La Troisième République Française : 1870-1914

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Naissance et Fragilité (1870-1879)

En septembre 1870, la IIIe République naît de la défaite face à la Prusse. Les premières années sont marquées par la fragilité du régime, dans une France agitée de sobresauts révolutionnaires. Les royalistes remportent les premières élections sans parvenir à rétablir la monarchie.

En vertu du traité de Francfort (1871), la France doit payer une énorme compensation à l'Empire allemand nouvellement créé et céder l'Alsace et le nord de la Lorraine, deux des territoires les plus industrialisés d'Europe. Néanmoins, la France s'est rétablie et est restée la troisième puissance industrielle d'Europe jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, bien qu'à une distance considérable du Royaume-Uni et de l'Allemagne. En même temps, elle a entrepris une grande expansion en Afrique et en Asie qui l'a transformée en le deuxième empire colonial du monde, dépassé seulement par l'empire britannique.

Sur le plan politique, la France n'a pas bénéficié de la stabilité du Royaume-Uni. Cependant, il y a eu des avancées significatives en matière de démocratie et de législation sociale depuis 1879. Mais il y a un domaine dans lequel la France a sans doute surpassé les autres pays européens entre 1870 et 1914, c'est celui de la culture et de l'art, avec Paris comme centre de l'avant-garde (l'impressionnisme ou le cubisme).

La Commune de Paris (1871)

Les bouleversements sociaux des premiers mois de la nouvelle République ont conduit à l'émergence de la Commune de Paris (18 mars - 28 mai 1871). C'était la première expérience de gouvernement ouvrier révolutionnaire en Europe. Mais les mesures qu'elle met en place ne sont guère efficaces, car après un peu plus de trois mois, elle est réprimée dans le sang par l'armée aux ordres du gouvernement républicain installé à Versailles.

L'impact de la Commune de Paris a dépassé les frontières de la France, car elle a servi de justification dans toute l'Europe pour réprimer le mouvement ouvrier en pleine expansion, et son échec a été l'une des principales causes de l'affrontement entre marxistes et anarchistes au sein de l'Association Internationale des Travailleurs.

La Phase Conservatrice (1871-1879)

Lors des élections à l'Assemblée nationale en février 1871, les monarchistes avaient remporté une majorité de sièges et ont ainsi pu prendre le gouvernement de la république provisoire. Bien qu'ils aient essayé de rétablir la monarchie, ils n'y sont pas parvenus en raison de dissensions entre eux et ont finalement dû accepter la république comme régime politique, présidée de 1873 à 1879 par le général Mac Mahon, un monarchiste ultraconservateur qui avait commandé les troupes envoyées pour mettre fin au gouvernement révolutionnaire de la Commune de Paris.

Tout ce qui précède explique pourquoi une constitution n'a pas été immédiatement promulguée pour définir le nouveau régime et pourquoi, à la place et pour la première fois, un ensemble de trois lois constitutionnelles a été choisi (1875), dont le contenu se limitait à réglementer les pouvoirs publics et les relations entre eux, avec des critères conservateurs : le pouvoir législatif était composé de la Chambre des députés et d'un Sénat, et les deux Chambres élisaient conjointement le Président de la République, qui disposait de pouvoirs étendus.

La Consolidation de la République (1879-1914)

En 1879, après des victoires électorales successives des républicains, qui se retrouvent avec une majorité à la fois à la Chambre des députés et au Sénat, le général royaliste Mac Mahon démissionne de son poste de président et le républicain modéré Grévy est élu. Cela a marqué le début d'une nouvelle phase dans le renforcement du régime républicain, qui a reçu une orientation plus démocratique et laïque :

a) L'enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïque a été établi.

b) La liberté de former des syndicats a été reconnue.

c) Diverses lois de protection sociale ont été adoptées (soins médicaux gratuits, aide aux enfants, assistance aux personnes âgées et handicapées, etc.)

d) La République s'est consolidée en tant que régime et a acquis un caractère plus démocratique grâce à la loi de 1884, qui a modifié les trois lois constitutionnelles de 1875. Et pour éviter de nouvelles tentatives de restauration monarchique, cette même loi a établi que la forme républicaine de gouvernement ne pouvait pas être soumise à révision et que les membres des familles qui avaient régné en France ne pouvaient pas être élus comme présidents de la République.

e) Il a été promulgué un ensemble de lois laïques, qui interdisaient ou limitaient le rôle de l'Église et du clergé dans différents domaines de la vie publique, jusqu'à la Loi de séparation de l'Église et de l'État (1905).

L'Affaire Dreyfus et la Fracture Idéologique

Cependant, dans la société française de la Troisième République, il existe une grande fracture idéologique, qui s'est manifestée dans l'affaire Dreyfus, laquelle a eu un grand impact sur l'opinion publique.

Alfred Dreyfus était un officier de l'armée qui, en 1884, a été dégradé et condamné à la déportation pour avoir été à tort accusé d'espionnage au service de l'Allemagne. Plus tard, il s'est avéré que l'espion au service de l'Allemagne était un autre officier, Ferdinand W. Esterhazy.

Mais le haut commandement de l'armée maintint la condamnation de Dreyfus, juif et d'origine bourgeoise, et excusa Esterhazy, antisémite et d'origine aristocratique. En 1906, Dreyfus est finalement réhabilité, mais l'affaire a mis en évidence la division de la société en deux grands blocs irréconciliables, l'un de gauche, défendant l'innocence de Dreyfus, les libertés et les valeurs républicaines, et l'autre de droite, opposé à Dreyfus, militariste et défenseur des valeurs les plus traditionnelles et réactionnaires.

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