Vérité, Science et Croyance : Une Exploration Épistémologique
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Introduction à la Vérité et à la Science
La vérité se définit comme l'adéquation ou la correspondance de ce que nous affirmons avec la réalité.
Caractéristiques de la Science
La science, au singulier, partage certaines caractéristiques communes à toutes les communautés scientifiques :
- Idéal d’indépendance et d'objectivité dans l’explication du réel.
- Travail collectif et critique.
- Révision permanente des savoirs et des méthodes.
Distinction entre Science et Croyance
Ne pas faire cette distinction conduit au relativisme épistémique de la vérité.
Le Relativisme de la Vérité
- La vérité n’existe pas ; il n’y a pas de vérité absolue, mais seulement une vérité relative, une vérité à chacun (« à chacun sa vérité »).
- Argument : il n’y a pas de description neutre et objective du monde ; toute description serait l’expression d’une vision subjective.
- Exemple : les couleurs. « La couleur rouge est belle » est subjectif ; d’autres personnes auront d’autres visions.
- Référence : « L’homme est la mesure de toutes choses » - Protagoras (481-411 av. J.-C.).
- Tout jugement dépend de celui qui l’énonce (argument du relativisme de la vérité).
- Rappel : relatif = ce qui dépend de certaines circonstances ≠ absolu = ce qui est indépendant.
Objections au Relativisme
- Le relativisme conduit à confondre opinion et connaissance. Si toutes les opinions sont également vraies, alors une opinion quelconque serait aussi vraie que celle qui la contredit, ce qui ferait perdre toute signification à l'idée de vérité. De plus, certaines opinions sont manifestement fausses (ex: dire qu'il pleut quand il ne pleut pas, ou 2+2=5).
L'Allégorie de la Caverne de Platon
La Caverne : Monde Illusoire
- Monde illusoire
- Croyances, opinions
- Les sens
L'Extérieur : Monde Réel
- Monde réel
- Connaissance / Science
- L'intellect et la raison
Platon critique le relativisme en faisant une distinction :
- Croire (croyance → caverne) : Tenir quelque chose pour vrai sans avoir la certitude objective de sa vérité.
- Savoir (science, connaissance → extérieur) : Tenir quelque chose pour vrai en ayant la certitude objective de sa vérité (preuve / démonstration).
La Démarche Scientifique : La Méthode Expérimentale
L'Exemple de Semmelweis et la Fièvre Puerpérale
Pour construire une méthode expérimentale, on peut alors :
- Raisonner à partir des faits (si l'hypothèse est cohérente avec les faits) ; Semmelweis a rejeté les quatre premières hypothèses.
- Réaliser un test expérimental pour vérifier son hypothèse.
La méthode expérimentale repose sur un raisonnement hypothético-déductif : le scientifique déduit de l’hypothèse une implication vérifiable (si l’hypothèse est vraie, l'événement X doit se reproduire). Si l’implication ne se produit pas, il faut accepter le fait et abandonner la théorie.
Les Deux Sens du Mot « Expérience »
- Sens d’observation (passif) : les données de l’expérience sensible.
- Sens d’expérimentation (actif) : observation provoquée à partir d’une démarche théorique et instrumentale.
Les Deux Genres de Vérités
Vérité de Raison (A Priori)
Exemples : géométrie, algèbre (ex: théorème de Pythagore). Obtenue par « l’opération de la pensée », c'est une vérité à priori (intuitive).
Vérité de Fait (A Posteriori)
Exemples : astronomie, physique (ex: « le soleil se lèvera demain »). Obtenue par l'observation et l’expérience répétée, formalisée par une théorie scientifique. C'est une vérité à posteriori (discursive).
Le Problème de l’Induction
Qu'est-ce que l'Induction ?
L'induction consiste à raisonner en partant de faits particuliers pour arriver à une théorie générale (du particulier au général).
La Limite de l'Induction
Même si nous avons fait les mêmes observations un grand nombre de fois, rien ne permet de garantir que ce que nous avons observé se reproduira. À partir de cas particuliers, on ne peut pas tirer de loi universelle, mais seulement générale. Une exception est toujours possible ; un fait inattendu pourrait se produire.
Exemple : La Dinde Inductiviste de Bertrand Russell
Universelle : qui vaut pour tous les cas sans exceptions. ≠ Générale : qui vaut pour la majorité des cas.
L'Induction Doit-elle Mener au Scepticisme ?
Le scepticisme implique de douter de tout : il est impossible de savoir ce qui est vrai.
Arguments Sceptiques
- Argument : l’impossibilité de la certitude. Si je peux imaginer la possibilité qu’une affirmation soit fausse, alors je dois douter de sa vérité.
- Exemple : le doute radical de Descartes, qui cherche une certitude indubitable en doutant de tout ce dont on peut douter (sens et idées).
Il ne peut pas y avoir de connaissances sans certitude absolue (qui résiste au doute radical).
La Réponse de Popper au Problème de l’Induction
L’expérience ne permet pas de vérifier la théorie, ni de prouver qu’elle est vraie, mais elle peut prouver qu’elle est fausse, donc la réfuter.
- Pour Popper, une « bonne théorie » est une théorie corroborée, c'est-à-dire qu’elle a résisté à toutes les tentatives de réfutation.
Aucune théorie ne peut prétendre à la vérité absolue et définitive, car une théorie non encore réfutée peut toujours être démentie par les faits.
L'Idéal de la Vérité Objective
L'Analogie d'Einstein
Einstein, dans L’Évolution des idées en physique, met en place une analogie : le cadran et l'aiguille représentent l'observation, tandis que le mécanisme représente la réalité.
- « Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain » - Einstein.
Cette analogie permet d’illustrer le rapport entre les énoncés scientifiques et la réalité.
Conséquences et Antiréalisme
- Conséquences : une autre théorie aurait pu fonctionner. Les théories sont plutôt des inventions que des découvertes.
- Tout cet argument s’appuie sur l’antiréalisme : la science ne peut pas prétendre à la connaissance de la réalité en elle-même.
Einstein insiste sur le fait que la science s’appuie sur une forme de croyance : la croyance en l’existence et en la possibilité d’atteindre la vérité objective.