Verlaine : Musicalité, Sensations et Impressionnisme
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Verlaine a privilégié les qualités musicales dans sa poésie. Par exemple, dans L'art poétique, le recueil de poèmes fait allusions fréquentes à des instruments musicaux. Cette musique répond à deux exigences : douceur et légèreté.
« Écouter la chanson bien douce qui ne pleure que pour vous plaire ».
Il néglige la rime pour privilégier les assonances et les allitérations. Il privilégie aussi des vers courts et impairs. Il y a une musicalité dans sa poésie. La musique verlainienne se caractérise par son harmonie (il module les voyelles) et par sa mélodie (il reprend des thèmes, des refrains qui créent une mélodie). Il a pu nommer sa poésie « la chanson grise » (tonalité associée à la tristesse).
Sensations et Couleurs
C’est une poésie où l’indécis et le précis se joignent. Les couleurs de Verlaine présentent des nuances faibles, pâles. Il est fréquent de trouver le blême, le laiteux, le gris. Les sensations olfactives y interviennent mais à leur déclin. Il parle des fleurs, mais il parle de leur odeur fade. Quand il parle du parfum des roses, il dit que c’est un parfum faible.
Verlaine aime les moments intermédiaires du jour comme le crépuscule (le déclin de la lumière et l’arrivée de la nuit) ou l’aube affaiblie (des moments de transition). Il aime les moments sensibles de la vie, quand elle vacille entre l’être et le néant, entre le vivant et la mort.
Nous trouvons ainsi dans sa poésie des adjectifs qui ont une valeur d’atténuation :
- grêle
- frêle
- petit
Il a recours à des diminutifs (trembloter) et à une répétition de certains adverbes comme vaguement et quasiment (bien accordé avec le moment gris, le moment intermédiaire de l’aube et le crépuscule, le moment de faiblesse). Il se sert aussi des interrogations (quoi ?).
Impressionnisme et Synesthésie
C’est un poète qui transmet à sa poésie toutes ses sensations, et du point de vue esthétique sa poésie est en harmonie avec le contexte artistique de l’époque. En 1864, Verlaine compose ses poèmes (Romances sans paroles) mais aussi le tableau de Monet (Impression, soleil levant).
L’impressionnisme du poète repose sur un double aspect :
- la fusion d’un état d’âme et d’un paysage
- la fusion entre les diverses sensations
Parfois nous trouvons des images où les couleurs deviennent des sons (sensation auditive). Il a recours aux synesthésies. Les sons deviennent vibrations et se matérialisent en frissons. D’autres synesthésies mêlent impressions auditives et gustatives, comme par exemple quand il dit « aigres guitares ».
Fragmentation et Écriture Impersonnelle
Comme les peintres, il aime bien fractionner le champ visuel pour privilégier les détails. Par exemple, il décrit un arbre, un oiseau… Il ne donne pas une vision d’un ensemble.
Dans Sagesse, on trouve cet élan de fractionner, car il veut rendre la sensation pure. À cette fin, il se sert d’une écriture impersonnelle (même si la sensation décrit un sentiment personnel) : comme dans « Il pleure dans mon cœur comme il pleut dans la ville ».
Il a recours aussi aux phrases nominales : « Ô bruit doux de la pluie » ou aux infinitifs.