Stress et Peur : Mécanismes Cérébraux et Gestion Comportementale

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Comprendre le Stress : Syndrome Général d'Adaptation

Le stress, défini comme le « syndrome général d'adaptation », est une réponse non spécifique de l'organisme à toute sollicitation. Il se manifeste sous deux formes principales :

  • Eustress : Bénéfique pour l'organisme.
  • Dystress : Nuisible pour notre organisme.

Le stress se déroule en trois stades distincts :

  1. Stade de réaction d'alarme : Mobilisation des forces de défense.
  2. Stade de résistance : Adaptation à l'agent stressant.
  3. Stade d'épuisement : Le pouvoir d'adaptation étant limité, il survient quand l'agent stressant est trop puissant et agit trop longtemps.

Le Stress d'un Point de Vue Psychogénétique

Le stress (psychogénétiquement) est une réponse d'adaptation qui prépare l'action face à une menace extérieure. L'homme est adapté à la gestion du stress extrême (mode défensif) et doit apprendre à gérer le stress cognitif interne (90% de l'accueil).

Les Types de Cerveau et leurs Fonctions

Notre cerveau est composé de différentes structures, chacune ayant un rôle spécifique dans la gestion du stress et des émotions :

  • Cerveau reptilien (plus de 250 millions d'années) :
    • Fonctions vitales de l'organisme (fréquence cardiaque, température, équilibre).
    • Comprend le tronc cérébral et le cervelet.
    • Fiable, rigide, compulsif.
  • Cerveau paléomammalien (plus de 150 millions d'années) : Le système limbique.
    • Siège des émotions : mémorise les comportements agréables ou désagréables.
    • Comprend l'hippocampe, l'amygdale et l'hypothalamus.
    • Influence nos comportements car il est le siège des jugements de valeur inconscients.
  • Néo-cortex :
    • Fonctions supérieures : langage, conscience, imagination, pensée abstraite.
    • Comprend les deux hémisphères cérébraux.
    • Capacités d'apprentissage infinies et culture.
  • Lobes préfrontaux :
    • Rôle dans l'inhibition de l'expression des émotions (cortex préfrontal).
    • Capacité de représentation mentale.
    • Capacité à abandonner une règle pour échapper à la répétition et apprendre.

Stress Externe et Interne : Réponses et Modes

Le stress externe est une menace à suivre immédiate, gérée par le cerveau reptilien avec trois réponses :

  • Fuite : Anxiété, peur, angoisse.
  • Lutte : Tension, agressivité.
  • Inhibition : Découragement, abattement.

Le stress interne est une auto-évaluation cognitive de la situation, impliquant quatre modes :

  • Mode préfrontal : Système adaptatif.
  • Mode automatique (néo-cortex) : Gère les situations simples et connues.
  • Paléolimbique : Gère les rapports de forces.
  • Reptilien : Exécute une des trois réponses (fuite, lutte, soumission).

Le Stress comme Signal d'Alerte

Le stress est un signal d'alerte d'une erreur dans l'analyse subjective de la situation. Une situation peut être :

  • Connue : Gérée par le mode automatique.
  • Inconnue : Gérée par le mode préfrontal adaptatif.

Lorsqu'une situation inconnue est perçue comme connue, le mode automatique est activé. La détection de cette erreur par le cortex préfrontal, qui a recruté de manière erronée le mode automatique, conscientise la situation en alertant le reptilien.

Le stress est donc un signal d'alerte provoqué par le renforcement de l'information du cortex préfrontal qui détecte une erreur de logique inconsciente dans l'analyse subjective de la situation par un recrutement erroné du mode automatique. C'est un message de notre cerveau pour attirer notre attention sur le fait que nous devons nous adapter à des conditions (mode automatique inadapté = stress, mode adaptatif = pas de stress).

Différences Comportementales des Deux Modes Mentaux

  • Mode Mental Automatique :
    • Cerveau limbique + néo-cortex binaire.
    • Gère le connu, les affaires courantes.
    • Fixe les apprentissages et les compétences, menant à un mode économique basique.
    • Caractéristiques : routine (néophobie), refus (rigidité), dichotomie (simple), certitudes (servent la réalité), empirisme (focalisation sur les résultats), image sociale (grégorité).
  • Mode Mental Préfrontal Adaptatif :
    • Pense et agit en temps réel : multitâche, improvisateur, recherche permanente.
    • Caractéristiques : curiosité sensorielle, acceptation (adaptabilité), nuance (perception de la complexité), relativité (recul), réflexion logique (rationalité), opinion personnelle (individualisation).

La Gestion des Modes Mentaux

La gestion des modes mentaux est un apprentissage qui consiste à basculer d'un mode automatique néo-limbique à un mode adaptatif préfrontal. Par exemple, lors d'un test logique :

  1. S'il y a un carré rouge à gauche, alors il y a un cercle vert à droite. (1% de réussite)
  2. S'il n'y a pas de carré rouge à gauche, alors il y a un cercle vert à droite. (90% d'erreurs perceptives)

L'apprentissage de l'inhibition des erreurs déplace le flux sanguin des régions postérieures et perceptives vers les régions antérieures préfrontales. La région préfrontale régule le traitement des affects négatifs en inhibant l'activation des régions limbiques et la mise en place de processus automatiques responsables du traitement des affects négatifs.

Les compétences (résultats, domination d'autrui, jugements, rapports de force), la grégorité paléolimbique et l'image sociale limbique diffèrent de l'individualisation et de l'opinion personnelle du préfrontal. Il est essentiel de focaliser les buts plutôt que les moyens.

Explication des Mécanismes Neuropsychologiques de la Peur

La peur est une émotion forte et intense éprouvée en présence d'une menace réelle et immédiate. Elle provient d'un système qui détecte les dangers et produit des réponses qui augmentent nos chances de survie. Elle déclenche une séquence comportementale défensive.

La peur, l'anxiété et l'angoisse sont trois degrés de la mise en jeu du système nerveux sympathique qui pousse à l'action quand celle-ci est possible. La peur peut aussi surgir à la pensée d'un danger potentiel. Nous connaissons les voies nerveuses ainsi que les circuits de l'amygdale à l'origine de ce système d'alarme.

L'Amygdale : Centre de l'Alarme Cérébrale

L'amygdale est une structure cérébrale située en profondeur dans la région antéro-inférieure du lobe temporal. Elle reçoit des projections des régions sensorielles du thalamus, du cortex de l'hippocampe et du cortex préfrontal. Elle module nos réactions à des événements qui ont une grande importance pour notre survie (danger imminent, nourriture, niveaux, partenaires sexuels).

Connexions avec les structures cérébrales :

  • Amygdale à l'hippocampe : Stockage et remémoration de souvenirs explicités et du contexte de la situation (thalamus, cortex sensoriel, septum).
  • Au cortex préfrontal : Processus d'extinction de la peur. Choix de l'action pour se soustraire au danger.
  • Hypothalamus, tronc cérébral.

Les Voies Nerveuses de la Peur

Un stimulus sensoriel évoquant la présence d'un danger va d'abord atteindre le thalamus.

  • La voie thalamo-amygdalienne (route courte) : Véhicule une perception grossière et rapide d'une situation. C'est une voie sous-corticale sans cognition. Elle active l'amygdale et précise si le stimulus est menaçant ou non.
  • Le cortex sensoriel primaire : Traitement des modalités de l'objet.
  • Le cortex associatif unimodal : Fournit une première représentation de l'objet à l'amygdale.
  • Le cortex associatif polymodal : Conceptualise l'objet et informe l'amygdale.

Grâce à l'hippocampe, on compare l'objet au contenu de la mémoire explicite (apprentissage du caractère dangereux d'un objet).

Différents aspects de l'événement sont emmagasinés par la mémoire implicite de l'amygdale et la mémoire explicite de l'hippocampe (ces deux systèmes sont indépendants). L'hippocampe est sensible à l'encodage du contexte (objet, situation, lieu). Ainsi, non seulement un stimulus peut devenir source de peur, mais aussi le contexte dans lequel on se trouve.

La présence imminente d'un danger continue le travail d'activation de l'amygdale, entraînant l'activation des structures efférentes responsables de la manifestation de la peur (augmentation de la fréquence cardiaque, muscles tendus, etc.).

Exemple : Une femme avec un coma à l'hippocampe ne reconnaît pas son médecin. Il met une punaise dans sa main et le lendemain, la dame retire la main au moment de la lui servir (peur soudaine), démontrant la mémoire implicite de l'amygdale.

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