Le Sexennat Démocratique : Crise, Révolution et Constitution de 1869
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Le Sexennat Démocratique
La révolution de septembre 1868, appelée la Glorieuse, a mis fin au règne d'Isabelle II. S'ensuivirent six années de grande instabilité politique avec une succession de régimes variés.
1.1. La crise économique
Dès 1866, les signes d'une crise économique majeure se manifestent. Cette crise, déclenchée par la chute des actions en bourse, trouve ses origines dans la crise du secteur ferroviaire. La construction du réseau ferroviaire avait nécessité d'importants investissements en bourse, mais les rendements des lignes exploitées se sont avérés plus faibles que prévu. Cette situation a conduit de nombreuses institutions financières à annuler leurs prêts, semant l'inquiétude parmi les particuliers et les entreprises. La crise financière a coïncidé avec une crise industrielle, principalement en Catalogne. L'industrie textile, qui dépendait fortement du coton importé des États-Unis, a été durement touchée par la guerre de Sécession. À partir de 1866, une crise de subsistance, causée par une série de mauvaises récoltes, a entraîné une pénurie de blé et une hausse des prix. Dans les campagnes, la faim a engendré un climat de violence sociale, tandis que dans les villes, le chômage a fortement augmenté.
1.2. Le déclin politique
Au milieu des années 1860, une grande partie de la population exprimait son mécontentement envers le régime d'Isabelle II. Les grandes entreprises réclamaient des mesures gouvernementales pour sauver leurs investissements en bourse, les industriels et les ouvriers exigeaient des protections, et les agriculteurs se plaignaient de leur misère. En 1866, après la révolte des sergents de San Gil, O'Donnell a été démis de ses fonctions par la reine, mais le Parti modéré a continué à gouverner par décret. Face à l'impossibilité d'accéder au pouvoir par des moyens constitutionnels, le Parti progressiste, dirigé par Prim, a signé le Pacte d'Ostende en 1866 avec le Parti démocrate. Ce pacte visait à renverser la monarchie d'Isabelle II et à laisser la décision sur la nouvelle forme de gouvernement (monarchie ou république) à une Assemblée constituante élue au suffrage universel. L'Union, menée par Serrano après la mort d'O'Donnell, a rejoint ce pacte en novembre 1867.
1.3. Révolution de 1868 et Gouvernement provisoire
En septembre 1868, l'escadre, concentrée à Cadix sous le commandement du brigadier Topete, s'est soulevée contre le gouvernement d'Isabelle II. Prim et Serrano ont rejoint les rebelles et ont rapidement obtenu le soutien de la population, notamment grâce à la publication d'un manifeste.
Le gouvernement a envoyé une armée pour réprimer l'insurrection. Les deux forces se sont affrontées au pont d'Alcolea, près de Cordoue, où les forces alliées de la révolution ont remporté la victoire. Le gouvernement n'a eu d'autre choix que de démissionner, et la reine a été contrainte à l'exil. Dans de nombreuses villes espagnoles, des comités révolutionnaires ont organisé l'insurrection. Les slogans étaient similaires partout : liberté, souveraineté, séparation de l'Église et de l'État, suffrage universel, voire, pour certains, partage des terres ou proclamation de la république. Cependant, le radicalisme de certaines propositions des comités révolutionnaires n'était pas partagé par les dirigeants de l'Union et du Parti progressiste. Dès les premiers jours, un gouvernement provisoire à caractère centriste a été nommé. Le général Serrano a été proclamé régent, et le général Prim, président d'un gouvernement composé de progressistes et d'unionistes. Le nouveau gouvernement a ordonné la dissolution et le désarmement des milices ainsi que de la Junte Nacional.
Régence et Constitution de 1869
Le nouveau gouvernement provisoire a convoqué des élections aux Cortes constituantes. Ces élections, les premières en Espagne à reconnaître le suffrage universel masculin (pour les hommes de plus de 25 ans), ont donné la victoire à la coalition gouvernementale. Cependant, deux minorités importantes ont fait leur apparition à la Chambre : les carlistes et les républicains. Les Cortes ont créé un comité chargé de rédiger une nouvelle constitution, qui a été adoptée le 1er juin 1869. La Constitution de 1869 a établi un système complet de droits et libertés : droit de réunion et d'association, liberté d'enseignement et d'emploi, liberté de culte (tout en maintenant le culte catholique comme culte d'État). Elle a également proclamé la souveraineté nationale, d'où émanait la légitimité de la monarchie, ainsi que la séparation des trois pouvoirs. L'État était déclaré monarchique, mais le pouvoir de faire les lois résidait exclusivement dans les Cortes : le roi ne faisait que les promulguer. Les Cortes étaient composées d'un Congrès et d'un Sénat. Cuba et Porto Rico se sont vu accorder les mêmes droits que les Espagnols. La Constitution ayant été proclamée et le trône étant vacant, le Parlement a établi une régence confiée au général Serrano, tandis que Prim était nommé chef du gouvernement. Sa tâche n'était pas aisée : les républicains manifestaient leur mécontentement face à la nouvelle situation, l'activité insurrectionnelle carliste reprenait, la situation économique était grave et il fallait trouver un monarque pour la Couronne espagnole.