalité
  16. Troubles dissociatifs

Prévention en Santé Mentale

La Prévention Primaire

La prévention primaire, qui est mise en place avant l’apparition de la maladie, vise à empêcher la survenue de celle-ci :

  • Insistance sur l’importance de saines habitudes de vie
  • Éducation sur les méfaits des drogues et de l’alcool
  • Gestion du stress
  • Évitement de situations traumatisantes (ne pas s’exposer au danger)
  • Apprentissage d’habiletés sociales

La Prévention Secondaire

La prévention secondaire, qui intervient dès que la maladie est détectée, a trait à son dépistage et à son traitement précoces :

  • Campagnes d’information et de sensibilisation sur les médias, réseaux sociaux, les écoles
  • Inciter les gens à consulter tôt dès l’apparition des symptômes
  • Programmes de lutte et de sensibilisation contre la toxicomanie

La Prévention Tertiaire

La prévention tertiaire, qui entre en jeu lorsque les déficits et l’invalidité engendrés par la maladie se sont installés, vise à :

  • Empêcher les rechutes
  • Lutter contre les séquelles
  • Réadapter le patient à la vie sociale et professionnelle

1. Dépression : Définition et Généralités

L'humeur est un état d'âme qui donne à chacun de ses états une tonalité agréable ou désagréable, oscillant entre deux pôles extrêmes de plaisir et de douleur.

La dépression est un état caractérisé par le développement d’une tristesse profonde et durable, d’un ralentissement psychomoteur auxquels s’associent :

  • des troubles instinctuels (insomnie, anorexie, troubles sexuels) ;
  • des troubles neurovégétatifs (constipation, sécheresse buccale, etc.).

2. Clinique de la Dépression

A) Ralentissement Psychomoteur

  • Une asthénie générale : dès le matin et qui s’aggrave tout au long de la journée.
  • L’asthénie intellectuelle : un ralentissement de la créativité, de l’idéation et de l'efficience intellectuelle.
  • Dans les formes graves : le patient est immobile et silencieux ; seules les plaintes et les gémissements sont exprimés.
  • L’anxiété peut provoquer une agitation.

B) Troubles Instinctuels

  • Le sommeil : il est toujours perturbé :
    • une insomnie d’endormissement ;
    • une insomnie matinale ;
    • ou, paradoxalement, une hypersomnie refuge.
  • L’appétit : l’anorexie est constante, aggravée par l’asthénie et la perte de désir de vivre ; rarement, une polyphagie.
  • Sexualité : baisse ou absence du désir sexuel.

C) Tristesse Morbide

  • Une tristesse et un vécu pessimiste envahissent toute la vie du patient. C'est « la douleur morale ».
  • Une perte d’intérêts ; un sentiment d’insatisfaction, d’autodépréciation et de dévalorisation.
  • Idéations suicidaires.

3. Les Troubles Associés à la Dépression

  • Les troubles neurovégétatifs : sécheresse buccale, ralentissement du péristaltisme, hypotension.
  • L’anxiété : son intensité est capitale pour apprécier les risques suicidaires avec lesquels elle est corrélée.
  • Les troubles du caractère : hostilité, revendications, intolérance et impulsivité.

4. Formes Cliniques de la Dépression

I/ Dépressions Primaires

Ce sont des maladies dépressives majeures ou mélancoliques (accès mélancolique). Il s’agit de dépressions endogènes qui peuvent être de formes bipolaires ou des dépressions récurrentes.

  • L’accès mélancolique : c’est la forme la plus complète et la plus grave des états dépressifs.

II/ Les Formes Secondaires

  • Dépressions névrotiques : L’anxiété est généralement au premier plan ; les manifestations phobiques ou obsessionnelles sont souvent retrouvées.
  • Dépressions réactionnelles : la dépression est, ici, une réaction à un événement : tels un deuil, un décès, une perte, un conflit familial ou affectif, un échec scolaire ou professionnel.
  • États dépressifs au cours des psychoses : Au cours des schizophrénies : la dépression peut survenir soit au début, soit après des remaniements psychodynamiques dus à la perte de l’activité délirante, soit après les effets secondaires du traitement neuroleptique.
  • États dépressifs ou symptomatiques au cours des maladies somatiques :
    • Maladies neurologiques : maladie de Parkinson, sclérose en plaques
    • Maladies endocriniennes : hypothyroïdie
    • Pharmacodépendance : sevrage alcoolique, héroïne…
    • Autres : tuberculose, cancers

5. Neurobiologie de la Dépression

Déficit ou baisse de la sérotonine cérébrale.

6. Prise en Charge de la Dépression

L’hospitalisation : elle est impérative devant tout état dépressif majeur sévère et devant tous les états dépressifs comportant un risque suicidaire.

Le traitement biologique : il doit prendre en compte trois paramètres : l’intensité de la symptomatologie, l’âge du patient et son état somatique.

Chimiothérapie Antidépressive

  • Amitriptyline (Laroxyl) cp. 25mg, 50mg, solution à 4 %, la dose moyenne se situe entre 100 et 200 mg/j.
  • Clomipramine (Anafranil) cp. 10, 25 et 75mg, amp. 25 mg, dose moyenne de 150 à 225 mg/j.
  • Miansérine (Athymil) cp. 10 et 30mg, dose moyenne 30 à 60mg/j.
  • Fluoxétine (Prozac) cp. 20mg, dose moyenne 20 à 40mg/j.
  • Sertraline (Zoloft) cp. 50mg, dose moyenne 100mg/j.
  • Paroxétine (Déroxat) cp. 20mg, dose moyenne de 20 à 40mg/j.

Anxiolytiques

Pour réduire l’anxiété et corriger l’insomnie. Durée de traitement : 4 semaines au maximum.

Psychothérapies


1. Dépression du Post-partum : Définition

La dépression du post-partum correspond à des symptômes dépressifs qui durent plus de deux semaines après l'accouchement et répondent aux critères d'une dépression majeure. La dépression du post-partum, ou dépression post-natale, est différente du « baby blues ». Elle survient généralement deux à huit semaines après l’accouchement, mais on l’observe jusqu’à un an après la naissance.

2. Qu’est-ce que le « Baby Blues » ?

Le « baby blues » survient deux à cinq jours après l’accouchement, avec un pic au 3e jour. C'est un diagnostic différentiel classique qui concerne 30 à 80 % des accouchées. Il est fréquent de ressentir tristesse et anxiété. Il est possible que vous pleuriez sans raison, que vous ayez du mal à dormir ou que vous remettiez en question votre capacité à vous occuper de votre nourrisson. Cela s’explique en grande partie par la variation des taux de progestérone. Les variations hormonales ne sont probablement pas les seules en cause. D’autres facteurs peuvent être à l’origine de ces émotions, par exemple de longues périodes de fatigue ou d’épuisement, des difficultés à allaiter et d’autres complications du post-partum. Il dure 4 à 10 jours maximum.

3. Épidémiologie de la Dépression Post-partum

Elle concerne environ 15 % des femmes. Ce sont en majorité des épisodes dépressifs caractérisés d’intensité légère à modérée.

4. Quels sont les Symptômes de la Dépression du Post-partum ?

  • Dépression, tristesse et mauvaise humeur persistantes
  • Plaintes physiques au premier plan (céphalées, douleurs abdominales)
  • Manque d’énergie et sensation de fatigue
  • Manque d’entrain et d’intérêt pour tout
  • Troubles du sommeil et somnolence en journée
  • Difficultés à tisser des liens avec son bébé
  • Manque de concentration et difficulté à prendre des décisions
  • Des pensées perturbantes, comme faire du mal à son enfant ou des pensées suicidaires

5. Les Facteurs de Risque de la Dépression Post-partum

Les femmes qui ont déjà souffert de dépression ou d’anxiété dans le passé ou pendant leur grossesse risquent davantage de développer une dépression post-partum. D’autres facteurs de risque ont été reconnus, par exemple :

  • avoir récemment vécu des événements stressants (ex. : déménagement, stress financier) ;
  • être peu soutenue socialement ;
  • démontrer une faible estime de soi ;
  • avoir une moindre satisfaction conjugale ;
  • éprouver des difficultés à allaiter ;
  • avoir un membre de sa famille qui a déjà souffert de dépression ou d’un trouble de l’humeur.

6. Conseils et Prévention de la Dépression Post-partum

A) Se Reposer

  • Dormir suffisamment et se ménager des moments de détente
  • Savoir confier son bébé quelques heures à quelqu’un de confiance
  • Boire une boisson chaude comme du thé ou une tisane
  • Écouter de la musique douce
  • S’allonger confortablement dans son canapé
  • Écouter son corps et réagir de façon appropriée lorsqu’il réclame du repos
  • Se reposer si possible dans la journée, pendant que le bébé dort

B) Manger Sainement et Équilibré

  • Ne pas rester trop longtemps sans manger pour éviter la fatigue et la détérioration de l’état de santé en général
  • Garder une bonne alimentation variée

C) Faire de l’Exercice avec Modération

  • Faire du yoga ou de la gymnastique douce
  • Aller à la piscine
  • Marcher

D) Rester en Contact avec un Réseau Social

  • Appeler des amis
  • Aller se promener avec son bébé en poussette
  • Rencontrer d’autres jeunes mamans via des organismes qui permettent d’entrer en contact avec des mamans qui souffrent de cette maladie

E) Prendre Soin de Soi-même

  • Se regarder à nouveau dans le miroir
  • Prendre le temps de s’habiller
  • Aller chez le coiffeur
  • Se maquiller

7. Pronostic et Évolution de la Dépression Post-partum

Un épisode dépressif caractérisé du post-partum est un facteur de risque de récidive dépressive au décours d’une nouvelle grossesse ou en dehors de la périnatalité. Il peut évoluer vers un trouble bipolaire.

8. Prise en Charge de la Dépression Post-partum

A) Poser le Diagnostic

Un diagnostic et un traitement précoces de la dépression du post-partum améliorent sensiblement les résultats chez la femme et son nourrisson.

La dépression du post-partum (ou d'autres troubles mentaux graves) est diagnostiquée si les femmes présentent au moins 5 symptômes pendant plus de 2 semaines. Les symptômes comprennent une humeur dépressive et/ou une perte d'intérêt ou de plaisir, ainsi que :

  • Perte de poids importante, perte d'appétit ou prise de poids
  • Insomnie ou hypersomnie
  • Agitation ou retard psychomoteur
  • Sentiment d'inutilité ou de culpabilité
  • Diminution de la capacité de concentration
  • Des pensées suicidaires ou meurtrières (il faut interroger spécifiquement les patientes sur de telles pensées)

B) Traitement

  • Psychothérapie (thérapie par la parole) : Un certain nombre de psychothérapies (par exemple, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ou les thérapies interpersonnelles (TIP)) fonctionnent très bien contre la dépression du post-partum et l'anxiété. Il est conseillé de parler à son prestataire de soins afin de trouver un professionnel de la santé mentale qui pourra aider à traverser ces émotions.
  • Médicaments : Un certain nombre de médicaments sont efficaces pour prendre en charge et atténuer les symptômes de la dépression du post-partum. Si les antidépresseurs peuvent passer dans le lait maternel en petites quantités, l'impact sur la lactation et le bien-être du nourrisson est généralement minime.

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