Le Temps en Droit : Prescription, Caducité et Délais Légaux

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Point 12 : Le Temps et son Influence sur les Droits Subjectifs

1. Le Temps et son Calcul

Le temps est l'environnement où se déroulent les faits juridiques. Il revêt une importance capitale dans le domaine du droit, car il influe sur l'acquisition et l'extinction de certains droits. La loi fixe des délais pour ces deux cas, en fonction de chaque droit ou de la relation juridique établie. Ainsi, le calcul du temps est au centre de figures juridiques comme l'usucapion (possession adverse, comme nous le verrons) et la prescription des dettes non réclamées pendant 15 ans (le droit de les percevoir). Enfin, le temps est également important lors de la résolution des conflits entre les droits : en cas de choc entre eux, le droit le plus ancien prévaut. Il est aussi crucial pour l'application des lois transitoires et de la rétroactivité, selon ses trois degrés.

Calcul du temps

Il peut se faire de deux façons :

  1. Une date spécifique dans le calendrier.
  2. Ne pas fixer une date certaine, mais une durée (trois mois, trois ans...).

Il y a deux façons de calculer les délais :

  • A) Calcul naturel : D'instant en instant (par exemple, du 15 avril à 11h au 15 mai à 11h).
  • B) Calcul civil : Les jours sont comptés jusqu'à 12h00.

La règle générale est que le droit civil ne compte pas le premier jour, et le dernier jour doit être pleinement respecté (art. 1960 CC). Bien qu'il y ait une exception, incluse à l'art. 1130 du Code civil, qui permet de calculer à partir du premier jour. (Si la durée de l'emprunt est indiquée par jour à partir d'une date donnée, ce jour sera exclu du calcul, qui devrait commencer le jour suivant.)

Règles de calcul des délais (Art. 5 CC)

Le calcul des délais est régi par l'art. 5 du Code civil, qui stipule :

  1. Sauf indication contraire, lorsque les délais sont fixés en jours, à compter d'une date donnée, ce jour sera exclu du calcul, qui devrait commencer le jour suivant. Si ces délais ont été fixés pour plusieurs mois ou années, ils se comptent de date à date. Lorsque le mois d'échéance ne comporte pas de jour équivalent à celui du jugement, il est entendu que le délai expire à la fin du mois.
  2. Dans le calcul des délais calendaires, les jours fériés ne sont pas exclus.

Calcul de l'âge (Art. 315 CC)

Ceci est régi par l'art. 315 du Code civil, qui dispose : « La majorité commence à dix-huit ans révolus. Pour le calcul de l'âge, le jour de la naissance est entièrement compris. »

2. La Prescription en Général

(Art. 1930 et suivants du Code civil)

En Espagne, nous n'avons pas de distinction entre les types de prescription, nous sommes dans un système moniste. Cependant, d'autres pays opèrent avec un double système de délais. Il existe deux types de prescription :

  1. La prescription acquisitive (usucapion) : Permet d'acquérir un droit réel par la possession pendant un temps déterminé. Après cette période, la propriété est acquise. C'est ce qu'on appelle l'usucapion.
  2. La prescription extinctive : Mode de perte d'un droit de quelque nature que ce soit, lorsque celui-ci n'a pas été exercé pendant une certaine période d'inactivité.

Dans les deux cas, des périodes de temps déterminées sont requises, mais leur fonction diffère. Dans le premier cas, il s'agit d'acquérir un bien, tandis que dans le second, le passage du temps entraîne la perte d'un droit.

3. La Prescription Extinctive

Concept et Effets

Concept : Perte d'un droit ou d'une action en justice due à l'inactivité de son titulaire. C'est-à-dire, après une période de temps sans avoir été exercé.

Essence de cette figure : C'est une limite forte aux facultés. On ne peut pas exercer son droit au-delà du temps imparti, car l'inactivité entraîne son extinction.

Effet : Le délai de prescription a un effet automatique une fois le délai fixé. Cependant, pour être efficace, il doit être invoqué par une partie ; le juge ne peut pas le soulever d'office. Si le créancier n'a pas exercé son action dans ce délai, il a perdu la possibilité d'exercer son droit. Cette exigence de ne pas pouvoir être invoquée automatiquement est l'une des plus grandes différences avec la caducité (que le juge peut soulever d'office, comme nous le verrons).

Dans le cas où il y a un débiteur avec une caution : si, après le délai de prescription, le débiteur souhaite toujours payer la dette mais n'a ni l'argent ni les moyens de le faire, cela ne signifie pas que la caution est tenue de le faire. L'action prescrite par la loi, si elle était payée, serait un acte de bonne foi obligationnel envers toute autre partie. Ainsi, la dérogation à l'obligation pour le débiteur n'affecte pas le garant.

Théories de la prescription

  1. Théorie subjective : Le fondement de la prescription est une présomption de renonciation par le propriétaire du droit.
  2. Théorie objective (ou strictement théorique) : Prend en compte les exigences opérationnelles indépendamment de la volonté du titulaire du droit. L'ignorance du délai de prescription n'a aucune incidence, car il s'applique de toute façon. Elle se rapporte à l'art. 6 du Code civil, qui stipule que l'ignorance de la loi n'est pas une excuse pour sa non-conformité. Cette théorie fonde son contenu sur l'utilité et la nécessité sociale, visant à la stabilité et à la certitude dans le droit des biens, et à la sécurité juridique.

Débat sur la prescription

La doctrine considère la prescription comme positive, car même si la loi doit toujours faire preuve de bonne foi, l'intemporalité ne garantit pas la sécurité juridique. Par conséquent, le législateur fixe des délais pour que chacun prenne les mesures nécessaires et n'acquière pas de droits indéfiniment. Au-delà de ce temps, l'action est prescrite et ne peut plus être exercée.

Droits prescriptibles et imprescriptibles

En règle générale, tous les droits de nature réelle (art. 1930 CC), comme la propriété, sont prescriptibles. D'autre part, les droits inaliénables de la personnalité, l'état matrimonial et la famille ne le sont pas. Concernant l'état matrimonial, il existe un régime spécial de prescription pour la nationalité espagnole.

Point de départ de la prescription (Art. 1960 CC)

La règle est établie par l'art. 1960 du Code civil. Dans le calcul du temps nécessaire à la prescription, les règles suivantes doivent être respectées :

  1. Le possesseur actuel peut joindre à son temps de possession celui de son prédécesseur.
  2. Il est présumé que le possesseur actuel, qui a été en possession dans les périodes précédentes, l'est resté pendant la période intermédiaire, jusqu'à preuve du contraire.
  3. Le jour où commence le délai est entièrement compris, mais celui-ci doit être pleinement accompli.

Les exceptions sont contenues dans les articles 1967, 1968, 1970, 1971, 1972 du Code civil.

Interruption de la prescription (Art. 1973 CC)

En matière de prescription, l'interruption ne signifie pas une suspension de l'action (comme dans la caducité), mais si la prescription est interrompue (par les moyens juridiques établis), le compteur repart de zéro, une nouvelle période commence. Ceci est prévu à l'art. 1973 du Code civil. La prescription peut être interrompue de trois façons :

  1. Par l'exercice de l'action devant les tribunaux.
  2. Par toute réclamation extrajudiciaire du créancier (par écrit, devant notaire ou par burofax).
  3. Par tout acte de reconnaissance de dette par le débiteur (devant notaire, avec témoins).

4. La Caducité

Distinction avec la prescription

Conceptuellement, il y a peu de différence avec la prescription, mais elle existe en droit. Ainsi, la différence fondamentale entre ces deux figures est que la caducité concerne des situations d'ordre public et l'intérêt de l'État. Il faut donc la distinguer de la prescription par les points suivants :

  1. Elle peut être appliquée d'office par le juge.
  2. Les délais ne sont ni interrompus ni suspendus.

5. Délais Légaux de Prescription

Actions réelles

Certaines actions réelles ont des délais spéciaux :

  • Pour les actions réelles mobilières : 6 ans (art. 1962 CC).
  • Pour les actions réelles immobilières : 30 ans (art. 1963 CC).
  • Il existe une action réelle avec un délai spécial : l'action hypothécaire (20 ans, conformément à l'art. 1964 CC).

Actions personnelles

La règle générale est couverte par l'art. 1964 du Code civil, qui établit un délai de prescription de 5 ans pour ces actions. Par exemple, les actions de crédit qui n'ont pas de délai spécifique prescrivent par 5 ans, sauf si le législateur a fixé un délai précis.

Règles spécifiques de prescription

  • Art. 1966 CC : 5 ans (par exemple, pour le paiement des loyers, qu'ils soient urbains ou ruraux, ou pour les pensions alimentaires).
  • Art. 1967 CC : 3 ans (par exemple, pour les honoraires des avocats ou des professionnels).
  • Art. 1968 CC : 1 an (par exemple, pour les actions possessoires ou les actions en responsabilité civile extracontractuelle).

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