Théories Monistes de la Peine et Leurs Critiques
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Théories Monistes de la Peine
Il y a un certain nombre de théories qui ont été élaborées en tenant compte uniquement du critère de la réparation des dommages causés, d'autres du critère de la prévention, et d'autres des deux (appelées théories mixtes).
1. Théories Rétributives ou Absolues
Principalement représentées par Kant, Hegel et Binding. Les théories rétributives ou absolues supposent que la peine est justifiée par elle-même, la fin recherchée étant la réalisation de la justice. Par conséquent, elles renoncent à toute autre fin du droit pénal, car elles estiment que chercher un autre but que la réalisation de la justice revient à manipuler les gens, c'est-à-dire utiliser l'homme pour accomplir ou atteindre un objectif proposé par l'État. Pour les représentants de cette théorie, l'homme est l'être suprême et maître de son destin, et en tant que tel, cet être supérieur choisit la peine infligée pour sanctionner la commission d'une faute, à l'image de ce qui se passe dans le domaine de la religion.
- a. Kant, dans son célèbre impératif catégorique, affirme que l'idéal de justice n'est atteint que par l'imposition de la sanction, à tel point que si une société civile devait être dissoute immédiatement et qu'il restait une peine pénale en cours, cette peine devrait être imposée, même dans cette circonstance, car c'est notre manière de réaliser la justice.
- b. Hegel affirme que la loi établit le devoir, et que la criminalité est la négation du droit. La peine est la négation du crime. En fin de compte, l'imposition de la sanction est un retour à la loi, une réaffirmation.
- c. Binding est plus simple : pour lui, il s'agit de réaffirmer la primauté du droit, manifestant la puissance de l'État envers le citoyen.
2. Théories Relatives (Prévention)
Partent toutes du principe que le seul but du droit pénal est la prévention. Comme les théories absolues ou rétributives, ce sont des théories monistes, car elles sont basées sur une seule fin.
a. Théories de Prévention Générale
Sont soutenues par les auteurs qui affirment que la peine s'adresse à tous les destinataires de la norme. Sous peine de sanction, tous les membres de la société sont dissuadés de commettre le crime. La peine agit généralement sur les personnes qui n'ont pas commis de crime.
Prévention Générale Positive
Les auteurs qui la défendent disent que la punition sert de facteur de cohésion sociale et de réaffirmation de la règle, ce qui se manifeste dans la conscience collective. Il y a un certain nombre de valeurs (propriété, etc.) qui sont protégées de telle sorte que lorsque la règle qui protège ces valeurs est violée, la conscience collective est réaffirmée dans la protection de ces valeurs, c'est-à-dire que la norme est réaffirmée par l'application de la peine.
Prévention Générale Négative
Elle se manifeste par l'intimidation (menace). On pense que la punition sert cette fonction d'intimider, de menacer le sujet ; nous apprenons par un mécanisme rapide.
b. Théories de Prévention Spéciale
Soutiennent que la finalité de la peine agit sur les individus qui ont commis un crime afin d'éviter qu'ils n'en commettent d'autres.
Prévention Spéciale Positive
S'identifie à ce que nous appelons la resocialisation, tenter de récupérer l'individu qui a commis une infraction afin qu'il puisse vivre en société à l'avenir (cette personne a besoin d'un traitement pour pouvoir réintégrer la coexistence sociale à l'avenir).
Prévention Spéciale Négative
Concerne les individus qui ne sont pas récupérables, resocialisables, selon leurs caractéristiques, les circonstances ou l'environnement dans lequel ils vivent. Au lieu de la resocialisation, ce qui est prévu est la neutralisation (les mettre à l'écart pour un temps afin d'éviter qu'ils ne commettent des crimes pendant cette période). Il faut faire la différence entre une incapacité permanente (comme la peine de mort, l'emprisonnement à vie) et l'incapacité temporaire (comme une peine de prison d'un certain nombre d'années). Ce type de délinquants, considérés comme absolument coupables, sont mis à l'écart de la société. D'un autre côté, il y a un autre type de criminels : les terroristes, les criminels de conviction, qui ont commis un acte criminel par manifestation idéologique et pour qui l'emprisonnement est une intronisation de l'idéologie. Ce type de criminels va à peine subir un traitement psychologique en prison. Il est également nécessaire de distinguer le criminel en col blanc qui profite des affaires socio-économiques pour commettre un crime. Ces délinquants présentent un profil instruit, cultivé, parfois même philanthrope. Pour cette section de la société, la resocialisation au sens strict n'est pas particulièrement efficace. Dans les affaires socio-économiques, il doit y avoir un changement ; il faut traiter le délinquant d'une manière particulière, pas comme un délinquant ordinaire. Un traitement approprié impliquerait un processus public et son emprisonnement. En général, ce qui est fait est la neutralisation, ce qui se heurte à ce que la Constitution sous-entend dès lors qu'il y a un mandat qui interdit d'autres moyens que ceux de la rééducation. Il y a des limites juridiques à l'exécution de la peine ; le juge ne peut pas l'éviter, car cela irait à l'encontre de la Constitution. Les peines privatives de liberté doivent être destinées à la réhabilitation.
Critiques des Théories Monistes
1. Critiques des Théories Absolues
- On peut dire qu'il s'agit d'un type de théories qui ont pour point de départ le principe de la culpabilité. Elles supposent que l'on est coupable d'un mauvais résultat de l'élection, que l'on a le libre arbitre. Mais les critiques disent que cela est scientifiquement impossible à vérifier et donc toute la théorie vacille, même s'il n'est pas possible de prouver scientifiquement le contraire.
- Ces théories ne tiennent pas compte d'une question fondamentale : le besoin de punition. La question de savoir si l'État doit nécessairement recourir à la peine pour punir les coupables n'est pas discutée.
- Mettre le principe de la faute comme pierre angulaire de la théorie du droit pénal donne une idée un peu fausse de l'auteur, car il présente l'homme comme étant le mal et la peine comme un moyen de punir d'un côté et de récompenser de l'autre, sur la base de la manière dont l'imposition de la sanction répare les dommages.
- Une autre critique est que la notion de rétribution donne carte blanche au législateur, car elle confère au législateur ou à l'État trop de pouvoir. Ainsi, au nom de cette rétribution, on court le risque de permettre des abus pour tout justifier, et de colorer la peine de moralité.
2. Critiques des Théories Relatives
a. Critique de la Prévention Générale Négative
- Peut difficilement justifier la nécessité et la vitalité de la peine de mort.
- Malgré l'existence de la peine de mort, de nombreux crimes variés continuent d'être commis. La réalité est que, malgré les tentatives d'intimidation, cette resocialisation n'a pas eu lieu. C'est un usage disproportionné de la sanction.
- À un moment donné, il a été avancé que l'immédiateté de la sanction était plus efficace, car l'intimidation est plus élevée.
- On sait très peu de l'efficacité préventive de la peine, car l'homme a des problèmes très complexes à résoudre. La plupart du temps, il y a une plus grande motivation pour accomplir l'acte criminel que la crainte de l'imposition de la sanction. (Par exemple, deux amis qui décident de faire une course pour voir qui arrive le premier à un endroit. Dans ce cas, la motivation de gagner est plus grande que la crainte d'être punis, car ils pensent qu'ils paieront l'amende et s'en sortiront). Cela signifie que le crime ne se soucie pas des peines plus sévères, qui n'ont pas un effet réel, et on ne peut pas expliquer pourquoi. Pour cette raison, on est parfois indifférent à la réduction ou à l'augmentation de la peine de prison.
b. Critique de la Prévention Générale Positive
- Elle est décrite comme technocratique et non critique de la mode sociale. En tout cas, elle a critiqué le fonctionnement du système, mais sans le remettre en question.
- La renonciation à cette fin de la peine, qui est une fonction de base du droit pénal : la protection effective des droits juridiques. Selon les promoteurs de ces théories, la peine est imposée car il est prévu que le système fonctionne, et ils ne se soucient pas de savoir si les droits juridiques sont protégés ou non derrière cette règle créée pour faire fonctionner le système. En conséquence, la fonction de base pour les promoteurs de cette théorie est la poursuite de la création d'un sentiment de sécurité ou de confiance que l'État a tout sous contrôle.
- Un système qui vise l'affirmation de l'idéologie d'État ou d'un système social met toujours la préservation du système au-dessus des valeurs, des droits et garanties des citoyens.
- Sur cette dernière prémisse, l'ordre de la peine fondé sur cette prévention générale positive signifie renforcer l'intervention et non limiter l'intervention du gouvernement. Elle réclame la fidélité à la loi et la confiance dans le système. Si c'est juste cela qui vaut la peine d'être poursuivi, nous allons abandonner d'autres objectifs importants tels que la réhabilitation du délinquant, la réalisation de la justice. Et bien sûr, cela redevient aussi un pur rétributivisme, tant que le délit est passible d'une simple sanction pour un fait contraire à la règle, s'opposant à la loi.
c. Critiques de la Prévention Spéciale Positive
- C'est une contradiction dans un système pénal qui tourne autour de la peine de prison d'utiliser le mécanisme d'emprisonnement pour obtenir la réhabilitation de celui qui a commis un crime.
- De plus, dans un droit pénal orienté vers la resocialisation, dans les cas où des crimes sont considérés comme irremplaçables (tels que le parricide, les crimes contre l'humanité...), on ne peut justifier l'application de cette resocialisation, car il n'est pas nécessaire de prévenir les crimes futurs (on ne peut pas tuer ses parents deux fois, par exemple, dans le cas de parricide).
- Elle s'oppose également à la resocialisation dans les cas où les sociétés sont organisées de manière injuste. Dans ces cas, la réinsertion sociale peut viser à obtenir l'adhésion conformiste au système qui impose la peine et contre lequel ils se sont rebellés.
- La base sur laquelle appliquer les traitements est celle du danger posé par l'individu, et selon le degré de danger, d'autres mesures sont appliquées. Le problème est que le degré est parfois inexact. Baser la resocialisation sur le traitement manque dans de nombreux cas de prévisibilité, ce qui peut nous amener à appliquer un traitement disproportionné et parfois erroné.
d. Critique de la Prévention Spéciale Négative
- Quant à la prévention spéciale négative (neutralisation), qui concerne l'individu qu'il est impossible de resocialiser, un large secteur de la doctrine la critique du point de vue éthique. Cette finalité de la peine est interdite par notre Constitution et constitue des traitements dégradants et inhumains.