Subjectivité et Responsabilité en Droit International
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A. Subjectivité Active des Individus : Accès aux Juridictions Internationales
En principe, lorsqu'une personne physique étrangère est victime d'une violation du droit international (DI) par un État, elle n'a d'autre recours que de porter réclamation sur le plan du droit interne de l'État contrevenant. Si elle n'obtient pas satisfaction, elle peut s'adresser à l'État dont elle a la nationalité pour qu'il exerce la protection diplomatique. Cependant, la protection diplomatique implique une relation d'État à État. Dans certains cas, les individus ont un accès direct aux juridictions internationales pour faire valoir leurs droits.
Exemples d'accès des individus aux juridictions internationales :
- Le Tribunal administratif des Nations Unies est compétent pour connaître des différends entre l'organisation et son personnel.
- Dans les Communautés européennes, les personnes physiques ou morales directement touchées peuvent contester la légalité de certains actes des organes communautaires.
C'est particulièrement dans le domaine de la protection des droits de l'homme (DH) que la subjectivité internationale de l'individu est reconnue.
Instruments internationaux de protection des DH :
- Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) (1948)
- Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) (1966)
- Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels I et II (1977)
- Au niveau régional : Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) (1950), Charte sociale européenne (1961), Convention américaine relative aux droits de l'homme (1969), Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (1981)
Ces instruments établissent une norme minimale communément admise (droit à la vie, à l'intégrité physique et morale, à ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants, à une personnalité juridique et à une procédure régulière), fondée sur la dignité humaine, l'égalité et la liberté de la personne.
Les règles du DI ne s'appliquent généralement pas directement à l'individu, mais par l'intermédiaire des États. Cependant, la pratique tend à accorder à l'individu une certaine capacité juridique pour déposer des plaintes devant des organes internationaux :
a) Mécanismes de protection des RH au sein de l'ONU :
Le Conseil des droits de l'homme (anciennement Commission des droits de l'homme) peut mener des études sur les violations généralisées des droits de l'homme. L'efficacité de ce système repose sur la pression internationale.
b) Système européen de protection des DH :
La Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (CEDH), signée à Rome en 1950, et ses protocoles additionnels, ont institué la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), une juridiction internationale permanente accessible aux États et aux individus. L'article 35 de la CEDH fixe les conditions de recevabilité des requêtes individuelles :
- Épuisement des voies de recours internes.
- Délai de six mois à compter de la décision interne définitive.
- La requête ne doit pas être anonyme, ni déjà examinée par la CEDH ou une autre instance internationale.
c) Système interaméricain de protection des DH :
L'article 44 de la Convention américaine relative aux droits de l'homme (1969) permet à la Commission interaméricaine des droits de l'homme d'examiner des plaintes individuelles. Seuls les États parties et la Commission peuvent saisir la Cour interaméricaine des droits de l'homme.
B. Subjectivité Passive des Individus : Responsabilité Pénale Internationale
En général, la responsabilité pour violation du DI incombe aux États et est de nature compensatoire. Toutefois, les crimes relevant du droit des gens (jus cogens) engagent la responsabilité pénale des individus. Ces crimes incluent la piraterie maritime, certains actes illicites commis à bord d'aéronefs, les violations du droit de la guerre, les crimes contre la paix, le génocide et les crimes contre l'humanité.
Cependant, le DI est souvent incomplet, car il se limite à définir les crimes. La détermination et l'application des sanctions relèvent généralement des ordres juridiques internes. La création de tribunaux pénaux internationaux se heurte à de fortes résistances politiques.
Droits des Peuples
Le DI contemporain proclame le principe selon lequel tous les peuples ont le droit à l'autodétermination. Ce droit a des corollaires :
- Le droit des peuples à la souveraineté permanente sur leurs richesses et ressources naturelles.
- Le droit des peuples au développement.
Contenu du droit à l'autodétermination :
Ce droit ne peut être exercé que par les peuples sous domination étrangère, régime raciste ou subissant une violation flagrante de leurs droits fondamentaux. L'autodétermination est l'expression libre et authentique de la volonté du peuple d'un territoire non autonome. Elle peut se concrétiser par (Res. 2625) :
- L'accession à l'indépendance.
- L'association à un État indépendant.
- L'intégration à un État indépendant.
Les Mouvements de libération nationale (MLN) représentent les peuples en lutte pour l'autodétermination. Ils peuvent être définis comme l'expression organisée d'une population cherchant l'autodétermination et reconnue comme telle par la communauté internationale. Les MLN jouissent d'une personnalité internationale partielle, notamment :
- Admission aux délibérations de certains organes d'organisations internationales, parfois avec le statut d'observateur.
- Application des normes juridiques relatives au droit des conflits armés.
Limites à l'exercice du droit à l'autodétermination :
- Principe de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États : Le droit à la sécession d'un peuple minoritaire ne peut être invoqué si l'État respecte le principe de l'égalité et de l'autodétermination des peuples et est doté d'un gouvernement représentatif.
- Principe de non-intervention dans les affaires intérieures.
- Principe du respect des droits humains: Un État ne peut utiliser la force armée contre une communauté qui revendique pacifiquement son autodétermination.
Autres droits économiques des peuples :
Le droit à l'autodétermination inclut le droit des peuples à la souveraineté permanente sur leurs richesses et ressources naturelles.