La Troisième République : Enracinement et Crises (1871-1899)

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L'Enracinement de la République

Après la signature de la paix, le Gouvernement provisoire devait partir. Cependant, grâce à la loi Rivet, les députés s'attribuent en effet le pouvoir constituant alors qu’ils n’avaient été élus que pour mettre fin à la guerre franco-prussienne, et octroient le titre de Président de la République à Thiers pour trois ans.

La priorité principale de ce Gouvernement était de libérer le territoire qui était encore occupé par les Allemands, et il y parvient grâce à deux emprunts (car il faut rappeler que les Allemands ne partiraient pas tant que toutes les dettes de guerre n'auraient pas été payées). À cause de ces emprunts, le Gouvernement doit augmenter les impôts pour essayer de redresser l’économie du pays. Des réformes sont également entreprises dans l’armée pour rétablir son statut. La politique de Thiers est favorable à l'établissement d’une République bourgeoise et modérée.

Les monarchistes, à ce moment-là, étaient convaincus d’être capables de rétablir la monarchie. Cependant, le 13 novembre 1872, Thiers rompt le pacte de Bordeaux et se détache des monarchistes en se ralliant officiellement à la République. À cause de cela, il sera renversé par le Parlement, qui avait une majorité monarchiste.

Mac Mahon et le Septennat

Mac Mahon devient le Président de la République.

Les Lois Constitutionnelles de 1875

Toutes les parties politiques participent à leur rédaction. Leur but était de donner au chef de l’État une durée suffisante pour réinstaurer la Monarchie, avec le Comte de Paris comme candidat principal. C'est pourquoi le septennat est instauré par la loi du 20 novembre 1873.

L'Amendement Wallon et la IIIe République

L'Amendement Wallon du 30 janvier 1875 introduit la République et prévoit l'élection du Président par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Congrès. C'est donc cette loi qui marque l’instauration véritable de la Troisième République.

Les trois lois fondamentales

  • Loi sur l’organisation du Sénat

  • Loi sur l’organisation des pouvoirs publics

  • Loi sur les rapports entre les pouvoirs publics

L’ensemble de ces lois constitutionnelles sont ratifiées le 16 juillet 1875 avec une large majorité, donnant enfin à la République une structure durable. Le pouvoir législatif est confié à deux chambres élues au suffrage indirect. (L'Assemblée nationale contrôle et peut renverser le Gouvernement).

C'était une Constitution de compromis ; elle ne servait qu'à installer la République, elle était provisoire. Le but était d’en rédiger une autre.

La République Opportuniste (1879-1885)

Définition et période clé

On appelle *opportunistes* les radicaux qui remettent à un moment plus opportun l'application de leur programme.

La République « opportuniste » est une période fondamentale pendant laquelle des principes républicains sont posés.

C'est la construction de la République, entre la prise de pouvoir par les républicains et l'éclatement de la crise Boulanger.

L'arrivée des Républicains au pouvoir

En 1879, le Président Mac Mahon démissionne. Jules Grévy lui succède, marquant la première fois qu'un républicain est élu Président de la Troisième République selon ses lois. Pour la première fois, les républicains prennent le pouvoir. Jules Ferry, figure majeure des républicains, prend une place prépondérante au gouvernement. Le Gouvernement de Jules Ferry sera très marqué par des questions essentielles : la laïcité et la colonisation.

Les lois scolaires de Jules Ferry

En 1881-1882, des lois votées à l’initiative du ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry, mettent en place une école gratuite, laïque et obligatoire de 6 à 13 ans. Ces lois permettent un accroissement de l’alphabétisation. Elles ont également pour but d'inculquer la même langue, le français (en délaissant les patois), ainsi que des connaissances historiques et géographiques et des valeurs communes.

La République face aux crises (1885-1899)

Le mécontentement sous le ministère Ferry

Sous le ministère Ferry, le mécontentement s'installe dans la société française (mécontentement de la droite comme de la gauche) à cause de sa politique, mais plus concrètement, de sa politique extérieure. Ferry voulait contrôler toujours plus de territoires coloniaux ; néanmoins, les Français voulaient récupérer l’Alsace-Lorraine. En 1885, il démissionne à cause d’une affaire coloniale (l'affaire de Lang Son). C'est alors que le général Boulanger va cristalliser le mécontentement de la droite et de la gauche contre le gouvernement.

Le Boulangisme : une menace populiste

Le général Boulanger, camarade de Clemenceau, a été nommé, sous l'influence de ce dernier, ministre de la Guerre. Avec son arrivée, il prend des mesures très radicales telles que le projet de service militaire ou l'amélioration du régime de permission. Avec son entrée dans le gouvernement, sa popularité a beaucoup augmenté ; il était plus populaire que Jules Grévy (Président de la République).

En 1887, à la suite de l’affaire Schnaebelé (une affaire d'espionnage), Boulanger menace d’intervenir militairement en Allemagne. À ce moment, il est perçu comme un va-t'en-guerre et est écarté du gouvernement.

En 1887, Jules Grévy se voit forcé de démissionner à cause d’une affaire de malversation impliquant son gendre (l'affaire des décorations). Boulanger décide de se présenter aux élections (ce qui était illégal car il était militaire). Cela entraîne sa radiation de l'armée, ce qui lui permet alors de se présenter légalement aux élections.

Il rassemble tous les opposants du régime au sein du Comité Républicain National, sans un projet clair. En 1888, il est élu lors d'élections partielles en Dordogne et un an après, il gagne aussi à Paris. À la suite de cette victoire, le peuple demande un putsch, mais il refuse et décide d'attendre les élections générales.

Cela a été sa grande erreur car il a donné du temps à ses ennemis. La Ligue des Patriotes est dissoute grâce à une loi contre les ligues, et il part en exil en Belgique pour éviter la prison.

L’Exposition universelle de 1889 le laisse dans l'oubli. La Tour Eiffel prend sa place et les opportunistes remportent les élections.

Il faut dire qu'il se présentait comme républicain pour avoir l’appui du peuple, alors qu'il était membre de la Ligue des Patriotes (extrême droite).

La République menacée par les scandales

Après l’échec de Ferry et jusqu'à l’affaire Dreyfus, c’est une période très compliquée pour la République, marquée par de nombreux scandales.

Le scandale de Panama (1892)

La Compagnie du canal de Panama est créée en 1879.

En 1885, Lesseps demande un premier emprunt car son idée initiale n’avait pas fonctionné. Le Gouvernement a alors dû rédiger une loi pour obtenir des fonds, loi qui a été votée en 1888. Néanmoins, la compagnie a fait faillite en 1892 et le scandale a été découvert cette même année dans le journal *La Libre Parole*. Il est révélé que certains avaient acheté la presse pour promouvoir l'emprunt, et que plus de 140 hommes politiques avaient été subventionnés au moment du vote de la loi. Même Clemenceau est impliqué, mais il n'y a pas de représailles. Cependant, l’affaire a eu un impact politique important, amenant la société française à se méfier des politiciens dès ce moment.

Les attentats anarchistes (1892-1894)

En France, contrairement à l'Espagne, peu de gens adhèrent à cette doctrine. Les anarchistes étaient composés de : prolétariat pauvre, une partie des intellectuels et différents milieux sociaux. Ils considèrent l’État comme coupable de tous les maux de la société, et ils le manifestent par des attentats à la bombe. À partir de 1895, ils délaissent les attentats et décident de prendre la voie syndicale.

Le renforcement du socialisme

Vers 1870, il avait presque disparu. Cependant, à la fin du XIXe siècle, il commence à se renforcer. Cette effervescence est très lente et le mouvement est divisé. Même s’ils étaient divisés, aux législatives de 1893, ils obtiennent un très bon résultat. Aux municipales de 1896, ils quadruplent leurs résultats et contrôlent de grandes villes comme Marseille ou Dijon.

Le ralliement de l'Église et l'« Esprit nouveau »

Le pape Léon XIII conseille à l’Église française de se rallier à la République pour assurer sa survie. Au début, la plupart des catholiques sont réticents, mais avec l’échec du boulangisme, qui était le dernier espoir de restaurer la monarchie, ils comprennent qu’il faut s’adapter et rejoindre la République.

Au début, le ralliement affaiblit la droite aux élections. Désormais, les Républicains progressistes vont tendre la main aux ralliés en créant l'« Esprit nouveau ».

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