Le conflit social : une pathologie du lien social

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Pour passer d’une situation de conflit à une action collective

Il doit exister un groupe d’individus qui occupent une position analogue dans la structure sociale et ayant des intérêts communs. Il faut aussi que ces individus partagent un sentiment d’appartenance au groupe et la volonté d’une revendication. Enfin, il est nécessaire que ce groupe ait une certaine capacité d’organisation.

Le conflit : une pathologie du lien social

  1. Le conflit résultant d’un manque d’intégration sociale

Le conflit peut être vu comme un dysfonctionnement social et la conséquence de l’anomie dans les sociétés contemporaines. C’est l’analyse que Durkheim fait du conflit, en s’intéressant tout particulièrement aux conflits entre groupes sociaux qui naissent de la division du travail dans la société.

L’anomie est une situation dans laquelle se trouvent les individus lorsque les règles sociales qui guident leurs conduites et leurs aspirations perdent leur pouvoir, sont incompatibles entre elles ou lorsque, minées par les changements sociaux, elles doivent céder la place à d’autres. Il distingue 3 situations qui peuvent conduire à l’anomie dans une société où le travail se divise entre les agents.

  • Une absence des règles collectives fortes engage les acteurs sociaux dans une concurrence entre eux et dans des conflits sociaux. C’est par exemple le cas où les employeurs et les salariés ont peu de relations entre eux, et où les premiers prennent ainsi sans discuter avec les travailleurs des décisions dont ceux-ci ne veulent pas.
  • Un excès des règles, notamment dans la division du travail. S’il y a trop de régulation, le travail est trop divisé et perd son sens pour le travailleur, qui entre en conflit avec les décideurs de cette division du travail.
  • La perception comme injuste des règles est un troisième facteur de conflit dans la division du travail. Au niveau de la société toute entière, ce conflit peut par exemple porter sur l’absence d’égalité des chances, qui impose toujours aux mêmes groupes une place dévalorisée dans la stratification sociale, de génération en génération.

Ainsi, pour Durkheim, le travail ne réalise pas toujours sa fonction d’intégration : la division du travail peut ne pas produire de la solidarité organique, mais au contraire du conflit, lorsque cette division est pathologique. Le conflit est un indicateur du manque de cohésion de la société, car une augmentation du nombre et de l’intensité des conflits signale un défaut d’intégration de la société.

  1. Le conflit résultant d’un déséquilibre dans la structure sociale

Robert K. Merton désigne aussi le conflit comme une conséquence possible de l’anomie, mais avec un sens différent de Durkheim. Dans les travaux de Merton, l’anomie désigne l’écart structurel entre les buts valorisés dans la société et les moyens disponibles pour les réaliser. Lorsqu’un groupe n’a pas à sa disposition les moyens légitimes pour accéder aux buts légitimes (considérés comme souhaitables dans la société), ce groupe est en situation d’anomie. L’un des moyens de le résoudre est le conflit, par lequel ce groupe essaie d’avoir accès aux ressources légitimes.

En ce sens, le conflit est bien un produit de la structure sociale qui ne donne pas à tous les groupes sociaux les mêmes moyens pour accéder aux objectifs que tous les agents considèrent comme souhaitables.

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