Théories du Commerce International : Analyse et Évolution
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Introduction
La théorie du commerce international est la branche de l'économie qui étudie et modélise le commerce international. Quant au droit du commerce international, il désigne un corps de règles régissant les relations commerciales qui ne se déroulent pas totalement dans la sphère économique d’un seul État. Le commerce international serait alors l’ensemble des activités commerciales servant à produire, à expédier et à vendre des biens et des services sur la scène internationale, de la production jusqu’à la consommation. Son objet est de déterminer le lien juridique qui va se créer à partir d’une relation commerciale internationale qui sera soumise à des règles spécifiques. Le développement des moyens de transport de personnes et de marchandises a conduit le commerce mondial à croître plus vite. Par ailleurs, il existe un « droit des opérations de commerce international », formalisé notamment par les incoterms de la Chambre de commerce internationale. Le développement des échanges et l'interdépendance croissante des économies caractérisent le processus de mondialisation. Le commerce international se justifie par les gains obtenus lors de l'échange : prix plus faible, plus grande diversité. Les fondements du commerce international font l'objet de différentes analyses, dont la théorie des avantages comparatifs et la dotation factorielle. Le libre-échange a quelques limites qui peuvent justifier l'apparition du protectionnisme, cherchant à protéger la production nationale. Nous essayerons d’apporter des éléments de réponse à cette problématique dans un plan en deux parties. La première sera consacrée aux théories classiques, alors que la seconde se polarisera sur les théories contemporaines du commerce international.
I - Les théories classiques du commerce international
A - Des avantages absolus aux avantages comparatifs
Nous traiterons d’abord, à ce niveau, de la théorie sur les avantages absolus (1) avant d’aborder celle sur les avantages relatifs.
1 - Smith et sa théorie sur les avantages absolus
Pour rappel, Adam Smith est le père fondateur de l'école libérale classique. Dans « Recherche sur la nature et les causes des richesses des nations », publié en 1776, Adam Smith dresse un véritable « hymne » aux lois du marché. Le « laisser-faire et laissez-passer », selon la formule chère à Vincent de Gournay, implique une liberté totale de circulation des biens, des capitaux et des personnes entre les nations. Cherchant à défendre l'idée du libre-échange, Adam Smith montre, à la fin du XVIIIe siècle, en 1776, qu'un pays ne doit pas hésiter à acheter à l'extérieur ce que les producteurs étrangers peuvent produire à meilleur compte que les producteurs nationaux.
Théorie Ricardienne des avantages comparatifs
David Ricardo, en 1817, développe la théorie de l’avantage comparatif : un pays peut bénéficier de la spécialisation en produisant les biens pour lesquels il possède un avantage comparatif, et ce, même s’il possède un désavantage absolu pour tous les biens qu’il produit. David Ricardo suppose que le travail est le seul facteur de production et que ce facteur est mobile à l’intérieur du pays, mais immobile internationalement. Pour montrer que l’échange est toujours préférable, il imagine que le Portugal possède un avantage absolu sur l’Angleterre pour deux biens, c'est-à-dire un cas où, dans la théorie d’Adam Smith, l’échange ne pourrait avoir lieu.
La théorie néoclassique du commerce international
1 - Le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson
La théorie classique du commerce international justifie la spécialisation et l’échange par l’existence de différences de productivité entre les pays. La théorie néoclassique du commerce international, développée par les Suédois Heckscher et Ohlin dans les années 30, puis complétée par Samuelson dans les années 40, donne une autre justification de la spécialisation et du commerce international.
Ces auteurs remarquent que les pays ont des dotations différentes en facteurs de production. Certains pays ont plus de capital, d’autres pays plus de travailleurs. La Chine, par exemple, est mieux dotée en travailleurs qu’en capital, tandis que l’Allemagne est mieux dotée en capital qu’en travailleurs.
2 - Critiques du modèle HOS
Le modèle prévoyait que les États-Unis devaient importer du Canada des produits plus riches en travail, et exporter des produits plus riches en capital. W. Leontief a mené des études empiriques montrant que l’on observait le phénomène inverse. C’est ce que l’on a appelé le "paradoxe de Leontief". Le modèle a encouragé une spécialisation excessive des P.E.D. dans les productions intensives en main d’œuvre.
II - Les théories contemporaines du commerce international
L’apparition de difficultés économiques durables à la fin des trente glorieuses remet en cause le paradigme dominant du libre-échange, élément de croissance, d’enrichissement et de régulation des économies.
Les réactions protectionnistes vont se multiplier et mettre en évidence que les intérêts économiques et sociaux divergents des nations ne se résorbent pas par le développement des échanges. Ces analyses vont légitimer le recours à des mesures protectionnistes et alimenter le débat théorique constant entre libre-échange et protectionnisme.
A - La théorie protectionniste
L’ouverture croissante des économies tout au long de la deuxième moitié du vingtième siècle a été de pair avec la restriction progressive des mesures protectionnistes, qui avaient justement pour fonction de limiter les échanges entre pays. Certaines conséquences considérées comme néfastes de la mondialisation ont remis en lumière certaines des justifications au retour d’une certaine forme de protectionnisme.
1 - Les approches protectionnistes
Il s’agit de deux approches à savoir : le Protectionnisme mercatique et les thèses des auteurs du 19ème siècle.
a - La thèse des mercantilistes :
Les mercantilistes sont apparus via le bullionisme, le colbertisme et le nationalisme.
- Le bullionisme correspond au mercantilisme méditerranéen de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie. Il est fondé sur l’accumulation de l'or. L’État veut s'enrichir pour financer les États-nations et cela le conduit à l'inflation et à la dépréciation de l'or.
- Le colbertisme concerne le mercantilisme français et de l'Europe de l'Est. Les ministres cherchent à recentrer l'État dans les pays.
- Le nationalisme correspond aux pays anglo-saxons et à la Hollande. Les Anglais sont de bons navigateurs et ils achètent à un endroit pour revendre à un autre. Ils développent le secteur des banques et assurances. La Hollande se financera grâce aux bourses de valeurs qu'elle a créées.
b - Les thèses protectionnistes des auteurs du 19ème siècle
Plusieurs thèses de protectionnisme ont été fondées par certains auteurs à savoir :
· Friedrich List (1789-1846) : économiste libéral allemand.
Ce courant considère que le libre-échange procure des avantages en termes de prix.
La première justification historique du protectionnisme a été débattue au début du XIX siècle.
Friedrich List est allemand. Il publie son « Système national d’économie politique » en 1841.
À l’époque, l’Allemagne est un pays agricole avec un embryon d’industrie peu compétitif face à la puissance industrielle du Royaume-Uni. Si on abaisse les droits de douane, les produits industriels britanniques inonderont l’Allemagne et les industries naissantes allemandes disparaîtront rapidement.
Henry Carey (1793-1879) : économiste libre-échangiste américain
Henry Carey a observé une corrélation nette entre la période de renforcement de protectionnisme et celle d’accroissement de la prospérité nationale des USA.
« Le protectionnisme contribue à la prospérité d’une nation » Henry Carey.
· Alexandre Hamilton : secrétaire d’état au trésor USA (fin du 18eme siècle)
Cet auteur a insisté sur le fait de protéger les entreprises d’USA de la concurrence britannique.
Il considère aussi qu’il faut fournir des recettes au budget de l’État grâce aux droits de douane.
2 - Les instruments protectionnistes
a - Les pratiques de protectionnisme
Les pratiques protectionnistes visent à défavoriser les importations des produits étrangers et encourager les exportations des firmes nationales.
En pratique, le développement international des firmes vise surtout à tirer les bénéfices classiques liés à la dimension.
En bonne logique, les firmes transnationales devraient plutôt chercher à vendre dans les pays riches, là où sont les principaux marchés, et produire dans les pays pauvres, où les salaires sont les plus bas.
De ce fait, on distingue trois grands types d’instruments :
- Les barrières tarifaires
Les droits de douane sont des taxes prélevées sur les marchandises lors de leur passage aux frontières. Les douaniers surveillent les entrées sur le territoire national essentiellement pour cette raison.
- Les barrières non tarifaires
Les prohibitions commerciales sont des interdictions d’importer certains produits. Ces prohibitions reposent parfois sur des raisons sanitaires (ex : interdiction d’importer en France de la viande bovine durant la crise de la « vache folle »), parfois pour des raisons religieuses (interdiction d’importer de l’alcool en Arabie Saoudite), parfois pour des raisons morales (armes, drogues…) ou écologiques (animaux exotiques).
Ces barrières non tarifaires regroupent un nombre important de mesures qui produisent des effets directs ou indirects beaucoup plus insidieux sur le volume d’importations à savoir :
- Le contingentement : est un quota d’importation qui limite arbitrairement l’entrée des marchandises. L’autorisation d’importer n’est valable que pour un nombre réduit de produits. Durant le gouvernement Edith Cresson (1991-1992), les magnétoscopes japonais ont été contingentés.
- Les barrières techniques : sont mises en place par l’obligation de respecter certaines normes de qualité. Ces normes contraignent généralement les entreprises étrangères à fabriquer des séries plus courtes et donc plus coûteuses destinées aux exportations vers le pays qui dicte ces normes.
- Les barrières administratives : ont pour objet d’accroître le coût du produit ou de rallonger les délais d’entrée sur le territoire national par des formalités administratives lourdes et pénalisantes.
- Les restrictions volontaires d’exportation : sont des mesures par lesquelles les pouvoirs publics d’un pays importateur s’entendent avec ceux du pays exportateur en vue de restreindre le volume d’exportation de ce dernier.
- Le protectionnisme monétaire (ou dumping monétaire).
Cette forme de protectionnisme consiste à maintenir la parité de la monnaie nationale à un cours artificiellement bas pour être compétitif sur les marchés mondiaux et favoriser les exportations.
b - Les effets du protectionnisme
Pour la plupart des auteurs libéraux, les coûts du protectionnisme sont néfastes globalement pour l’économie :
- Une perte de bien-être
Les effets sont favorables pour certains opérateurs économiques, mais défavorables pour d’autres.
- Les effets sont positifs, pour les firmes nationales de la branche qui bénéficient des mesures protectionnistes. Ces firmes peuvent soit majorer leurs marges, soit devenir compétitives par rapport aux firmes étrangères. Ainsi, le protectionnisme est bénéfique aussi à l’État qui perçoit des droits de douane.
- Les effets sont négatifs, pour tous les consommateurs et les entreprises qui doivent payer un prix plus élevé pour obtenir le produit taxé.
De manière générale, la perte de bien-être subie par les consommateurs est supérieure aux gains dont bénéficient certaines entreprises et l’État.
B - Théorie de l’écart technologique
L'écart technologique est un terme d'économie qui désigne la différence entre les technologies de production disponibles dans deux économies considérées. Ce facteur est particulièrement mis en avant pour expliquer la composition du commerce international entre pays dont la technologie est globalement similaire, mais disposant d'avantages dans certains secteurs. Le terme a été mis à l'honneur par Michael Posner dans un article de 1961 centré sur le changement technique.
1 - Modèle de Michael Vivian Posner
Posner part du principe (déjà développé par Ricardo) qu’une firme qui introduit un nouveau produit peut profiter d’un monopole à l’exportation jusqu’à ce que les brevets tombent et que des firmes imitatrices lancent un produit comparable à un prix plus faible. Selon Posner, c’est donc l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à déterminer les avantages comparatifs du pays.
1 - Modèle de Krugman
L’écart technologique entre les pays constitue le déterminant du Commerce International. Les pays en avance exportent des biens intensifs en nouvelles technologies et importent des pays les moins avancés technologiquement des biens dont la production requiert des technologies banalisées. Le Commerce International devient temporairement indépendant des rapports de coûts et s’explique avant tout par l’innovation.