La Socialisation: Processus et Résultats
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La socialisation est un terme vaste
La socialisation, c'est l'ensemble des processus par lesquels l'individu se construit, par une société globale ou locale dans laquelle il vit et au cours desquels il acquiert des façons de faire, de penser et d'être qui sont situées socialement. Muriel Darmon, La Socialisation, Paris, A. Colin, 2006. C'est donc la relation entre l'individu et le groupe. On y trouve deux types d'approches:
L'analyse du processus de socialisation et le rôle joué en eux-mêmes par les différentes instances de socialisation (la famille, le groupe de pairs, l'école, le travail...)
L’analyse des produits et résultats de la socialisation. Une approche en termes d’identité.
Première partie: pluralité et continuité des formes de socialisation
Remise en cause de la définition durkheimienne de la socialisation
“L’éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération.” par les générations précédentes. “L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société publique dans son ensemble, et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné” Education et sociologie, PUF, 1922.
Il y a trois points à retenir sur l'analyse de Durkheim:
- La socialisation est abordée uniquement comme phénomène intergénérationnel, enfant contre adulte, c’est le seul angle évoqué, un angle symétrique.
- L’individu socialisé est donc montré comme largement passif. L’enfant est modelé, façonné.
- Il y a peu de place accordée à la diversité des contenus de la socialisation.
Il y a une mise en évidence d’un phénomène de socialisation qui se fait assez tôt chez les jeunes enfants, ils tiennent d’une action décisive et d’une intégration dans leur groupe de pairs, ce qui montre alors un phénomène également intergénérationnel. On fait une distinction entre l’assimilation et l'accommodation. Avant même les premiers signes de langage et de motricité, c’est-à-dire que dès la naissance ont aperçoit des activités cognitives. L’évolution du processus d'adaptation se fait par l’environnement extérieur. L’assimilation, c’est la capacité des enfants à généraliser un comportement, des gestes, un mécanisme en l’étendant à l’environnement extérieur, il y a une évolution. L'accommodation, c’est de varier les gestes instinctifs et de développer la capacité à interagir avec l’environnement, de savoir et de commencer à s’adapter et moduler ou nuancer son comportement vis-à -vis de l’extérieur. Par exemple, un bébé va réussir à différencier sa mère d’une inconnue et donc agir différemment avec deux personnes.
Le groupe de pairs joue un rôle central dans le processus social, un exemple avec le jeu de billes. (cf: Le jugement moral chez l’enfant.)
Chez l’enfant, on décrit plusieurs stades d’autonomie par rapport à la règle:
- Le stade moteur et individuel (
- Le stade égocentrique (2 - 5 ans)
- Le stade de la coopération naissante (5 - 8 ans)
- Le stade de la codification des règles (> 8)
La continuité des processus de socialisation
La socialisation n’est pas la seule éducation, c’est un processus continu, qui n'aboutit jamais. Le deuxième élément de discussion autour de la définition durkheimienne de l’éducation: Peter Berger et Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité, 1966. La socialisation ne s’arrête pas avec la fin de l’enfance. C’est la que vient la socialisation secondaire, “il consiste en tout processus postérieur qui permet d’incorporer un individu déjà socialisé dans de nouveaux secteurs du monde objectif de sa société” On différencie alors deux socialisations:
- la socialisation primaire, qui ressort avec la famille et l’école, elle est forte et affective,
- et la socialisation secondaire, qui va se forger avec toutes autres choses, elle est vue comme puissante et émotionnelle. Il y a une moindre prégnance (Capacité plus ou moins grande qu'ont les formes à s'imposer dans la perception d'un système de stimulations) de la socialisation secondaire, ses produits en sont plus vulnérables. Mais il faut noter que certaines socialisations secondaires peuvent ressembler à la socialisation primaire.
Deux autres distinctions
Merton et la socialisation anticipatrice: la théorie du groupe de référence. Il y a une différence entre le groupe d’appartenance et le groupe de référence. M. Weber, pour lui il y a les socialisations communautaire et les socialisations sociétaires. Une communauté n’est pas une société. “ Une société ne s'organise pas d'elle-même : elle est un ensemble de relations animées nécessairement par l'activité des individus. Toute relation sociale est historique, ce qui veut dire qu'elle est en perpétuel devenir sous l'effet des actions changeantes et variables des hommes. C'est pourquoi il préfère parler de communalisation et de socialisation plutôt que de communauté et de société.”
la socialisation communautaire
elle correspond à un conditionnement passif, c’est donc un processus d’inculcation des coutumes, des valeurs partagées par la communauté. Il est très puissant car il produit des individus très semblables et on peut même dire que c’est ce processus de socialisation qui va donner à la communauté don aspect fusionnel et on a avec celle-ci un type de lien social qui repose sur le sentiment d’appartenance à un collectif qui mobilise les ressources affectives, émotionnelles fortes chez l’individu. Donc cet aspect fusionnel de cette forme de socialisation tend à inhiber le conflit : on retrouve cette socialisation dans les sociétés pré modernes.
la socialisation sociétaire
elle est moins exigeante, c’est une forme plus souple qui repose sur l’entente, l’engagement mutuel pour poursuivre des intérêts économiques, certaines valeurs par exemple. La société repose donc sur l’association et l’adhésion volontaire à un groupe en vue de poursuivre un but commun. L’existence d’une société exige que les individus partagent des règles communes et des intérêts communs. Pour Weber, la modernité peut s’interpréter comme un vaste processus de rationalisation (il parle de « désenchantement du monde »), c'est-à-dire un processus qui tend de plus en plus à substituer des activités rationnelles aux activités dictées par l’émotion ou la tradition. La rationalisation conduit à privilégier la société par rapport à la communauté donc certaines relations sociales qui avaient un sens plutôt communautaire vont devenir plus sociétaires. Ce passage se fait grâce à la rationalisation. Dans les sociétés, cette socialisation est un processus plus léger : ce n’est pas et ce ne peut plus être un processus de conditionnement de l’individu. La socialisation désigne pour Weber un processus plus ouvert qui laisse une part plus active à la liberté des individus.
Deuxième partie: socialisation et construction de l’habitus
Les apports de la sociologie bourdieusienne
Introduction: La sociologie bourdieusienne est très importante en sociologie. Il y a un enjeu théorique: le dépassement des oppositions entre déterminisme et individualisme: comment rendre compte simultanément de la régularité statistique des comportements et de la subjectivité des acteurs ? Un des éléments de réponse repose sur une théorie de la socialisation qui mêle les notions de classe sociale et d’habitus.
Incorporation du monde social, socialisation de classe et habitus
.
1. Le poids de l’origine sociale (socialisation de classe)
La socialisation, notamment primaire, qui est la première étape du processus par lequel les enfants
vont être amenés à côtoyer leur environnement social est vécue comme une socialisation de classe.
Les membres d’une même classe sociale partagent les mêmes conditions d’existence qui déterminent
toute une série d’éléments sans doute décisifs pour l’éducation.
Ca détermine:
- des rapports au corps différents (les pratiques alimentaires et sportives, les perceptions
différentes du corps) . Cette socialisation de classe produit donc des différences corporelles,
ces conditions d’existence commune vont développer des pratiques culturelles.
- des pratiques culturelles différentes (ex: Sandrine Vincent, “Le jouet au cœur des stratégies
familiales d’éducation”, Sociétés contemporaines, 2000) la logique de la stratification sociale,
d’opposition entre les classes. Elle fait une distinction entre les jouets éducatifs, qui ont
vocation à s’inscrire dans le prolongement de l'apprentissage scolaire et le développement de
l’enfant, et les jouets récréatifs, fait pour le divertissement et l’amusement. La proportion
relative des deux jouets est très différente selon l’origine sociale. Un usage plus important des
jouets éducatifs dans les catégories supérieures (basé sur le diplôme), soit trois fois plus que
dans les catégories populaires. Quand on interroge les parents sur leur motivation, les jouets
éducatifs ne représentent pas la même chose, il y a une différence de conception. Plus on
monte dans la hiérarchie sociale, plus la définition du jouet éducatif se précise, est détaillée.
L'hétérogénéité des représentations sociales, les catégories populaires: “intérêt éducatif du
jeu”,
- Le jouet comme objet de sanction scolaire ou moyen de pression éducative dans les milieux
populaires
- Il y a des représentations sociales différentes de l’école
D.Thin, Quartiers populaires: l’école et les familles, 1998, il écrit que le laxisme des familles
populaires n’existe pas.
A.Lareau, Unequal childhood, 2003, s’intéresse à la façon dont les enfants, dans des familles
socialement différentes, occupent leur temps libre.
2) L’habitus (hexis/ethos): des dispositions intériorisées et transposables.
Définition: “les conditionnements associés à une classe particulière de conditions
d’existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, (...)
principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être
objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise
expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement réglées et régulières sans
être en rien le produit de l’obéissance à des règles (...)”, Le sens pratique, 1980
L’hexis c’est ce que la socialisation primaire à laissé dans nos corps, c’est plus qu’une
compétence, pas ce que l’on est capable de faire mais ce que l’on veut faire.
Ensuite on a l'éthos, ce qui va permettre d’intérioriser des principes.
Les classes populaires ont une existence marquée par la nécessité, ils partagent ce qu’ils ont
en commun, des conditions matériellement difficiles, avec un besoin de temps, d’argent etc qu’il ne
faut pas gaspiller. Il y a également une valorisation de l’effort marquée.
II/ L’exemple de la socialisation des jeunes filles dans la haute bourgeoisie (B. Le WIta, ni vue ni
connue, 1988)
Une question de départ: comment devient-on bourgeois ?
1/ Caractéristiques de l’habitus bourgeois: contrôle de soi et sens de la modération
Des signes intérieurs et extérieurs d’appartenance, notamment le style vestimentaire avec
des codes qui doivent souligner une maîtrise des pulsions, celle du désir de la soumission à la mode.
Ne pas être soumis à la mode inclut qu’on a un style très peu variable. On maîtrise ces impulsions,
mais jamais trop. Contrôle du corps, contrôle des affects, et une recherche permanente à ces valeurs
de modération. COmme on acquiert ces dispositions et comment elles sont façonnées par les acteurs
de la socialisation.
2/ Le rôle de la socialisation familiale: ritualisation du quotidien, maîtrise du corps et transmission de
l’histoire familiale
Des pratiques qui ont de l’efficacité en terme d’incorporation du monde social, elle ne sont
pas explicitement dédiées à transmettre des valeurs, mais se répètent de façon quotidienne et
identique, elles sont ritualiser et permettent aux enfants de la haute bourgeoisie d’intégrer
progressivement comment on apprend à se situer socialement, à s’y reconnaître de façon facile par
les exigences portés par le groupe qui sont petit à petit portées comme la seconde nature.
Les observations par B. Levitar, des pratiques efficace en terme d'incorporation du monde social, des
pratiques qui ne sont pas spécifiquement consacrées à transmettre des valeurs mais qui se répètent de
façon identique, ritualisée, elles inscrivent dans les individus quelque chose qui a avoir une mention
presque sacrée, comment on apprend progressivement à se situer socialement et à s’y reconnaître de
façon facile, les exigences portées par le groupe sont petit à petit intégrées comme une seconde nature.
Ces ritualisations des repas familiaux, des dîners quotidiens ou l’on évoque des parties de l’histoire
familiale, on apprend à l’enfant à connaître l’histoire familiale, maîtriser les règles. Dans des
occasions anodines, les repas cérémoniaux dans lesquels vont être invités des personnes et pendant
lesquels on apprend à intérioriser des attitudes conformes.
Ces instances de socialisation qui prennent le relais vont permettre de maitriser les mêmes
types de disposition, une socialisation ou tout ce qui est transmis, incorporé par les enfants va appuyer
par les mêmes plis.
3. Renforcement dans le cadre des groupes de pairs et des institutions scolaires privées.
Contrôle strict des adultes. Les activités extra scolaires se déroulent dans des institutions
particulières. Cette socialisation familiale, cette valorisation du contrôle, s’est renforcée dans le cadre
à la fois de la socialisation amicale et dans le cadre de la socialisation scolaire et dans certaines
institutions privées.
La socialisation entre enfants, spécifique à ce milieu, on retrouve une socialisation qui se
déroule sous le contrôle assez stricte des adultes, ce contrôle exercé, notamment par les mères, va
permettre petit à petit aux enfants de valoriser le même type de disposition, celui de l’habitus
bourgeois, et va servir à se reconnaître comme élément d’une élite. Cet effet indirect va être très
efficace.
- il se déroule dans un cadre particulier, celui d’institution, des clubs, parfois mixte ou non,
comme la danse pour les filles, d’autres pour les garçons, des endroits ou l’on apprend à s’y
fréquenter, s’y reconnaître, entre gens du même milieu, on cultive l’aspect de l’entre-soi avec
une élément de filtrage de ceux qui ne font pas partis du même milieu. Le contrôle dans ces
activités va permettre d’exclure ceux qui ne sont pas conformes dans ce qui est dans l’ordre
de l’évidence, sans discrimination visible. Ce n’est jamais sur décision des adultes qu’un
camarade va être exclu des activités. Il y a ceux qui invitent et ceux qui n'invitent pas, pas la
même maîtrise de soi entre les classes, des manières et goûts différents qui divisent petit à
petit. Cette socialisation des jeunes sous contrôle indirect et bienveillant des adultes va
culminer dans ces institutions.
Ils intègrent les hiérarchies, autour des soirées qu’ils organisent au moment de l’adolescence,
être invité et inviter. Les adolescents terminent leur apprentissage de leur entrée dans leur
milieu. Ça va avoir une influence indirecte et déterminante sur la construction des couples,
dans un même milieu social. Il y des effets durables et indirects de ce sentiment de
reconnaissance, d'entre-soi, du partage du même milieu. Beaucoup de femmes interrogées par Levita disent qu’au moment où elles ont rencontré leurs conjoints, elles ont choisi par amour
ou attrait, et que les qualités s'aperçoivent par une fréquentation commune de lieux de
socialisation pendant la jeunesse. Il y a donc une reconnaissance du milieu qui est intériorisée
par l’habitus.
- les institutions scolaires, comme les Lycées Sainte Marie, qui ont un recrutement local,
privé, qui scolarisent et accueillent des jeunes filles, enseignement privés non mixtes.
Transmission d’éléments particuliers de la culture, habitus, bourgeoise. Revendication d’une
communauté de valeurs en accord avec les valeurs bourgeoises. On impose le port de
l’uniforme, c’est un outil d’égalité qui permet de gommer la distance sociale. Les relations
amicales marquées sont séparées, pour apprendre aux élèves à contrôler leur expression dans
l’espace collectif et modéré ces affects jugées trop familières. De la socialisation de
renforcement qui appuie le même type de disposition.
III/ Trajectoires et dispositions: les approches bourdieusiennes sont-elles déterministes ?
L’habitus produit des dispositions susceptibles d’être activées en fonction de la trajectoire
postérieure (B. Lahire)
B. Lahire produit une œuvre qui essaye de maintenir le cadre théorique de Bourdieu par
le processus d’intégration de l’habitus, mais en parlant de la socialisation secondaire avec une
trajectoire qui ne suit pas la socialisation primaire. Certaines tendances ne vont pas s’activer chez les
individus dans des comportements.
Ce qu’il y a de commun entre Bourdieu est Lahire est qu’il insiste sur l’importance de la
socialisation primaire sur les pratiques culturelles des individus. Ceux qui ont pratiqué au moins
quatre sur cinq des activités entre lecture, musée, théâtre, concert, pratiques culturelles amateures, et
cinéma, de manière régulière dans leur enfance ont trois fois plus de chance de continuer certaines de
ces pratiques. Le goût pour l’exercice culturel va favoriser ces pratiques. Il y a une très forte
corrélation avec le milieu social d’origine, surtout la CSP des parents, ceux qui ont un diplôme
supérieur ont plus de chance d’avoir une pratique culturelle avec les enfants plus forts.
Lahire décide de s’intéresser aussi à l’autre sens, qu’il y a une proportion non négligeable de
personnes non exposées à la culture durant l’enfance, n’ayant connu aucune des cinq activités, et qui
ont des pratiques culturelles malgré le manque de disposition. C’est là ou l’on distingue l’influence de
la socialisation secondaire qui fait varier la socialisation primaire.
Influences mobilisatrices:
- influence conjugale, va être visible quand on a un faire à des couples qui ont une certaine
distance dans l'origine sociale. Les pratiques culturelles vont refléter une forme de
compromis. Cette influence est plus présente quand elle est exercée par les femmes.
- influence amicale, les sorties culturelles, ce qui est tourné vers l’extérieur, est la conséquence
d’une influence collective du cercle d’amis.
Différents cercles, les amis de résidence, avec des
sorties éloignées de la culture d’origine et un cercle des amis de la fac, on va avoir des sorties
différentes, parfois articulées avec les études, culturelles, avec le cinéma, les musées. Il y a
une séparation entre les milieux de socialisation.
- influence professionnelle, même les liens faibles, qui montre ce qu’ils connaissent
culturellement. Les personnes que l’on connaît qui ne sont ni amis ni membres de la famille,
vont manifester des formes de goûts et de connaissance dans des sujets divers.
L’origine sociale n’est pas seule, il y a l’appartenance à des réseaux variés qui vont avoir une
influence sur la pratique culturelle. Les sphères de la socialisation vont avoir une influence qui
peut infléchir des dispositions communes.
Faire abstraction des goûts personnels en ayant des pratiques “pour faire plaisir” (pour les
enfants, les amis...) Il y a une pluralité dispositionnelle.
Troisième Partie: La socialisation dans le cadre des groupes élémentaires
Nous allons voir les phénomènes de socialisation, les relations entre l’individu et le groupe à
une échelle des petites groupes qui nous amènera aux frontières de la psychosociologie.
Pour définir cette échelle, quand on parle de groupes élémentaires ou petits groupes, on
parle de groupes de tailles réduite, peu nombreux, avec une dizaine d’individus. Mais ce critère
n’est pas suffisant, car on ne pourrait pas définir un nombre limité de petits groupes. Un deuxième
critère essentiel de ces petits groupes est l'établissement de rapports entre les membres.
Les individus qui composent le groupe vont avoir des rapports d’une certaine intensité, de proximité, et
fréquents avec une stabilité dans le temps.
On va pouvoir observer des phénomènes de socialisation particuliers, qui tournent autour de
l’émergence de normes communes, avec lesquelles ont peut observer l’influence du groupe sur
l’individu, avec une psychologie sociale et une dynamique de groupes.
I. La découverte de la dynamique de socialisation dans les “petits” groupes: l’expérience de la
Western Electric (MAYO)
Comment ces phénomènes de socialisation à l’échelle du groupe élémentaire ont été
étudiés la première fois ?
C’était dans un cadre particulier qui passe par la sociologie du travail, puisque ces
expériences qui ont mis en évidence cette dynamique de la socialisation des petits groupes a été faite
aux Etats-Unis, au début du XXème siècle, dans la Western Electric. Une expérience aux USA au
milieu des années 1920, réalisée autour d’Elton Mayo. On se trouve dans une usine qui fabrique des
petits circuits électriques, avec 30 000 salariés. Les employeurs s’interrogent, leur entreprise marche
bien, les employés sont mieux payés que dans beaucoup d’autres, il y a des services, donc de
bonnes conditions de travail, mais malgré ces éléments positifs et un sentiment global de
satisfaction, il y a des indicateurs qui inquiètent la direction. Ils constatent qu’ils n‘arrivent pas à
garder le personnel,
donc une qualité de production et un intérêt dans le travail faible, ainsi que des phénomènes d’absentéisme.
Ils vont essayer de s’interroger sur les liens existants entre la productivité et l’environnement
matériel du travail. Avec notamment des questions sur la variation de l’éclairage, le changement des
temps de pause...
Cette expérience qui se met en place par Elton Mayo est d’observer et mesurer la
productivité par le matériel. Il va mettre en place l’étude de deux groupes, à l’intérieur d’un
atelier, un dans un endroit dédié au test, dans lequel on va varier plusieurs facteurs, le deuxième
groupe témoin va continuer à travailler sans changements. On observe sur un temps long, et les
résultats sont difficiles à interpréter, puisqu'ils partaient que les variations allaient impacter les résultats dans le sens de l’amélioration, mais paradoxalement, on obtient toujours le même résultat.
Au début, la productivité augmente, puis passé un certain palier elle stagne et diminue un peu,
restant à un niveau supérieur à celui de départ. Le problème, c’est que l’on observe les mêmes
variations dans le groupe témoin.
Mayo conclut que ce n’est pas l'environnement matériel qui impacte la productivité. Il va
essayer de comprendre ce qui induit un changement. Par le biais d'entretiens avec son partenaire
Whitehead, ils vont interroger les ouvriers sur la façon dont ils ont vécu l’expérience.
- Ils soulignent que dans ce cadre expérimental on a modifié inconsciemment la répartition
de l’usine en créant des groupes. on a donc isolé un petit nombre d’ouvrières, de manière
durable, ce qui était inhabituel.
- Ces ouvrières se sont choisies dans le processus de recrutement, l’un d’elle ancienne qui a
choisi qui elle voulait, donc dès le départ une dimension affective, avec un leader qui choisit
une partie de son équipe.
- Toutes les ouvrières n’ont pas forcément compris l’expérience, mais elles ont retenu que des
gens s'intéressent à elles, on les avait séparées, ce qui a été vu comme une sorte de
privilège.
Ce qui domine donc dans cette augmentation de la productivité, soit un total de 25%, est plus dû à un
mélange de ces trois faits que les changements de l’environnement matériel. D’abord que la vie de
groupe est très présente, donc les ouvrières qui se connaissent dans le temps et forment un
groupe élémentaire sont en interaction, contrairement à l’organisation taylorienne simpliste, on voit
que ce n’est pas que l’application de règles imposées qui régissent la productivité. Dans la vie de
groupe informelle, elles vont s’inventer des manières plus efficaces de travailler. Deuxièmement,
Mayo et ses collègues disent qu’à l’intérieur du groupe vont émerger des formes sociales plus
déterminantes pour orienter la façon de travailler que les normes de l’organisation Taylorienne.
Leur rythme est donc tenu et déterminé car elles se sentent observées, privilégiées, comme un groupe
d’élite. Tout le monde va se plier aux normes les plus élevées, car chacune d’elle va vouloir bien
faire son travail sous l’observation de quelqu’un.
On a mis en évidence dans cette première expérience des situations témoignant de
l’élaboration de normes au sein d’une dynamique de groupe.
Deuxièmement,
Mayo et ses collègues disent qu’à l’intérieur du groupe vont émerger des formes sociales plus
déterminantes pour orienter la façon de travailler que les normes de l’organisation Taylorienne.
Leur rythme est donc tenu et déterminé car elles se sentent observées, privilégiées, comme un groupe
d’élite. Tout le monde va se plier aux normes les plus élevées, car chacune d’elle va vouloir bien
faire son travail sous l’observation de quelqu’un.
On a mis en évidence dans cette première expérience des situations témoignant de
l’élaboration de normes au sein d’une dynamique de groupe.
II. Un outil d’analyse rudimentaire: la sociométrie (Moreno)
Des travaux qui datent des années 1950, autour du terme de sociométrie. Alors qu’est-ce
que la sociométrie ? C’est une technique d’analyse des relations au sein des petits groupes, qui est
fondée sur l’intensité déclarée des relations. C’est un outil qui articule une démarche en deux
temps:
- un test sociométrique, qui consiste à l’intérieur d’un groupe déterminé, de demander
à chaque membre ceux qu’ils préfèrent et ceux qu’ils rejettent.
- Il est donc graphiquement possible de représenter les résultats avec un
sociogramme. Son but est d’arriver à représenter par un schéma simple les liens
existants entre les individus et de mettre en évidence la structure particulière des
groupes, et la position particulière des individus à l’intérieur.
III. Les premières études sur la dynamique de groupe en psychologie sociale
A. L’effet de gel (Lewin)
Les travaux datent de la Seconde Guerre mondiale, Lewin est un psychosociologue
américain, le père de ce que l’on appelle aujourd’hui la dynamique du groupe. Il est appelé par le
gouvernement pour travailler sur la question des modifications de comportements, et comment
favoriser une transformation du comportement alimentaire par un message qui indique que les
productions de bétail ralentissent qu’il faut consommer d’autres animaux crevés.
Les consommateurs réagissent par des réticences, parce que ce que montrent ces enquêtes est
que la viande ne paraît pas substituable pour les gros américains dégueu, il y a donc un attachement
particulier à la viande rouge, considérée nécessaire aux travailleurs. D'où la sollicitation de Lewin
pour trouver une solution pour faire passer le message.
Lewin va venir avec deux méthodes:
- invitation des ménagères pour leur faire écouter des séries de conférences d’économistes,
de diététiciens, cuisiniers... le résultat est ambivalent, les ménagères à la sortie des
conférences sont majoritairement convaincues et décidées à faire des efforts, mais les effets à
plus long terme sont quasi nul. Il y a une déconnexion entre la compréhension et la mise en
application de changements.
- on ne change pas le message, mais on le délivre d’une autre manière, avec des réunions en
petits groupes, qui vont passer le temps des conférences ensemble, de façon moins
anonyme. On va également prendre les mêmes conférenciers et on les laisse répondre
aux questions des ménagères, au fond ils disent la même chose, mais la forme change. On a
donc un processus d’interaction entre le public et les connaisseurs. Enfin, une fois que l’on
interroge les ménagères après la présentation, on les invite à prendre la parole, pour témoigner
publiquement de leur décision. On voit donc que l’on a beaucoup plus de changement effectif
à moyen terme que dans le premier, des ménagères changent de comportement.
L’effet de gel, c’est ce qui fige la décision, avec une façon qui ne semble pas imposée, on
remarque que cela fonctionne mieux. Une fois que la décision est prise dans le groupe, qui la
solidifie, associée à une décision collective, elle se traduit par un engagement plus durable dans le temps.
B. Les expériences de Asch et Lewin
Développement de la mise en évidence expérimentale d’influences des normes collectives sur
les actions individuelles.
Asch va s'intéresser à la mise en évidence expérimentale de la pression de conformité,
qui est que l’on a une influence du groupe sur les décisions individuelles. C’est l’une des
premières qui repose sur le dispositif suivants, il s’appuie sur des étudiants qu’il invite à passer un test
de vision gratuit. Tous les participants sont réunis dans la pièce, 9 sont complices de Asch. Quand
l’individu est seul, on ne voit pas d’erreur, alors que lorsqu’il est entouré, l’individu va être l’observateur d’un groupe unanime, quand il voit défiler devant lui des individus qui donnent des
réponses diverses, on voit un taux d’erreur qui augmentent, 1⁄3 de sujets de l’expérience répondent
faux. On peut donc mettre en évidence l’effet de la pression de groupe. On voit un besoin se
manifester de se plier à l’opinion collective. L’opinion individuelle a plus de chance d’être stable
et durable si elle s’appuie sur une opinion de groupe.
Les sujets attribuent leurs mauvaises performances à leur propre mauvaise vue.
Une autre expérience menée par Lewin, dans les années 1950, qui est très importante, qui
porte sur les jeunes mères aux Etats-Unis dans une maternité, et la manière dont elles doivent
nourrir leurs enfants. Elles doivent suivre des conseils donnés par le corps médical, qui est de
donner assez tôt du jus d’orange aux enfants. Un médecin reçoit les jeunes mères avant qu’elles
partent pour leur expliquer qu’elles doivent donner du jus d’orange. Mais peu d’entre elles suivent ce
conseil. Avant l’expérience, les mères qui sortent de la maternité sont très motivées, par contre peu
d’effet dans la durée, notamment parce que ce que constate Lewin, c’est qu’elles se heurtent à la
pression de leur milieu social, soit les femmes qui contestent cette pratique.
Au lieu de parler individuellement à chaque mère, les médecins réunissent une situation de
groupe et utilisent plutôt le questionnement. Dans cette situation, on observe encore de meilleurs
résultats, qui monte presque à 50% des mères qui tiennent leur résolution.
Celui-ci témoigne que la conviction individuelle est moins résistante et durable que la
conviction de groupe. On crée donc un nouveau groupe, avec des nouvelles normes, ici des mères
modernes, même si le groupe est éphémère, cela facilite le changement. Il est facilité quand on
permet aux individus d’appuyer leurs convictions individuelles sur une norme de groupe.
IV. Hiérarchie, pouvoir et autorité au sein des groupes élémentaires
La plupart du temps, les phénomènes de pouvoir ne se manifestent pas de la même manière
quand dans des groupes à plus grandes échelles. Dans ces groupes restreints on peut observer des
phénomènes d’émergence de l'autorité en marge de la hiérarchie institutionnelle. Comment un
individu va émerger en tant que leader ? Comment le leadership influe-t-il sur la dynamique du
groupe et les phénomènes de socialisation ? Quels sont les types et le degré d’intervention possibles
pour le meneur dans chaque groupe et dans chaque situation ? Analyse des types d’autorité et des
structures de communication dans les groupes élémentaires (Lippit et White).
Cette expérience porte sur l’influence sur la dynamique du groupe, elle se déroule dans les
années 1950. Lippit et Whyte organisent une expérience dans laquelle ils constituent trois groupes
d’enfants qui doivent réaliser des maquettes. Les groupes sont équivalents dans leur composition,
la seule variable c’est l'organisation de l’activité, comment les adultes en charge exercent leur autorité.
Trois types d’autorité, dans l’un l’adulte v être autoritaire, dans le deuxième une forme démocratique
et le dernier sans autorité.
- Groupe autoritaire, adulte qui décide de tout, du but de l’activité, qui impose les étapes,
donne les instructions pour chacune d’elle. Il donne une tâche spécifique à chaque enfant et il
va porter des appréciations personnelles sur le travail de chaque enfant. L’adulte supervise
mais ne participe pas.
- Groupe démocratique, l’adulte demande l’avis des enfants concernant le but de
l’activité, il va chercher à obtenir un accord quasi unanime sur l'activité qui semble le plus
intéressant. La décision est donc prise par le groupe. L’adulte s’adresse à son groupe et va
essayer de lui faire définir les différentes étapes, la division des tâches se fait par discussion
mutuelle, avec quelques problèmes, mais de façon toujours collective. L’adulte ne doit
exprimer des jugements que sous forme objective. L’adulte supervise et participe.
- Groupe “Laissez-faire”, l’adulte est présent comme superviseur mais n’intervient pas
dans la mise en place du groupe, il laisse les enfants faire et ne participe qu’à la demande des
enfants, sans porter de jugement.
On voit que la manière d’organiser les choses et d’exercer le pouvoir a des conséquences sur
les résultats, la qualité et le rythme de travail. Quelle est l’efficacité de chacune d’elle ? Le groupe
autoritaire est le plus productif, en revanche le groupe démocratique offre un travail de
meilleure qualité. Si l’on enlève l’adulte pendant quelques minutes, on s'aperçoit que dans le
groupe autoritaire les enfants arrêtent de travailler et profitent de leur liberté. Dans le groupe
démocratique, ils vont continuer de travailler. Ce qui veut dire que dans ce groupe les consignes
ont été davantage intériorisées. Enfin, en interrogeant les enfants sur l’expérience, on voit que le
groupe démocratique est plus satisfait, avec une forme d’adhésion au groupe, quand les enfants
racontent leur expérience, ils vont utiliser “nous”. Les autres groupes racontent plus une expérience
individuelle que collective.
Ce qui veut dire que dans ce groupe les consignes
ont été davantage intériorisées. Enfin, en interrogeant les enfants sur l’expérience, on voit que le
groupe démocratique est plus satisfait, avec une forme d’adhésion au groupe, quand les enfants
racontent leur expérience, ils vont utiliser “nous”. Les autres groupes racontent plus une expérience
individuelle que collective.
Chapitre 4: La socialisation professionnelle
Remarque introductive, l’usage du terme de “profession”, mis en opposition avec le terme
“occupation”, est particulier dans le contexte étatsunien. Le terme de profession est réservé à des
groupes et métiers particuliers, en français cela pourrait se traduire par les professions libérales, qui
sont distinguées dans le monde anglo-saxon des autres.
On voit donc naître une forme de “type idéal” de la profession pour les fonctionnalistes,
illustrée notamment par Parsons, avec un monopole dans l’accomplissement des tâches
professionnelles, une compétence techniquement et scientifiquement fondée, acquise lors d’une
formation professionnelle longue dans des établissements spécialisés. Il y a également l’acceptation
par les membres du groupe d’un code éthique réglant l’activité, un contrôle technique et éthique des
activités exercé par les membres du groupe, seuls reconnus comme compétents. Un contrôle
également reconnu légalement et organisé en accord avec les autorités légales.
Il y a une communauté réelle des membres, avec une identité partagée, des intérêts communs, une
homogénéité des statuts.
Les fonctionnalistes et interactionnistes observent des faits communs, mais sous un angle
différent. Les deux approches sont intéressantes.
I. Les approches fonctionnalistes
Merton, The Student physician, 1957. Il s’intéresse à comment on transforme de futurs médecins
? Au cours d’un processus avec lequel on leur donne les compétences nécessaires, ainsi que les
valeurs pour l’appliquer correctement.
A. Deux notions centrales: distinction entre fonction manifeste et fonction latente: socialisation
anticipatrice
Merton va dire que pour comprendre le processus de socialisation professionnelle au cours
d’études longues, il faut regarder la façon dont l’institution organise les études.
- Fonction manifeste, explicite, c’est de garantir qu’au terme de ces années d’études, chacun
des médecins possède les compétences techniques, les savoir-faire et les connaissances
théoriques nécessaires à l’exercice de la profession médicale. Apprendre étape par étape
des savoir-faire et compétences.
- Fonction latente, implicite, ce qui n’est pas forcément visible au premier regard et plus
intéressant à percevoir du point de vue sociologique.
Il faut que ces médecins ressortent dotés
d’attitudes, valeurs, qui garantissent qu’ils soient compétents et également de bons médecins,
attentifs, droits. Permettre aux futurs médecins d’intégrer les normes et valeurs
indispensables pour l’intégration dans le groupe professionnel.
Pour comprendre comment cela se passe, surtout la fonction latente, Merton dit qu’il y a un processus
qui a joué, c’est le phénomène de socialisation anticipatrice, qui désigne le mécanisme par lequel
des individus en phase de mobilité vont se focaliser non pas en intégrant les valeurs de leur groupe
d'appartenance, mais vont chercher à adopter les normes et valeurs de leur groupe de référence.
Ils vont essayer d’anticiper leur intégration prochaine au groupe professionnel des médecins en
essayant en permanence de se calquer sur les normes et valeurs des personnes qu’ils ont sous les yeux.
Tout cela fonctionne et à la sortie de ce processus de socialisation professionnelle, on a des médecins
compétents et dévoués.
B. La formation à l'incertitudes (Merton + Renée Fox)
C’est la faculté de médecine qui va exécuter la fonction latente, pour que les étudiants
apprennent des choses qui ne s’enseignent pas théoriquement. Que doivent-ils savoir en dehors
des connaissances techniques ? Il faut qu’ils sachent maîtriser l’incertitude, pour devenir un
membre compétent, l’étudiant doit acquérir la connaissance professionnelle, dans un métier ou
l’incertitude médicale est présente. Fox explique que cette incertitude est de trois types et que les
futurs médecins doivent connaître:
- les incertitudes quant à la maîtrise incomplète des connaissances médicales.
- les incertitudes qui tiennent au fait que l’on ne sait pas tout, on est dans une
profession dans laquelle les connaissances sont limitées, incomplètes. Il y a de
nouveaux virus, des évolution de traitement...
- les incertitudes liées à la capacité de distinguer les deux, est-ce que je manque de
connaissances ou est-ce que la médecine est incomplète ?
De quelle façon la faculté de médecine va mettre les étudiants en situation pour qu’ils
apprennent à gérer ces incertitudes ?
On va commencer par mettre au programme des cours comme l’anatomie, à laquelle les
étudiants qui débutent, qui va jouer un rôle essentiel dans l’apprentissage en inculquant que quoi
qu’il arrive, on ne peut pas tout savoir, on les prépare à l'incertitude un.
Ensuite on va leur enseigner la pharmacologie, comment prévoir qu’un individu va réagir
d’une certaine façon à un médicament. Les étudiants ressortent convaincus que la connaissance
médicale à ses limites. Une deuxième phase dans laquelle on s'arrange pour amener les étudiants à
côtoyer le deuxième type d’incertitudes.
Les incertitudes vont devenir plus évidentes quand les futurs médecins sont amenés à poser un
diagnostic, à côtoyer des patients et être mis de plus en plus en situation. Le fait de les exposer au
contact des patients et à une série d’incertitudes, les amène à s’interroger sur la limite de leur savoir et
la limite de la médecine.
Face à leur incertitude ou absence de capacités incomplètes, ils vont progressivement voir si
dans une situation c’est qu’ils ne maîtrisent pas encore le savoir, ou si c’est une perplexité collective.
On voit une description d’un parcours de formation dans lequel l’objectif implicite est d’optimiser la
maîtrise des incertitudes, cette fonction latente assurée pour que les futurs médecins sachent réagir
face aux incertitudes.
L’implication détachée, d’après Fox c’est que le médecin doit être à la fois impliqué et,
malgré tout, qu’il ne soit pas en permanence dans une forme d’implication excessive. Comment
réaliser cela pour les futurs médecins ?
On va s’arranger dans l'organisation du cursus pour qu’ils
soient au terme de leur formation aptes à trouver cette posture. Ça commence par un travail de
détachement, on va les confronter à la mort, des choses difficiles, dans le laboratoire d’anatomie,
dans lequel les étudiants rapportent que dans cette situation ils ont travaillés à se protéger de leurs
émotions. En déshumanisant, un engourdissement émotionnel, avec une forme de distanciation.
Progressivement, on va réintroduire un peu d’implication. en les mettant au contact de vrais
patients, avec des interactions prolongées au fil du temps. Ce dosage est délicat, provoqué par
l'organisation particulière de ces études.
Ces approches fonctionnalistes, la socialisation professionnelle est analysée sur un résultat
défini par le groupe lui-même, on sait quelles compétences acquérir, on connaît donc déjà son résultat,
avec des approches qui mettent le point sur le caractère homogène. Le résultat de la socialisation est
défini de manière homogène. On met l’accent sur un contenu explicite, ce que Durkheim appelait
l’éducation, ce que l’on apprend à maîtriser, des apprentissages qui servent à gérer les
incertitudes. On s'intéresse à une transmission verticale entre les membres constitués et les
futurs membres.
Chez les interactionnistes, quand ils s'intéressent à la socialisation pro, ils cherchent
davantage à décrire un processus qui ne revient pas uniquement à intérioriser des éléments
définis, mais plutôt de la décrire en montrant que ce processus est moins linéaire et homogène que
dans la vision fonctionnaliste.
Repartir de la socialisation médicale, comme l’a fait Merton, est qui est reprise comme en
miroir par Everett Hughes, Boys In white: student culture in médical school. Chez Merton on était
chez des futurs médecins, chez Hughes ont va s’attacher à décrire la culture estudiantine chez
des personnes qui ne sont pas encore des futurs médecins.
A. Retour sur la socialisation des jeunes médecins (Hughes - Boys in white: student culture in
medical school, 1961)
Chez Hughes, on a un intérêt pour le début d’un processus, chez des étudiants qui ne sont pas
encore des futurs médecins, qui cherchent à s'identifier à ce qu’ils voient. C’est donc pas une
socialisation anticipatrice, mais un processus dans lequel les étudiants vont s’attacher à régler
des problèmes de leur propre point de vue, ce sont les étudiants qui établissent le sens et l’intensité
des efforts qu'ils doivent fournir pour leur apprentissage et non l’institution. Il va décrire ce point de
vue, la perspective des étudiants, la façon dont les étudiants définissent leur situation et leur buts et
stratégies, et surtout l’évolution.
On voit donc que l’on a une pluralité des formes de socialisation,
avec différentes manières de répondre aux questions que l’on se pose. Ce processus va varier en
fonction de certains facteurs. La perspective étudiante est au départ que les étudiants ne sont pas dans
l’anticipation professionnelle, ils sont submergés par des exigences, ils doivent adopter une stratégie
pour savoir comment répondre à celles-ci. Comment faire face à cette surcharge ? Dès la fin du
premier semestre, plusieurs stratégies émergent, deux antagoniques.
- plutôt proche de celle des fonctionnalistes des groupes d’étudiants qui essaient
de hiérarchiser les informations, et privilégier ce qui semble utile plus tard.
- essayer de retenir ce qui importe pour l’enseignant, ou de se placer du point de
vue des enseignants. Ils font souvent partie des fraternités.
Dès le départ certains étudiants sont capables de ne pas reprendre le point de vue de
l’institution, voire à s’y opposer. Au cours de la première année les perspectives étudiants vont
s’homogénéiser, la deuxième visée marche mieux que la première. Ils sont capables de développer
un point de vue autonome, propre aux étudiants, ceux qui vont opter pour une stratégie à l'opposé des
discours des médecins sont ceux qui réussissent le mieux.
Le premier moment de stage, les étudiants vont choisir une spécialisation et les hôpitaux dans
lesquels ils vont postuler pour devenir internes. On a une culture étudiante autonome et spécifique.
Choisir les plus prestigieux pour avoir un bon futur professionnel. Hughes met en lumière un choix
essentiel ou les réponses en situation concernant des enjeux pratiques sont des réponses définis de leur
point de vue à eux, distinct et opposé de l'institution.
Cette socialisation n’est pas achevée après toutes ces années d’études, le processus de
construction identitaire et de socialisation professionnelle va se poursuivre dans les premiers moments
de l’installation des médecins. Des phases qui servent à s'affirmer comme membre de la profession en
montrant que l’on est capable de se distancier de l’institution.
- Le processus de socialisation ne se réduit pas à l’intériorisation du rôle médical: étude la
socialisation en train de se faire et autonomie des étudiants
- Changement des perspectives et pluralité des formes de socialisation
- Importance de la socialisation après l’obtention du diplôme: prise de distance avec
l’institution et “conversion identitaire”
B. Extension à d’autres “professions”
Distinguer les approches interactionnistes de fonctionnalistes, on ne va pas s’attarder sur les
professions, on va étendre le même type d'analyse à d’autres activités professionnelles pour montrer
que l’on peut de la même manière étudier les trajectoires professionnelles et les processus de
socialisation professionnelles à l’intérieur d’autres groupe.
1. Biographie et interactions: l’exemple du voleur professionnel (Sutherland)
A partir d’un récit biographique de Chick Conwell, étudier cette déviance sur le modèle de
la socialisation professionnelle. Conwell utilise lui même le terme de “professionnel”, il explique
comment différencier les voleurs professionnels des amateurs. Sutherland prend ce terme au sérieux et
essaie de montrer comment on peut décrire ce parcours déviant comme un parcours professionnel. il
essaie d’analyser ce qui fait le professionnalisme aux yeux du voleur:
- le sens du travail bien fait, acquérir des compétences
- acquérir une forme de souveraineté territoriale.
- construire un réseau
2. Pluralité des trajectoires et des segments professionnels au sein d’une même profession
(Becker, Bucher et Strauss)
La socialisation professionnelle est un processus biographique qui construit les identités
tout au long du déroulement du cycle de vie, depuis l’entrée dans l’activité jusqu’à la retraite en
passant par tous les tournants de la vie (turning points): un processus toujours inachevé
Les résultats de ces processus d’identités professionnelles sont souvent pluriels
Becker, Outsider, il va s'intéresser à la pluralité des trajectoires et moindre que dans le Jazz
dans années 1960 on trouve une socialisation qui passe par une dualité de type de trajectoire, ceux
qui vont valoriser le succès et la reconnaissance publique, qui vont jouer pour un public de danseur et
valoriser la reconnaissance par le succès et à l’opposé ceux qui vont valoriser un répertoir
d'avant-garde, l’innovation esthétique, avec une reconnaissance des pairs. Deux identités de
segments opposés.
Strauss, milieu de la psychiatrie. Les trajectoires ne sont pas les mêmes et la façon de faire
indique des divergences majeures, des désaccords entre courants médicaux sur les définitions, les
traitements, l'interprétation des diagnostics..