Zola, La Marseillaise et l'Éclat de la Révolte Populaire

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L'Éclat Assourdissant de La Marseillaise

Pour devenir « la grande voix de cette tempête humaine », équivalent sonore du torrent visuel, et s’unifier dans l’« éclat assourdissant [de] la Marseillaise ». Le terme d’éclat connote un point culminant et la sauvage beauté de l’hymne révolutionnaire.

L'Hymne des Volontaires Marseillais

Rappelons qu’avant d’être le « chant national » de la République française, la musique attribuée à Rouget de l’Isle fut justement le chant de marche des volontaires marseillais. C’est donc en référence à leurs illustres parents que les Provençaux reprennent doublement à leur compte la défense de l’idéal révolutionnaire.

La Description Sonore et l'Hyperbole chez Zola

Zola évoque cette *Marseillaise* comme un chant de guerre. Les voix s’expriment comme des instruments de musique martiaux :

  • « trompettes »
  • « cuivre »
  • « tambour que frappent les baguettes »

L’auteur amplifie l’impression sonore par des expressions hyperboliques. La clameur est :

  • « monstrueuse »
  • elle « emplit le ciel »
  • elle est « soufflée par des bouches géantes »

Le spectre acoustique est saturé, des basses aux aigus, par des voix « vibrante[s] » et « sèche[s] ». L’hymne barbare entre en accord avec les éléments : l’écho est poétiquement transformé en voix de la nature, comme pour signifier que la cause des révoltés est légitime au point que plantes et minéraux prennent fait et cause pour elle. Une accumulation de composants du paysage crée l’« innombrable » et l’unanimité.

Le Retournement Inattendu

Les phrases, qui jusqu’alors s’allongeaient progressivement, reviennent à une expression plus ramassée, au rythme binaire affectif, en guise de point d’orgue. L’avant-dernier membre met en valeur les deux termes conclusifs : « la campagne, dans l’ébranlement de l’air et du sol, criait vengeance et liberté ».

La dernière phrase, quant à elle, produit un retournement inattendu. Le « tant que » initial met une borne temporelle à l’impression de force et de férocité léonines. Les « masses noires » sont devenues seulement une « petite armée ». Zola laisserait-il planer le doute sur la possibilité que « le rugissement populaire » puisse sérieusement inquiéter l’ordre établi, ou serait-ce que l’élan généreux initial ait perdu de son dynamisme lorsqu’il parvient en terrain découvert et plat ?

Conclusion : Naturalisme et Racines Romantiques

La nuit de l’hiver provençal produit des fantasmagories qui prennent forme en se rapprochant de l’observateur. Ces bandes d’insurgés qui descendent sur Plassans deviennent pendant un long moment un cours d’eau torrentueux. Cet agrandissement épique culmine dans les accents guerriers de *La Marseillaise* qui réveille la campagne endormie dans son sommeil hivernal. Zola signifie ainsi que ce chant est le symbole de la révolte populaire.

L'Héritage Romantique de Zola

Cet extrait peut étonner de la part d’un écrivain naturaliste épris de rigueur scientifique. Pourtant, les évocations fantastiques de la nature se retrouvent dans d’autres romans, pensons au Voreux de *Germinal*.

Zola se montre disciple de Victor Hugo dans ce type de description. Il semble reprendre à son compte la fameuse profession de foi des *Contemplations* :

« vents, ondes, flammes, / Arbres, roseaux, rochers, tout vit ! / Tout est plein d’âme. »

De même, Zola, comme Hugo, a souvent peint des mouvements de foule épiques, qu’on se rappelle par exemple la révolte des mineurs dans le même *Germinal*. Zola est, comme son prédécesseur, un républicain et un socialiste épris de justice et de progrès.

Engagement Politique et Critique du Second Empire

Ils ont été tous deux des contempteurs du Second Empire, à la nuance près que les critiques de Zola se sont exprimées après la chute du régime, alors que Victor Hugo a payé son engagement d’un long exil. Nous avons ici la preuve que le naturalisme de Zola a aussi des racines romantiques.

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