Transition démocratique espagnole : de la dictature à la démocratie

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La Transition Démocratique Espagnole

1. Début de la Transition (1975-1977)

En novembre 1975, Juan Carlos Ier est proclamé roi d'Espagne. Le peuple espagnol entame alors une période de transition de la dictature vers une constitution démocratique. Ce processus, appelé Transition démocratique, est considéré comme un modèle de changement pacifique et consensuel.

La nouvelle monarchie, légitimée par le régime franquiste, contrôle l'armée, l'administration et l'application des lois. Dans son discours de proclamation, Juan Carlos Ier appelle à l'harmonie, à la volonté démocratique, à la réconciliation, à la tolérance, à la liberté et à la reconnaissance des particularités régionales.

Juan Carlos Ier nomme Torcuato Fernández Miranda à la tête des tribunaux et du Conseil privé, et Carlos Arias Navarro comme président du gouvernement. Ce gouvernement comprend des ministres réformistes comme Manuel Fraga, José María de Areilza et Antonio Garrigues Díaz-Cañabate, ainsi que deux figures alors moins connues : Adolfo Suárez et Rodolfo Martín Villa.

L'année 1976 est marquée par des grèves touchant les usines, les services publics et les communications. En Catalogne et au Pays basque, des centaines de milliers de citoyens se mobilisent pour l'autonomie. L'ETA poursuit ses attaques contre les forces de l'ordre. Arias Navarro, incapable de gérer la situation et les problèmes d'ordre public, perd la confiance du roi.

Face à la lenteur des réformes, l'opposition démocratique s'unit en mars 1976, réclamant une amnistie générale pour les prisonniers politiques, la légalisation des partis et syndicats interdits, la défense des libertés et la tenue d'élections libres. Sous pression et sans le soutien du roi, Arias Navarro démissionne le 1er juillet.

2. La Réforme Politique d'Adolfo Suárez

En juillet 1976, Adolfo Suárez est nommé à la tête du gouvernement. Malgré le scepticisme de l'opposition, Suárez instaure rapidement une plus grande tolérance envers la démocratie. Il accorde une amnistie générale et établit des contacts avec Felipe González, Santiago Carrillo et les CCOO.

En septembre 1976, le projet de loi pour la réforme politique, conçu par Torcuato Fernández Miranda, est présenté. Ce projet vise à changer le système politique et à organiser des élections. La loi est adoptée le 18 novembre et approuvée par référendum le 15 décembre 1976 avec 94 % des voix et une participation de 77 %.

Les mois suivants sont marqués par des provocations de l'ETA. L'attentat de la rue Atocha, en janvier 1977, provoque une immense émotion populaire. Cet événement tragique contribue à la légalisation du Parti Communiste d'Espagne (PCE) en avril 1977, un acte politique habile d'Adolfo Suárez.

3. L'Étape Constituante (1977-1979)

Le pluralisme politique étant garanti, les partis se préparent aux premières élections démocratiques depuis 1936, qui se tiennent le 15 juin 1977. L'Union du Centre Démocratique (UCD), coalition centriste menée par Adolfo Suárez, remporte la victoire, suivie du PSOE de Felipe González, du PCE et de l'Alliance Populaire.

Le gouvernement UCD a deux tâches principales : élaborer une nouvelle constitution et redresser la situation économique. Les accords de Moncloa, signés en octobre 1977, visent à réduire l'inflation et à engager des réformes fiscales, sociales et des entreprises publiques. Ils limitent également les augmentations de salaires. Les accords de Moncloa contribuent à la baisse de l'inflation, à l'augmentation de la productivité et à l'amélioration du climat social.

Un consensus entre les forces politiques et sociales permet l'élaboration et l'adoption de la Constitution de 1978. Approuvée par référendum le 6 décembre 1978, elle définit l'Espagne comme un État social et démocratique de droit, reconnaît les droits civils, limite les pouvoirs de la Couronne, organise la séparation des pouvoirs et garantit des droits sociaux tels que l'éducation, la santé et l'égalité entre hommes et femmes.

4. La Démocratie Menacée (1979-1982)

Les premières années de la démocratie sont menacées par le terrorisme et une tentative de coup d'État militaire. L'ETA intensifie ses actions et Herri Batasuna obtient plus de 15 % des voix aux élections. D'autres groupes terroristes, comme le FRAP et les GRAPO, cherchent à provoquer un coup d'État militaire.

L'UCD remporte à nouveau les élections générales de mars 1979. Le PSOE remporte les élections municipales, notamment grâce à un accord avec le PCE. Plusieurs facteurs, dont les statuts d'autonomie et les divisions internes, affaiblissent Suárez et son gouvernement. En janvier 1981, sous la pression de l'opposition et de l'armée, Adolfo Suárez démissionne.

Leopoldo Calvo-Sotelo est désigné comme successeur. Le 23 février 1981, lors du vote d'investiture de Calvo-Sotelo, une tentative de coup d'État a lieu, avec la prise du Congrès par le lieutenant-colonel Tejero. Le coup d'État échoue et la démocratie est préservée. Calvo-Sotelo intègre l'Espagne dans l'OTAN et convoque des élections anticipées en octobre 1982.

Le PSOE obtient une large victoire aux élections de 1982, ouvrant une période de réformes économiques et politiques visant à consolider la démocratie et à intégrer l'Espagne dans le contexte européen et international.

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