Sculpture et Peinture Romanes : Caractéristiques et Exemples

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Le Pórtico de la Gloria de Saint-Jacques-de-Compostelle

Le Pórtico de la Gloria fait partie du narthex de la cathédrale. Sa faible largeur de 5 mètres gêne la vue frontale. Il se situe au niveau supérieur d'une crypte conçue par le Maître Mateo pour compenser le dénivelé du terrain entre la nef de l'église et l'esplanade extérieure. Le portail est divisé en trois ouvertures qui correspondent aux trois nefs de l'église et accueille plus de 200 sculptures.

Le programme iconographique a son centre névralgique dans le trumeau, présidé par la statue assise de Saint-Jacques, qui accueille les pèlerins. Le tympan de la travée principale représente l'Apocalypse : le Christ apparaît au centre, majestueux, montrant ses plaies, et entouré par les quatre Évangélistes. L'archivolte représente les vieillards de l'Apocalypse. Sur les voussures, des anges portent les symboles de la Passion et des espaces courbes accueillent les élus. Sur les piédroits, un magnifique ensemble de prophètes et d'apôtres semble dialoguer. La décoration sculpturale de l'arc de gauche est dédiée à la Loi de Moïse et celle de droite, au Jugement dernier.

La rupture avec l'esthétique antérieure se reflète dans le traitement individualisé des personnages, proche du portrait, et dans l'expressivité des visages. Toutes les figures montrent un dynamisme qui leur fait perdre la frontalité et la rigidité, renforcé par le naturalisme des plis des vêtements. Les sculptures sont taillées dans le granit ou le marbre et conservent des restes de leur polychromie d'origine.

Le Doute de Saint Thomas : un bas-relief roman

Cette œuvre originale présente une approche composite. Le Christ est au centre de la composition, bien que légèrement décalé vers la gauche. Il reste le point focal, car la plupart des apôtres lui font face. Son bras droit, levé pour montrer ses plaies à l'incrédule, rompt l'homogénéité de la composition et guide le regard de l'observateur.

L'approche générale suit strictement les conventions de la sculpture romane :

  • Premièrement, tous les personnages (à l'exception de Jésus) sont situés à la même hauteur grâce à la juxtaposition de trois frises superposées.
  • Deuxièmement, la scène s'inscrit dans un espace géométrique défini par une voûte reposant sur deux fines colonnes à chapiteaux d'inspiration corinthienne.
  • Troisièmement, les personnages s'adaptent au cadre architectural, et la figure du Christ est plus grande que les autres, conformément à la hiérarchie des tailles traditionnelle.

Le mouvement initié par le bras levé de Jésus est complété par le geste de Saint Thomas, qui touche la plaie avec son doigt, et par l'agitation spirituelle des apôtres, visible dans les positions non naturelles de leurs jambes et les gestes amples de leurs mains. Ces signes de mouvement rompent avec le hiératisme caractéristique de l'art roman. Sur le plan technique, ce bas-relief surprend par la délicatesse de sa sculpture et la perfection de son exécution, qui rappelle les beaux travaux d'ivoirerie de l'époque, d'inspiration byzantine et mozarabe. Les figures, aux proportions fines et élégantes, présentent des volumes arrondis. Les vêtements épousent les formes du corps grâce à un modelé léger et des incisions superficielles, créant des plis qui génèrent de subtils contrastes d'ombre et de lumière.

Le Tympan de l'Abbaye Saint-Pierre de Moissac

Le tympan est présidé par un gigantesque Christ en majesté, entouré par le Tétramorphe (l'aigle pour Jean, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l'ange pour Matthieu) et flanqué de deux anges qui portent des rouleaux. L'ensemble est complété par les 24 vieillards de l'Apocalypse, situés sur des registres parallèles, qui remplissent l'espace pour s'adapter à la forme semi-circulaire du tympan. Les rangées de vieillards, portant des instruments de musique ou des coupes, sont séparées par les vagues de la mer de verre mentionnée dans l'Apocalypse. Le linteau est sculpté de rosaces qui symbolisent les roues de feu de l'Enfer.

Les figures s'adaptent aux contraintes du cadre architectural : leurs membres sont étirés ou déformés si nécessaire. Elles sont distribuées dans l'espace selon des critères de symétrie (expression symbolique de l'ordre divin) et de hiérarchie (emplacement prédéterminé par l'importance du personnage). L'unité de la composition est assurée par les regards de tous les personnages qui convergent vers le Christ. L'exécution sculpturale surprend par la rigueur des détails. Le Christ, de proportions plus importantes que les autres figures, est volontairement traité de manière plus plate et frontale pour accentuer son caractère hiératique et solennel, contrastant avec la richesse des gestes des vieillards, de taille nettement inférieure.

Caractéristiques de la sculpture romane

Objectifs et emplacement

  • Objectif didactique : La sculpture est une "Bible de pierre" à but pédagogique et instructif, affirmant la présence du Tout-Puissant sur les façades.
  • Revêtement architectural : Les sculptures ornent les portails et les chapiteaux à l'intérieur des églises.

Composition et thèmes

  • Tympan : Il représente souvent le Christ Pantocrator ou le Jugement dernier. Le Christ est assis sur un trône, tenant l'Évangile dans la main gauche et bénissant de la droite. Il est entouré du Tétramorphe. Une foule de séraphins et les 24 vieillards de l'Apocalypse peuvent compléter la scène.
  • Linteau : Les 12 apôtres y sont fréquemment représentés.
  • Archivoltes : Elles sont ornées de motifs géométriques, végétaux ou de figures humaines.
  • Chapiteaux : Ils offrent une grande liberté d'imagination à l'artiste.

Caractéristiques des figures

  • Allongement démesuré des corps.
  • Anatomie non réaliste et perspectives étranges.
  • Ces déformations visent à accentuer l'expressivité et le caractère spirituel des thèmes, notamment apocalyptiques.

Caractéristiques de la peinture romane

Techniques et supports

La peinture romane, notamment en Catalogne, utilise simultanément la technique de la fresque (peinture murale) et de la détrempe sur bois (panneaux).

Les devants d'autel

Les devants d'autel sont souvent compartimentés en registres. Le panneau central est réservé au Maiestas Domini (Christ en majesté), tandis que les panneaux latéraux illustrent des miracles ou des vies de saints. Les églises de Sant Climent et Santa Maria de Taüll en sont des exemples célèbres.

Style et caractéristiques

Pour le peintre roman, son œuvre est indissociable de l'architecture. Le style est dominé par :

  • L'anti-naturalisme : Absence de perspective, juxtaposition d'aplats de couleurs vives et contrastées.
  • L'importance du dessin : La figure est délimitée par un trait noir épais.
  • L'expressionnisme : Grande intensité expressive malgré le statisme des figures.
  • Les fonds unis : Les fonds sont monochromes, souvent organisés en bandes de couleurs.
  • L'influence byzantine : Utilisation de lignes parallèles pour le modelé et de taches rouges sur les joues.

Iconographie et disposition

  • Voûte de l'abside (cul-de-four) : Le thème principal est apocalyptique, avec le Christ Pantocrator dans une mandorle, entouré du Tétramorphe. Parfois, on y trouve la Vierge à l'Enfant adorée par les Rois Mages.
  • Paroi cylindrique de l'abside : Dédiée aux saints et aux apôtres, disposés symétriquement.
  • Murs latéraux : Scènes narratives (histoires de saints, épisodes bibliques) divisées en registres.

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