Villa Savoye : Analyse Architecturale

Villa Savoye par Le Corbusier

Contexte historique

La période de renouvellement architectural commence à la fin du XIXe siècle, notamment à Chicago, et mène au modernisme. Le début du XXe siècle voit une révolution architecturale. Elle rompt totalement avec les principes techniques, esthétiques et formels hérités du passé, imposant un nouveau langage. Cette révolution reflète les nouvelles conditions économiques issues de la Révolution industrielle. Ce renouvellement de l'architecture moderne est lié à deux courants principaux : le rationalisme et l'organicisme. La Villa Savoye est l'une des œuvres les plus emblématiques de l'architecture du XXe siècle, appartenant au courant rationaliste. Le Corbusier est considéré comme l'un des plus grands architectes du XXe siècle.

Identification de l'œuvre

La Villa Savoye est une résidence familiale située en pleine nature, à Poissy, près de Paris. Construite entre 1929 et 1931, elle condense les aboutissements du langage esthétique rationaliste et les principes de la nouvelle architecture que Le Corbusier a exposés dans son ouvrage Les Cinq Points de l'architecture moderne.

La fonction de cette œuvre est liée à l'humanisation de la société industrielle et à la fonctionnalité de l'architecture. Le Corbusier concevait l'architecture comme un instrument de progrès social, répondant aux besoins collectifs et offrant un espace pour vivre dignement. Par conséquent, ses formes architecturales sont au service de la fonction : la maison pensée comme une « machine à habiter ».

Analyse architecturale

Nouveaux matériaux

Utilisation de matériaux modernes : fer, béton armé et verre.

Système constructif

Architecture structurelle. L'essence de l'édifice réside dans son ossature de poteaux et poutres en béton armé. La structure de la maison repose sur des pilotis. La couverture est plate (toit-terrasse). Cette structure introduit de nouvelles caractéristiques, telles que la perte de la fonction porteuse des murs et l'adoption du plan libre à l'intérieur.

Organisation spatiale

Ce bâtiment présente une grande simplicité formelle, utilisant des volumes géométriques purs : plan carré au sol, formes cubiques et cylindriques. Dans cette œuvre, Le Corbusier met en application ses cinq principes :

• Les pilotis : Ils soulèvent le bâtiment du sol, l'isolant de l'humidité et permettant l'accès des voitures jusqu'à l'entrée.
• Le toit-terrasse (ou toit-jardin) : Le toit plat est utilisé comme espace de vie extérieur (jardin, solarium), optimisant l'utilisation de la surface.
• Le plan libre : La structure porteuse (poteaux) libère les murs de leur fonction de soutien, permettant une distribution intérieure flexible. L'espace est réparti sur trois niveaux principaux, reliés par une rampe et un escalier :
  • Rez-de-chaussée : en forme de U, abritant le garage, le hall d'entrée et les locaux de service.
  • Premier étage : l'espace de vie principal (logement).
  • Toit-terrasse : jardin et solarium.
  Le concept d'espace est renouvelé, recherchant une continuité spatiale, des interconnexions, une asymétrie et des points de vue multiples et dynamiques.
• La fenêtre en bandeau : Le mur extérieur n'étant plus porteur, il peut être percé de longues fenêtres horizontales, créant une architecture transparente et lumineuse, inondant les intérieurs de lumière et offrant des vues panoramiques.
• La façade libre : Indépendante de la structure, la façade peut être composée librement, de manière asymétrique et variée, sans éléments décoratifs superflus.

Langage formel et esthétique rationaliste

• Simplicité formelle : Influencée par le cubisme, l'architecture est réduite à des formes géométriques pures, des volumes précis aux profils rectilignes, avec une tendance marquée à l'horizontalité. Combine des formes droites et quelques éléments courbes (rampe, murs du rez-de-chaussée).
• Fonctionnalisme : La priorité est donnée à la fonction et à l'habitabilité plutôt qu'à l'ornementation. Les éléments décoratifs sont bannis au profit d'un langage de formes épurées, où la beauté naît de la fonction et de la proportion.