La Seconde République Espagnole : Constitution et Réformes Majeures (1931-1936)
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La Seconde République Espagnole : Constitution et Réformes (1931-1936)
Le 14 avril 1931, la Seconde République fut proclamée à Madrid, Barcelone et dans d'autres villes espagnoles. La victoire électorale des républicains lors des élections municipales organisées par Berenguer (surtout dans les villes) entraîna la chute de la monarchie, conduisant à l'exil du roi Alphonse XIII, sans qu'il ne renonce toutefois à ses droits. Après ce triomphe, un gouvernement provisoire fut formé par les dirigeants des partis ayant signé le « Pacte de Saint-Sébastien » en 1930, et présidé par le républicain de droite Niceto Alcalá Zamora.
La Constitution de 1931 : Fondements d'un Nouvel État
En juin 1931, les Cortes Constituantes furent convoquées. Une coalition républicano-socialiste y remporta la majorité, avec pour première préoccupation la rédaction d'une nouvelle constitution. La passion du débat fut énorme, surtout concernant la question des relations Église-État, ce qui conduisit à l'acceptation de la séparation entre le pouvoir civil et ecclésiastique, et à la première crise gouvernementale. Pour protester, certains députés de droite et de gauche, dont Niceto Alcalá Zamora et Maura, démissionnèrent. Manuel Azaña, fervent défenseur de l'article approuvé, devint alors chef du cabinet.
La Constitution fut adoptée le 9 décembre 1931. L'Espagne devint un État démocratique laïc avec une seule chambre et un gouvernement responsable devant elle, instaurant le suffrage universel, y compris pour les femmes. L'Espagne fut constituée comme une république unitaire. La nouvelle Constitution définit un État central fort, capable d'appliquer les réformes démocratiques nécessaires, tout en offrant un canal pour résoudre les problèmes régionaux à travers la promulgation de statuts d'autonomie. Le lendemain de l'approbation de la Constitution, Alcalá Zamora fut élu président par le Congrès, et Manuel Azaña fut confirmé comme chef du gouvernement.
Les Grandes Réformes du Gouvernement Républicano-Socialiste
Le gouvernement conçut et réalisa plusieurs réformes majeures qui touchèrent divers domaines de la société.
Réforme de l'Éducation : Modernisation et Laïcité
Azaña remplaça les méthodes et les professeurs de religion par des partisans d'un enseignement progressiste. D'autres mesures, comme la dissolution de la Compagnie de Jésus ou l'interdiction d'enseigner pour les ordres religieux, furent jugées trop agressives et posèrent un risque sérieux de confrontation entre la vision catholique (majoritaire en Espagne) et le régime républicain. Néanmoins, début 1933, environ 10 000 nouvelles écoles primaires furent ouvertes en Espagne, signe de la préoccupation du nouveau gouvernement pour l'éducation.
Réforme Militaire : Modernisation et Contrôle Civil
Dans le domaine militaire, le gouvernement républicano-socialiste s'attaqua à la difficile tâche de moderniser l'armée, dont l'abondance des officiers, la mauvaise formation et le matériel obsolète lui avaient fait perdre sa capacité technique. Une des premières décisions d'Azaña fut de réduire le nombre d'officiers en leur offrant une retraite anticipée. Une autre mesure importante tendait à diminuer la juridiction militaire au profit de la société civile, ainsi qu'à supprimer l'Académie Militaire Générale de Saragosse, dirigée par Franco. Le gouvernement créa également les Gardes d'Assaut, une force de police urbaine spécialement formée et fidèle au régime.
Réforme Agraire : Une Question Séculaire
Ce fut peut-être la réforme la plus importante tentée par le premier gouvernement républicain. La question de la réforme agraire était en suspens depuis plusieurs siècles. Les vastes domaines d'Estrémadure et d'Andalousie devaient être réformés. La base de cette réforme fut la répartition des terres entre les métayers et les ouvriers agricoles, ce qui provoqua une opposition radicale des propriétaires fonciers. L'échec de l'insurrection royaliste du général Sanjurjo (août 1932) renforça Azaña, qui saisit ce moment pour faire passer la loi fondamentale de la Réforme Agraire. Cependant, les problèmes liés à l'expropriation, le manque de budget ou les tensions générées par certaines occupations de terres firent que la réforme n'eut pas les résultats escomptés.
Réformes Sociales : Avancées pour les Travailleurs
Dans le domaine social, les mesures les plus importantes furent la création de la journée de huit heures et l'extension des contrats de location des terrains agricoles.
Réformes Territoriales : Autonomie Régionale
Le 9 septembre 1932, Manuel Azaña fit adopter le Statut d'autonomie de la Catalogne. Sa défense, l'un de ses plus grands discours, permit aux députés de voter le statut. En revanche, le Statut du Pays basque ne fut pas adopté en raison des divisions au sein de sa population.
Défis et Conséquences des Réformes (1931-1933)
Toutes ces réformes ne furent pas exemptes de graves problèmes sociaux, politiques et économiques. Parmi ceux-ci, on compte :
- Les conditions économiques défavorables.
- Le soulèvement anarchiste andalou (notamment le cas de Casas Viejas).
- La réaction de la droite, unifiée au sein de la Confédération Espagnole des Droites Autonomes (CEDA).
- La création du parti de la Phalange, dont le leader était José Antonio Primo de Rivera.
Tout cela culmina avec les élections de 1933, où la victoire revint à la coalition de centre-droit (le Parti Radical de Lerroux et la CEDA d'Alejandro José María Gil Robles). Bien que n'apportant pas de changements majeurs, ce gouvernement ralentit la plupart des réformes entreprises par le gouvernement républicano-socialiste.