Le Sarcophage des Époux : Analyse et Contexte de l'Art Étrusque

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Le Sarcophage des Époux (Sarcophage I)

Cette sculpture de groupe, dite « exonérée », a été sculptée vers 520 avant J.-C. (VIe siècle av. J.-C.). L'auteur est anonyme et l'œuvre appartient au style étrusque.

Contexte de la Civilisation Étrusque

La civilisation étrusque s'est développée sur le continent italien, en particulier dans la région de la Toscane, entre le IXe et le Ier siècle avant J.-C. D'origine orientale, elle a réuni les traditions culturelles et artistiques des civilisations de la Méditerranée et du Moyen-Orient.

L'art étrusque était profondément marqué par les croyances religieuses, cherchant à obéir à la volonté de leurs dieux pour ne pas tomber en disgrâce. Tout comme en Mésopotamie et dans les civilisations égyptiennes, la société étrusque accordait une grande importance à la vie après la mort. Pour cette raison, il était habituel de perpétuer la mémoire du défunt par la création de masques de cire ou d'urnes funéraires, où étaient conservées les cendres.

Caractéristiques du Style Étrusque

Le style étrusque se caractérise par plusieurs éléments formels :

  • L'attitude hiératique et frontale.
  • Les yeux en amande.
  • Le sourire archaïque.
  • La schématisation des muscles de la figure.

L'art étrusque, forme figurative produite par cette civilisation, est resté essentiellement un art funéraire, tant dans la fresque que dans la sculpture. Cette dernière est particulièrement remarquable, notamment avec les sarcophages en terre cuite de taille réelle.

Description Détaillée de la Sculpture

Les sculptures sont réalisées en terre cuite (argile). Le couvercle est façonné comme un lit de banquet (un Kline). Sur ce lit sculpté, deux personnages sont allongés, un homme et une femme, dans une attitude détendue et amicale.

Le Couple et leurs Attributs

  • L'Homme : Positionné derrière la femme, il présente une forte attitude protectrice. Il est torse nu et ses cheveux sont tirés en arrière, serrés, à la manière caractéristique du style ionien.
  • La Femme : Au premier plan, elle porte une longue robe grecque (un chiton), des chaussures pointues et se couvre la tête d'un bonnet phrygien d'où s'échappent de longues tresses.

Les yeux des personnages ne se croisent pas, mais la relation affectueuse entre eux est transmise par les gestes de leurs mains. L'homme repose son bras droit sur l'épaule de la femme, tandis que sa main gauche est étendue vers l'avant, dans une attitude affable, comme s'il tenait la main de l'épouse.

Le travail des deux figures est très attentif à la partie supérieure du corps, aux pieds et aux chaussures, mais les jambes sont traitées de manière très simple. Les visages ont un profil clair et géométrique, hiératique, mettant l'accent sur la forme des yeux en amande et le sourire stéréotypé. De petites traces de polychromie suggèrent que l'ensemble était peint de couleurs très vives.

Fonction et Signification Funéraire

Ce type de sarcophage servait à conserver les cendres du défunt, déposées à l'intérieur après le rituel d'incinération. Cette œuvre est donc une urne funéraire étrusque.

Croyances et Rites Funéraires

Les Étrusques avaient un grand respect pour leurs dieux et une grande peur de la mort. Pour contrer cette crainte, ils croyaient que le défunt n'était pas mort, mais continuait à vivre dans une autre existence au sein du sépulcre. Pour cette raison :

  1. Les tombes étrusques reproduisaient les maisons des défunts.
  2. Elles étaient décorées de fresques représentant des scènes de danse, de banquets ou de chevaux.
  3. Des objets du quotidien étaient déposés pour accompagner le défunt dans l'autre vie.

L'artiste avait pour devoir de reproduire le plus fidèlement possible les traits du visage et du corps du défunt, qui était représenté dans une scène paisible sur le sarcophage. La scène habituelle ici est celle d'un mariage. Les époux sont représentés célébrant un banquet, allongés sur le Kline.

Le Statut de la Femme Étrusque

La femme prend la première place, car la femme étrusque n'était pas marginalisée de la société, contrairement à ce qui se passait avec les femmes romaines. Dans les civilisations grecque et étrusque, les femmes participaient activement à la vie publique et étaient présentes aux fêtes, banquets, danses et jeux de gymnastique.

Comparaison avec l'Art Grec Archaïque

Le Sarcophage des Époux peut être comparé à des œuvres grecques contemporaines, telles que le Kouros d'Anavyssos et la Korè au péplos, notamment en raison de leurs caractéristiques formelles communes issues du style archaïque.

Similitudes et Différences Fonctionnelles

Bien que les trois œuvres soient liées à la sphère funéraire ou votive, leurs fonctions diffèrent :

  • Le Kouros d'Anavyssos est une sculpture funéraire grecque qui commémore la victoire et la mort du jeune athlète Kroisos, décédé au combat (fonction votive/commémorative).
  • Le Sarcophage des Époux représente le couple dans un contexte matrimonial et funéraire (fonction d'urne cinéraire).

Une autre différence notable réside dans la posture : les figures grecques (Kouros et Korè) sont debout, tandis que les époux étrusques sont couchés sur le lit, comme s'ils étaient à un banquet.

Caractéristiques Formelles Communes

Malgré ces différences, les œuvres sont liées par des traits structurels et formels typiques de l'époque archaïque :

  • L'attitude hiératique et la rigidité.
  • La frontalité.
  • Les cheveux bouclés.
  • Les yeux en amande.
  • Le sourire archaïque.
  • La schématisation des muscles (sur l'athlète, par exemple).

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