Le Second Empire : De l'Autoritarisme à la Libéralisation

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Le Second Empire autoritaire (1852-1860)

Un contexte favorable au régime impérial

Pendant longtemps, une grande partie de l'opinion publique est favorable à la dictature impériale. Les soutiens du régime sont multiples :

  • Les conservateurs catholiques : La plus grande partie des Français de l'époque, au moins jusqu'en 1860, soutiennent le régime. En Italie, l’Empereur protège l'indépendance du Pape face aux patriotes italiens qui réalisent l'unification italienne. De plus, le régime est très favorable à l'influence du clergé et permet l'implantation de congrégations religieuses dans l'enseignement en France (application de la Loi Falloux).
  • Les ouvriers : Ils sont satisfaits, même si les conditions de travail restent difficiles. Le Second Empire est une période de développement économique, de grands travaux urbains (comme ceux menés par Haussmann à Paris) et de l'essor des chemins de fer. Il y a du travail, contrairement à la période de chômage qui avait précédé la Révolution de 1848.
  • Le patronat : Il est le grand bénéficiaire de l'essor économique et parvient jusqu'en 1860 à limiter la concurrence des produits anglais.
  • Les ruraux et paysans : La majorité des Français sont alors des ruraux, et même des paysans. Le développement urbain favorise la consommation des produits agricoles, donc la production. Le développement des chemins de fer permet le transport des produits sur tout le territoire et une spécialisation régionale commence.

La presse muselée et contrôlée

Un décret de février 1852 permet de surveiller étroitement la presse. Le contrôle s'exerce par plusieurs mécanismes :

  • Autorisation préalable : Tout créateur d'un journal doit obtenir l'autorisation préalable accordée (ou refusée) par le gouvernement.
  • Cautionnement : Le créateur doit déposer un cautionnement qu'il peut perdre en cas de conflit avec l'administration.
  • Droit de timbre : Chaque exemplaire d'un journal doit acquitter un droit de timbre de 5 centimes, ce qui augmente le coût de l'exemplaire et en réduit le nombre d'acheteurs.
  • Justice : En cas de poursuite judiciaire pour délits de presse, le journal est traduit devant le tribunal correctionnel où siègent des juges dont la carrière dépend d'une décision gouvernementale. Ce système est moins favorable que les cours d'assises avec un jury populaire.
  • Sanctions administratives : Diverses sanctions sont prévues pour limiter la liberté d'expression des rédacteurs. Le journal pouvait être averti par le ministère de l'Intérieur. Deux avertissements en deux ans aboutissent à la suspension du journal pour deux mois. Un troisième avertissement provoque la suppression définitive du journal.

De ce fait, la presse d'opposition, bâillonnée et étranglée financièrement, disparaît.

La surveillance de la population et de l'enseignement

Les 250 000 fonctionnaires, dont la nomination et la promotion dépendent du gouvernement, doivent surveiller la population et se faire les propagandistes des idées bonapartistes. Ces fonctionnaires sont eux-mêmes surveillés par les procureurs qui adressent des rapports au gouvernement.

L'enseignement supérieur est épuré de ses éléments jugés républicains, voire royalistes. L'enseignement de la philosophie et de l'histoire, matières jugées "dangereuses", est supprimé. La Loi Falloux, qui place l'enseignement sous le contrôle de l'Église catholique, est appliquée sans défaillance.

L'Empire Libéral (1860-1870)

Dès 1858, l'opposition politique prend de l'importance. Malgré les pressions sur les électeurs, sept députés républicains sont élus (cinq accepteront de prêter le serment de fidélité et pourront ainsi siéger au Corps législatif).

Perte d'appuis politiques majeurs

La politique extérieure et économique de Napoléon III lui fait perdre des appuis politiques traditionnels.

Le mécontentement des catholiques

Les catholiques sont mécontents de la politique italienne de Napoléon III. Celui-ci favorise l'agrandissement du royaume de Piémont-Sardaigne et fragilise les possessions du Pape, qui est alors le souverain d'une grande partie de l'Italie centrale.

L'opposition des industriels français

Les industriels français sont mécontents de la signature d'un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni. La diminution des droits de douane qui en résulte encourage les importations de produits britanniques. Les industriels français se voient ruinés ou doivent faire des investissements pour réduire l'avance technologique du Royaume-Uni.

Tentatives pour gagner de nouveaux soutiens

Pour compenser ces défections, Napoléon III doit trouver de nouveaux soutiens. Depuis longtemps, l'Empereur s'intéresse au monde des artisans et des ouvriers de l'industrie :

  • En 1862, il autorise l'envoi d'une délégation d'ouvriers français à l'Exposition universelle de Londres.
  • En 1864, Napoléon III fait voter une loi qui autorise la grève sous certaines conditions (interdiction des violences contre les non-grévistes et pas d'atteintes à la liberté du travail).

Cependant, les ouvriers "boudent" l'Empire.

L'assouplissement du régime politique

Pour se concilier les républicains les plus modérés, Napoléon III assouplit le régime politique :

  • Novembre 1860 : Rétablissement du droit d'adresse, autorisant les députés à répondre solennellement au discours du trône.
  • Transparence des débats : Le compte rendu intégral des discussions du Corps législatif est publié au Journal officiel. Les journaux ont le droit de reproduire ce compte rendu, facilitant la diffusion des idées républicaines.
  • Représentation gouvernementale : Désormais, dans les discussions au Corps législatif, le gouvernement est représenté par des ministres sans portefeuille qui défendent les positions gouvernementales.

Aux élections de 1863, l'opposition républicaine et royaliste, qui s'est unie, progresse. Elle rallie près de 2 millions de voix (les partisans de l'Empire en ont encore 5 millions) et fait élire 32 députés (dont 17 républicains). Au sein de l'opposition républicaine se crée un Tiers-Parti dirigé par Émile Ollivier. Il accepte de collaborer avec le gouvernement impérial. Ce Tiers-Parti, rejoint par des bonapartistes convaincus qu'il faut faire évoluer encore plus le régime, regroupera 63 députés (sur 260 environ) en 1865.

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