Société et Luttes Sociales durant la Révolution Industrielle

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La ville industrielle et ses inégalités

La croissance spectaculaire des villes

La croissance des villes dans les grandes capitales de l'Europe a augmenté de façon spectaculaire. Cette croissance rapide est due à la migration de la population rurale, forcée de quitter les campagnes en raison des transformations économiques. Beaucoup de ces villes sont nées directement des activités industrielles, avec des logements pour les travailleurs blottis près des entrepôts et des bâtiments industriels, créant ainsi de nouveaux quartiers. La plupart des centres urbains se sont développés à partir de villes anciennes, idéalement situées, avec des activités et des rôles traditionnels de marché, de port, de centre de communication ou administratif.

La ville, reflet de l'inégalité sociale

L'occupation du centre-ville par la bourgeoisie et des banlieues par les classes populaires et ouvrières a créé une série de besoins dans les villes. Ces demandes ont été satisfaites par une politique de planification urbaine. Les habitants, selon le secteur social auquel ils appartenaient, étaient séparés en tout : l'emplacement du quartier, le type de logement, le niveau de vie, l'habillement et les habitudes culturelles. Des identités sociales de classes distinctes se sont développées. La ville est devenue un théâtre privilégié de confrontation sociale, culturelle et politique entre les riches et la population active.

Rénovation et services urbains

L'un des changements les plus visibles dans les villes a été l'introduction de services publics. On peut citer par exemple :

  • L'approvisionnement en eau
  • Les marchés
  • Les transports publics
  • Les banques
  • Les bâtiments publics
  • Les théâtres

Le mode de vie de la bourgeoisie

Une nouvelle façon de vivre

La bourgeoisie, en pleine ascension économique et de pouvoir, a mené la transformation urbaine en instaurant un nouveau mode de vie. Cette classe a imposé un changement d'habitudes et l'émergence de nouvelles valeurs sociales et morales. La haute bourgeoisie se composait d'industriels, de banquiers, de grands hommes d'affaires et d'entrepreneurs. Les classes moyennes urbaines étaient composées de propriétaires de boutiques et de magasins, ou d'employés à des échelons intermédiaires de l'administration. Les classes supérieures interagissaient dans une série d'espaces qui définissaient la nouvelle société bourgeoise.

Le domaine privé : la maison

La maison était le domaine privé par excellence, le fondement de la famille et le pilier de l'ordre social. L'extérieur et l'intérieur des maisons étaient des symboles de statut social et de réussite. La fonction de la maison était de représenter la richesse de ses propriétaires.

L'habillement pour marquer son rang

La robe, tout comme la maison, était l'expression des conventions et des schémas de la vie bourgeoise. Elle était conçue pour cacher le corps et marquer une différenciation sociale claire avec l'apparence des classes inférieures, urbaines ou rurales. La bourgeoisie faisait un grand étalage de vêtements, ne laissant que peu de zones du corps visibles. La tenue des femmes était encore plus complexe.

L'importance de l'éducation

L'éducation était considérée par la société bourgeoise comme le meilleur outil pour renforcer la cohésion sociale des nouveaux citoyens. Des systèmes éducatifs régissant du primaire à l'université ont été développés. Un enseignement primaire public et gratuit a été établi.

Le développement des loisirs et du sport

Le développement de la vie urbaine s'est accompagné d'une redécouverte de la nature. La pratique du sport et des loisirs a également défini l'idéal de la vie bourgeoise au XIXe siècle.

La condition de la classe ouvrière

La naissance du prolétariat industriel

Le capitalisme industriel et le système d'usine ont créé une nouvelle catégorie de travailleurs, unis par la condition commune de n'avoir qu'une seule source de revenus : le salaire reçu en échange de leur travail. L'élément le plus déterminant pour la classe ouvrière était l'insécurité.

Les quartiers ouvriers

Dans les zones industrielles, il était souhaitable que les maisons soient à proximité des usines. Ainsi naquirent les quartiers populaires, s'étendant à travers les banlieues des grandes villes, se développant de manière anarchique et sans services de base. Dans les zones industrielles éloignées des villes, des quartiers pour les employés de l'entreprise étaient construits juste à côté des usines.

Le travail salarié et la journée de travail

La journée de travail a été réduite tout au long du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, la principale revendication des organisations de travailleurs était la journée de 8 heures, pour une semaine de 6 jours de travail. Les femmes et les enfants constituaient une grande partie de la main-d'œuvre durant les premiers stades de l'industrialisation. Les salaires étaient très bas, à peine suffisants pour couvrir les besoins minimums des travailleurs (logement et nourriture). Le travail des enfants était bien moins rémunéré, tout comme celui des femmes.

Niveau de vie et alimentation

Les premières étapes de l'industrialisation ont entraîné une qualité de vie terrible pour les nouveaux travailleurs. Au XIXe siècle, la situation est devenue plus favorable, en partie grâce à la baisse des prix agricoles et aux conquêtes sociales. L'alimentation de base se composait de farine et de pommes de terre. Le principal lieu de loisirs pour les hommes était la taverne. Les travailleurs se lavaient plus que les bourgeois, principalement par nécessité.

Les débuts du mouvement ouvrier

Les origines des luttes sociales

Avec la suppression de l'Ancien Régime, les paysans et les artisans furent libérés des charges féodales et des liens corporatifs. Ces travailleurs ont commencé à affluer en nombre croissant dans les usines et les emplois offerts par le développement des villes. La main-d'œuvre était abondante, rendant les conditions de salaire et d'emploi défavorables pour les travailleurs. Cela a créé une source constante de conflits sociaux, favorisant l'émergence d'organisations stables pour défendre leurs droits. L'agitation sociale visait l'amélioration des conditions de travail, la réduction du temps de travail, l'augmentation des salaires et l'obtention de droits politiques.

Les premières associations de travailleurs

Au début, ces organisations étaient interdites, car considérées comme contraires à la liberté d'entreprise et de contrat. Le droit d'association et de réunion fut l'une des premières revendications des travailleurs, et la Grande-Bretagne fut le premier pays à le reconnaître en 1824. Les premières et les plus nombreuses furent les sociétés de secours mutuel, conçues pour aider leurs membres en cas d'accident, de maladie ou de décès. Le moteur principal de l'associativisme ouvrier était la défense collective des salaires et des conditions de travail d'un métier, ainsi que la revendication de leur amélioration. La grève était le principal instrument de pression. Le terme 'syndicat', d'origine française, désignait à la fin du XIXe siècle une association de travailleurs fondée pour défendre leurs intérêts.

La première action : le luddisme

Ned Ludd était un ouvrier tricoteur légendaire qui aurait été le premier à briser le cadre de son métier. De ce personnage est tiré le nom de luddisme, se référant aux actions organisées par les ouvriers anglais qui, entre 1779 et 1802, détruisirent les machines qui leur prenaient leur travail. L'une des réactions les plus caractéristiques des travailleurs fut la destruction des nouvelles machines que les entreprises acquéraient pour améliorer la productivité de leurs usines.

La lutte politique : le chartisme

Le chartisme est un important mouvement de masse, dont l'apogée se situe entre 1838 et 1848, qui se proposait d'obtenir des droits politiques pour les travailleurs. L'Association des travailleurs de Londres, dirigée par le charpentier William Lovett, a élaboré la Charte du peuple, qui revendiquait :

  • Le suffrage universel masculin
  • La mise en place du scrutin secret
  • La création de circonscriptions électorales égales

Le chartisme a réussi à mobiliser de nombreux travailleurs avec un but politique précis : la démocratisation de l'État. Le mouvement chartiste s'est affaibli sans atteindre tous ses objectifs. Cependant, son existence a contraint l'État britannique à entreprendre la réglementation des relations de travail. Le chartisme fut un fait historique d'une importance extraordinaire, car il anticipait les mesures de réforme sociale que les partis ouvriers allaient promouvoir à partir des dernières décennies du XIXe siècle, depuis le Parlement ou via leur participation au gouvernement.

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