Transformation de l'agriculture et de l'élevage en Espagne
Classified in Géographie
Written at on français with a size of 8,53 KB.
L'agriculture espagnole
L'agriculture traditionnelle espagnole, basée sur la polyculture, l'élevage et des techniques manuelles, se caractérisait par de faibles rendements et une production essentiellement destinée à l'autoconsommation. Aujourd'hui, le secteur agricole a subi des transformations majeures en termes de structure et de production, permettant une augmentation significative des rendements et une orientation vers le marché.
a) Modifications structurelles
- Spécialisation des exploitations
- Intégration de techniques modernes : mécanisation accrue (tracteurs, moissonneuses…), parfois surdimensionnée par rapport aux besoins des exploitations en raison du faible développement des coopératives.
- Augmentation de l'utilisation de pesticides et d'engrais
- Recours aux semences sélectionnées et cultures spécifiques
- Adoption de nouvelles techniques comme le paillage plastique, le sablage (préparation du terrain avec une couche de fumier recouverte de sable pour retenir l'humidité et fertiliser), la culture sous serre (structures recouvertes de plastique créant un microclimat favorable) et la culture hydroponique (culture hors-sol).
- Développement de l'agriculture intensive grâce à l'expansion de l'irrigation et la réduction de la jachère.
Agriculture irriguée
L'irrigation, parfois intensive (sous serre ou en plein air), permet d'obtenir deux à trois récoltes par an. Dans d'autres cas, de vastes systèmes d'irrigation permettent une seule récolte annuelle, mais avec des rendements plus élevés. La répartition spatiale de l'irrigation est inégale : elle est rare au nord et plus répandue dans le bassin méditerranéen.
L'irrigation intensive présente des avantages économiques (augmentation des revenus, de la demande, de la population et de l'immigration), mais aussi des inconvénients : utilisation de systèmes inadaptés et consommateurs d'eau, surexploitation des ressources hydriques et impacts environnementaux (déforestation, utilisation accrue d'engrais…).
Des solutions sont mises en œuvre, comme le Plan national d'irrigation Horizon 2008, visant à irriguer 228 000 hectares et à améliorer les systèmes d'irrigation (goutte-à-goutte, aspersion) pour réduire les pertes d'eau (souvent de 50% par fuite). La réutilisation des eaux traitées est également envisagée.
Agriculture extensive et jachère
La jachère, pratique consistant à laisser une terre en repos pour restaurer son humidité, a diminué au profit de l'irrigation et de l'introduction de cultures de printemps et d'engrais. L'UE subventionne la jachère dans les zones excédentaires. Sa répartition spatiale est inégale : rare au nord, importante sur le Plateau.
b) Production agricole
L'agriculture représente 61,4% de la production agricole finale (2003). Ses composantes ont évolué :
- Céréales (34,8% de la production) : les céréales destinées à l'alimentation humaine (riz, blé) perdent du terrain face à celles destinées à l'alimentation animale (orge, avoine, seigle, maïs), en raison de l'augmentation de la consommation de viande. La plupart des céréales sont cultivées en zone sèche, sauf le maïs et le riz qui nécessitent beaucoup d'eau.
- Légumineuses (haricots secs, fèves, pois chiches, lentilles) : cultivées en Andalousie, Estrémadure et Castille, elles contribuent à la rotation des cultures en fixant l'azote dans le sol. Leur production, sauf pour les lentilles, a fortement baissé, d'où les subventions de l'UE.
- Vigne : cultivée dans les zones arides (Castille-La Manche, Rioja), elle produit des raisins pour la consommation et le vin. Les faibles rendements et les excédents de vin ont conduit l'UE à encourager l'arrachage des vignes et la plantation de variétés supérieures.
- Olivier : arbre résistant à la sécheresse, cultivé à Jaén et Cordoue, il produit des olives de table et de l'huile. La production d'huile est variable (alternance de bonnes et mauvaises récoltes) et rencontre des difficultés (prix élevé, faible mécanisation, concurrence des huiles moins chères).
- Produits horticoles (légumes frais et conserves) : cultivés en zones irriguées (Méditerranée), sous serre ou en plein air. Les cultures irriguées méditerranéennes incluent aussi les agrumes, les fruits à noyau (Andalousie) et les bananes (Canaries). La production a augmenté avec le niveau de vie.
- Floriculture : en plein essor aux Canaries et en Catalogne.
- Cultures industrielles (tabac, coton, betterave sucrière, tournesol) : cultivées en Castille-La Manche, Andalousie et Estrémadure. L'UE ne limite pas leur production (sauf pour le coton et le tabac).
- Cultures fourragères (luzerne…) : destinées à l'alimentation animale, elles sont concentrées dans la moitié nord (zone plus humide).
L'élevage espagnol
L'élevage traditionnel, basé sur la coexistence de races locales dans de petites exploitations et des systèmes extensifs (pâturages naturels, transhumance), était peu productif. Aujourd'hui, des transformations structurelles et productives ont permis d'augmenter les rendements.
a) Changements structurels
- Spécialisation dans la production de viande ou de lait, avec remplacement des races locales par des races étrangères et quasi-disparition des races mixtes. L'UE subventionne le rétablissement des races indigènes.
- Modernisation et agrandissement des exploitations (augmentation du nombre de têtes), avec des rendements en hausse.
- Développement de l'élevage intensif (stalles, mixte) au détriment de l'extensif (nord de la péninsule). L'élevage intensif, indépendant des conditions physiques, utilise des aliments spécifiques.
Malgré ces progrès, l'élevage espagnol rencontre des difficultés :
- Pénurie d'aliments pour animaux (faible pluviosité, sauf au nord), dépendance aux aliments importés, augmentation des coûts de production. Solution : encourager les cultures fourragères en zones irriguées.
- Taille des exploitations encore insuffisante malgré la concentration croissante.
- Forte concurrence et excédents au sein de l'UE, quotas de production pour certains produits (lait, viande de veau).
b) Production animale
La production animale a fortement évolué et sa part dans la production agricole finale a augmenté grâce à la mécanisation, la conservation des sols et l'amélioration de l'alimentation humaine.
- Bovins (lait et viande) : production laitière intensive et moderne (traite, insémination) dans le nord et en périphérie des villes. Bétail à viande en zones de montagne (système extensif). Problèmes : excédents de l'UE, quotas de production, concurrence.
- Ovins (viande, lait pour le fromage Manchego) : élevage à l'est et au sud. Trois systèmes : transhumance (en déclin), élevage complémentaire à l'agriculture (rendements variables), élevage intensif en stabulation (rendements élevés). Problème : troupeaux vieillissants et de mauvaise qualité. Subventions de l'UE pour l'élevage extensif, la mécanisation et la modernisation.
- Porcins (viande fraîche et charcuterie) : élevage intensif et industriel en Catalogne (importation d'aliments), élevage extensif traditionnel en Estrémadure et Salamanque. Problème : fortes fluctuations des prix dues aux excédents et aux importations.
- Volailles (viande et œufs) : élevage en Catalogne, Castille-et-León et Aragon, avec races étrangères et aliments spécifiques. La production de poulet est sensible aux variations de la demande, contrôlée par des quotas. Consommation croissante de viande d'autruche.
Les forêts espagnoles
Les terres forestières espagnoles couvrent environ 17 millions d'hectares, dont 14 millions de zones boisées (feuillus : hêtres, chênes, eucalyptus ; résineux : pin d'Alep). La production est destinée aux scieries, placages, pâte à papier, liège et résine. Principales zones : nord de la péninsule et Huelva. La production a augmenté grâce à l'introduction d'espèces à croissance rapide, mais reste insuffisante (importation de 25% du bois consommé).
Problèmes : déforestation (exploitation, incendies), pluies acides, maladies. Solutions : protection des forêts, boisement, valorisation des espaces forestiers pour les loisirs.