Théories de la motivation et conduites à risques en EPS

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1. Expliquer les différentes théories de la motivation

La motivation est l'ensemble des processus psychologiques qui déterminent le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement dans des tâches ou dans des situations données. Ressources personnelles du sujet :

  • L'effort
  • Le temps
  • Le talent
  • L'argent
  • La persévérance dans l'APS choisie

Les principaux indicateurs de l'investissement personnel :

  • La direction : choix fait par un élève de s'investir dans une activité physique et sportive ou dans une tâche motrice particulière.
  • L'intensité : Quantité de ressources affectée par l'élève à la réalisation d'une tâche motrice.
  • La persévérance : Tendance à continuer ou à s'acharner dans une direction donnée, pendant une période de temps plus ou moins grande, malgré les difficultés rencontrées.
  • La motivation continuée : Tendance à retourner vers une activité ou vers une tâche en dehors du contexte initial dans lequel les sujets les ont initialement effectuées.

Théories homéostasiques

L'homéostasie est la tendance de l'organisme à maintenir constant son milieu intérieur, malgré les changements de son environnement. Dans un système homéostasique, une variable est comparée à un standard, puis est soumise à nouveau à comparaison, et ainsi de suite. Analogie avec le fonctionnement des thermostats des radiateurs domestiques.

Un besoin non satisfait entraîne un état de tension, générant une tendance à déclencher une activité instrumentale, dans le but de réduire la tension. (Hull 1943) Si la théorie homéostasique peut s'appliquer à la satisfaction des besoins physiologiques, elle ne peut prendre en considération certains comportements, fréquents dans le domaine sportif, qui cherchent au contraire à accroître l'état de tension (prise de risque, compétition, etc…)

Théories de l'optimum

En opposition à la logique purement réactive et subie de la théorie homéostasique, des chercheurs vont mettre l'accent au contraire sur le caractère proactif et volontaire du comportement motivé. C'est-à-dire que le comportement est dirigé intentionnellement vers la réalisation de standards construits, dépendants à la fois de caractéristiques individuelles et des données situationnelles.

Théories d'expectation-valence

Ce terme désigne un ensemble de modèles psychologiques, qui postulent que l'évaluation d'une situation, et les décisions qui en dérivent, sont fonction d'une part des attentes concernant la nature du résultat (expectation), et d'autre part des valeurs de ce résultat pour le sujet (valence).

La tendance à rechercher le succès dans une tâche est proportionnelle au produit de la probabilité subjective de succès (expectation) et de la valeur incitative du succès (valence). Le modèle d'expectation-valence a profondément marqué les théories de la motivation notamment le domaine de la motivation d'accomplissement.

Dans la théorie de Hull, le besoin correspond à un écart physiologique, par rapport à une valeur idéale. Il s'agit de besoins primaires (faim, soif, sexualité…) destinés à assurer la survie de l'individu ou de l'espèce, qui peuvent difficilement expliquer l'ensemble de l'activité humaine. On peut noter néanmoins que dans certaines théories biologiques de la personnalité est postulée l'existence de besoins primaires comme la recherche de sensation ou de stimulation. De nombreux auteurs ont distingué besoins physiologiques et psychologiques. Ex : théorie des besoins de Maslow.

2. Expliquer la motivation d'accomplissement

La motivation est une variable censée rendre compte :

  • De la direction du comportement (sélection d'une tâche, centration de l'attention, etc.)
  • De l'intensité du comportement :
    • L'effort fourni
    • La persévérance face aux obstacles
    • La concentration (l'engagement cognitif)

En EPS, l'élève peut être motivé par plusieurs objectifs (jouer, être avec ses amis, apprendre de nouvelles techniques, avoir de bonnes notes, etc.). Une des raisons importantes de sa motivation concerne l'« accomplissement ». Aujourd'hui, les psychologues contemporains estiment que ce qui motive l'individu dans les contextes comme l'école ou le sport c'est la compétence.

4 idées fortes :

  1. La recherche de la compétence. L'un des buts prioritaires des individus dans les situations telles l'école ou le sport est de : témoigner ou manifester, à soi ou aux autres, une compétence élevée, et éviter de faire preuve d'incompétence.

  2. Deux buts d'accomplissement liés à la compétence. Il y a deux manières de se sentir compétent : Les expériences d'apprentissage, de résolution de problèmes, de meilleure compréhension des choses peuvent procurer un sentiment de compétence.

    • Un but de maîtrise (ou but d'apprentissage, ou implication dans la tâche) Le sentiment de compétence repose sur des critères personnels (sa propre performance) et sur un processus de comparaison temporelle. Le sujet poursuit des buts de maîtrise s'il s'agit pour le sujet de « faire la démonstration de progrès personnel et d'apprentissage ». On parle d'investissement sur la tâche. Avec un but de maîtrise, les individus pensent que plus ils font des efforts, plus ils apprennent : effort et compétence « co-varient ». L'impression d'avoir donné son maximum procure un sentiment de compétence.
    • Progrès et maîtrise personnelle peuvent ne pas suffire pour se sentir compétent. Certains ont un besoin de faire la démonstration qu'ils sont les meilleurs. Un but impliquant l'Ego (ou but de résultat, but de compétition) Il y a but impliquant l'Ego chaque fois que l'individu est préoccupé de son positionnement par rapport aux autres : quand il veut démontrer sa compétence ou dissimuler son incompétence. Le sujet poursuit des buts compétitifs s'il est motivé pour faire la démonstration de son habileté par une comparaison sociale : il s'agit de « faire la démonstration d'une supériorité vis-à-vis des autres ». On parle d'investissement sur soi. Les questions que l'individu se pose : où je me situe par rapport à la norme ? Suis-je bon ? Suis-je ridicule ? Avec un but impliquant l'Ego, le sentiment de compétence repose sur des critères externes (la performance des autres), et sur un processus de comparaison normative. Avec un but impliquant l'Ego, on peut avoir appris et ne pas se sentir compétent parce qu'on reste en dessous de la norme. Avec un but impliquant l'Ego, on peut se sentir compétent quand on obtient le même résultat que les autres, mais avec moins d'effort : Effort et compétence varient en sens inverse. L'effort est considéré comme une « épée à double tranchant » : d'un côté il peut aider à augmenter sa performance, mais d'un autre il signale encore plus l'incompétence en cas d'échec. Certains élèves préfèrent ne pas faire d'effort … plutôt que d'en faire et d'échouer.
  3. Les buts d'accomplissement sont reliés à des comportements particuliers. La motivation des individus qui poursuivent un but impliquant l'ego dépend de leur compétence perçue. Compétence perçue = perception assez stable que l'individu a de lui-même, relative à son niveau dans une activité. Quatre groupes d'élèves de collège sélectionnés sur la base du but qu'ils poursuivent préférentiellement en EPS (ego vs maîtrise) et de leur compétence perçue dans l'activité (élevée vs faible) : Ego- Compétence perçue élevée/Ego- Faible compétence perçue/Maîtrise- Compétence perçue élevée/Maîtrise- Faible compétence perçue Ces sujets sont placés dans des situations expérimentales conformes au but qu'ils poursuivent préférentiellement.

    • Sujet maîtrise à Cours particulier
    • Sujet Ego à Compétition, prestation filmée

    Motivation d'accomplissement et sélection d'un niveau de difficulté en situation de libre choix.

    Objectif pour les sujets : Choisir et escalader une voie parmi 5 de niveau différents (très facile - facile - moyenne- difficile - très difficile) .

    Motivation d'accomplissement et persévérance après un échec.

    Objectif pour les sujets : s'entraîner avant de passer un deuxième test (parcours chronométré en basket) quand le premier parcours n'a pas été bon.

    Motivation d'accomplissement et nature de l'information recherchée .

    Objectif pour les sujets : après le 2ème test, possibilité de choisir entre :

    • Une information objective (quel progrès ai-je réalisé ?)
    • Une information technique (comment progresser ?)
    • Une information normative (où je me situe par rapport à la norme ?)
    • Refus de toute information (partir tout de suite)
  4. Le but que poursuit un individu dépend à la fois :

    • De sa personnalité (facteur dispositionnel).
    • Du contexte (facteur situationnel).

    Les facteurs dispositionnels (personnalité) Il existe des différences individuelles dans la tendance à poursuivre de manière privilégiée un but particulier. On parle d'« orientations d'accomplissement » … Vers la maîtrise ou vers l'ego.

    Les facteurs situationnels . Un but impliquant l'Ego a plus de chance d'être induit :

    • Quand les tâches sont présentées comme des tests (faisant référence à des normes).
    • Dans un contexte de compétition (feed-back normatifs).
    • Dans toutes les situations qui augmentent la « conscience de soi »

    Un but de maîtrise a plus de chance d'être induit par des contextes :

    • Qui offrent des tâches de niveau de difficulté adapté aux possibilités de chacun.
    • Par des feed-back qui insistent sur l'investissement et les progrès.
    • Quand on réduit tout ce qui peut miner l'apprentissage en lui-même (récompenses…)

    En définitive … que faut-il faire pour faciliter la motivation des élèves en EPS ?

    • Diminuer tout ce qui peut susciter un but impliquant l'Ego
    • Susciter des buts de maîtrise

3. Approche psychanalytique des jeux de vertige

Selon Quinodo

Vertige : entre angoisse et plaisir selon Danielle Quinodoz Chaque pratique sportive pourrait être mise en relation avec une forme de vertige, donc de plaisir. Selon elle, le vertige n'est pas une maladie. Il est un symptôme de troubles psychiques présents chez les sujets qui ont des difficultés à gérer leurs relations aux objets. Il puise sa source dans la relation du petit enfant avec sa mère, en particulier dans les processus de différentiation mère/enfant.

  • Vertige par fusion : au vertige par fusion correspond le plaisir de se sentir exister dans la différence. « C'est l'équipe qui gagne ou perd mais grâce à l'action ou la faute de tel joueur. »
  • Vertige par lâchage correspond le plaisir de désidéaliser l'objet contenant ou porteur. « Le lâchage est dans un mouvement positif de séparation et de retrouvailles.
  • Vertige par aspiration : Le plaisir de ne pas se laisser aspirer, emprisonner par l'objet interne peut s'exprimer corporellement par le plaisir de se laisser aspirer par l'eau et ses contenus, en sachant que cet emprisonnement demeure provisoire et maîtrisable.
  • Vertige par alternance prison-évasion.

L'alternance devient intégration dans le monde psychique (vivre dans un petit bateau au milieu de l'océan.)

L'alternance devient intégration dans la durée. Il n'y a plus apposition entre la continuité de l'objet et sa capacité de changement (neige, mer, vent changeant)

4. Les conduites à risques dans les APS

Dans sa dimension pathologique, engagement délibéré et répétitif dans des situations dangereuses, pour soi-même et éventuellement pour les autres, comportement non imposé par des conditions de travail et d'existence, mais recherché activement pour l'éprouvé de sensations fortes, du jeu avec le danger et souvent la mort.

Comportement :

  • Recherche du frisson, du vertige, de la défonce ou de la sensation intense. Elles se traduisent ensuite par l'impulsion à rechercher par tous les moyens ce plaisir instantané, quasi magique.
  • Bénéfices de la mise en danger de soi qui l'emportent sur les coûts des risques pour soi ou pour l'autre, et qui sont en général connus mais pas toujours reconnus.
  • L'affaiblissement de la perception du risque, qui est parfois amplifiée par les groupes de socialisation qui banalisent les risques liés aux conduites dont ils sont coutumiers.
  • Une fonction de résolution de conflits psychiques liés aux besoins personnels de dépendance et d'autonomie au cours de l'adolescence (expression de soi, intégration dans un groupe d'affiliation, …)

La prise de risque devient subie, plus que choisie, au fur et à mesure que s'installe une conduite compulsive qui reproduit la prise de risque dans un système organisé : la dépendance pour les addictions, le comportement de contrôle pour les troubles des comportements alimentaires, etc.

Causes des conduites à risque et ordalie

  • Relâchement des liens sociaux et culturels et d'une suprématie de l'individu sur le collectif.
  • Absence de rites initiatiques dans la culture occidentale conduisant à des rites individuels de passage.
  • L'environnement social et culturel de notre société occidentale ne lui permet plus de s'identifier ni même d'être identifié et reconnu par la société.
  • Déconnexion avec la spiritualité.

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