La Transition Démocratique Espagnole : De Franco à la Constitution de 1978

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Transition Démocratique Espagnole

Après la mort de Franco, le 20 novembre 1975, et selon les règles qu'il avait établies, Juan Carlos Ier fut proclamé roi d'Espagne le 22 novembre. Commence alors une période clé de l'histoire de l'Espagne, appelée « Transition », qui durera jusqu'à la consolidation de la démocratie.

L'objectif du monarque est d'établir une démocratie moderne en Espagne. Il décide de ne pas reconduire Arias Navarro comme chef du gouvernement, ne le considérant pas comme le candidat idoine, et demande à Torcuato Fernández-Miranda de lui proposer une liste de candidats, parmi lesquels figure Adolfo Suárez.

En juin 1976, le roi nomme Adolfo Suárez président du gouvernement, ce qui suscite à la fois l'inquiétude du « bunker » (les nostalgiques du régime franquiste) et la méfiance des démocrates, Suárez étant perçu comme un homme du régime.

Dès sa première déclaration publique, Suárez clarifie l'intention de la Couronne : « aller vers une démocratie moderne », tout en sollicitant la coopération de tous les secteurs de la société. Il affirme que les futurs gouvernements devront être le « résultat de la libre volonté » des Espagnols (Doc.1).

Cette déclaration ouvre deux voies possibles pour la démocratisation : la rupture, prônée par les forces d'opposition, y compris le PCE, qui consistait à former un gouvernement provisoire sur le modèle du Pacte de San Sebastián, et la réforme, privilégiée par le gouvernement Suárez. Ce dernier s'attelle, en juillet et août 76, à l'élaboration d'un projet de loi sur la réforme politique.

En septembre, la loi est soumise à l'armée, qui l'accepte, malgré quelques réticences, à condition que le PCE soit exclu du processus. Quelques jours plus tard, la loi est présentée aux citoyens.

En novembre, les Cortes franquistes approuvent la loi pour la réforme politique, qui, entre autres mesures, établit la souveraineté du peuple et une nouvelle composition des Cortes, désormais bicamérales et élues au suffrage universel, le roi conservant le droit de nommer un certain nombre de sénateurs (Doc.2). Ces Cortes votent leur propre dissolution le jour même, ce qui leur vaut le surnom de « Cortes du Harakiri ».

Le 15 décembre, un référendum est organisé, et le peuple approuve le projet de réforme politique avec 94% de oui.

L'année 1977 est marquée par de nombreux changements politiques : en février, les partis politiques sont légalisés, à l'exception du PCE ; en mars, les syndicats sont légalisés et le droit de grève est réglementé ; en avril, le Mouvement National, parti unique du régime franquiste, est dissous et le PCE est légalisé le samedi saint, après que Santiago Carrillo a accepté trois conditions fondamentales pour apaiser les militaires : le respect de la monarchie, du drapeau et de l'unité de l'Espagne. En mai, Adolfo Suárez fonde l'UCD (Union du Centre Démocratique), qui se présentera aux élections du 15 juin. Pendant la campagne électorale (Doc.3), Suárez multiplie les promesses pour la réalisation de la démocratie (« ...rendre la souveraineté au peuple... normaliser la vie politique... avoir une place dans les tribunaux... »), ainsi que pour l'élaboration d'une constitution (« Je promets et je jure... de tenter de rédiger une constitution et je vous promets... je vous promets un cadre juridique... »).

L'UCD obtient une majorité relative aux élections, et Adolfo Suárez forme le premier gouvernement démocratique depuis la guerre civile, basé sur le dialogue, qui caractérisera toute la période des gouvernements UCD (1977-1982). Les Cortes ont pour objectifs principaux de résoudre la situation économique désastreuse du pays en prenant une série de mesures contenues dans les Pactes de la Moncloa – « Soit les démocrates en finissent avec la crise, soit la crise en finira avec la démocratie », selon les mots du ministre de l'Économie – et d'élaborer une constitution.

Un groupe de sept représentants de différents partis politiques est chargé de rédiger un projet de constitution, en veillant à maintenir le consensus à chaque étape. L'objectif principal est que la Constitution soit celle de tous et pour tous. Une fois le projet terminé, les partis politiques, à l'exception des nationalistes basques et galiciens, appellent le peuple espagnol à voter OUI au référendum qui se tient le 6 décembre 1978. La Constitution est approuvée par une large majorité.

Cette Constitution établit comme principe directeur que l'Espagne est « ... un État social et démocratique de droit... », impliquant que toutes les branches du gouvernement doivent œuvrer pour le bien-être des citoyens. Elle consacre également la « souveraineté nationale », la forme politique de l'État espagnol comme « une monarchie parlementaire », la reconnaissance de l'Espagne comme un État unitaire et indépendant, le pluralisme politique et linguistique, ainsi qu'une série de droits et devoirs des Espagnols (Doc.4).

Difficultés et Consolidation

Mais cette voie vers la démocratie a été confrontée à de nombreux problèmes : les attaques constantes de groupes terroristes comme l'ETA, les actions violentes de l'extrême droite comme le massacre d'Atocha, et les tentatives de déstabilisation de certains secteurs militaires, qui cherchaient à imposer leur vision de la patrie et ont conspiré pour mener des actions telles que la tentative de coup d'État de l'Opération Galaxie, qui a échoué, ou le 23-F (23 février 1981), une attaque contre le Congrès des députés pour tenter d'imposer un coup d'État. L'intervention du roi le lendemain matin à la radio et à la télévision (Doc.5) a finalement convaincu les militaires putschistes de se rendre, et les membres du gouvernement ont été libérés sains et saufs. Le coup d'État a heureusement échoué, et la société espagnole est descendue massivement dans la rue pour défendre la démocratie et crier des slogans contre la dictature.

Après l'échec du coup d'État, l'esprit de consensus a repris le dessus, mais des divergences avec l'opposition de gauche sont rapidement apparues. De plus, l'UCD a traversé une crise profonde qui a conduit à sa désintégration. En octobre 1982, des élections anticipées ont été convoquées, au cours desquelles le PSOE a remporté une victoire écrasante à la majorité absolue (Doc.6), victoire à laquelle ont contribué la popularité de son leader, Felipe González, et une campagne électorale innovante. Ces élections ont marqué la fin du processus de transition, le pouvoir revenant à la gauche.

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