Gérard de Nerval: Entre Rêve et Réalité

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Dans le poème « El desdichado », Nerval s'identifie aux héros et aux dieux du mythe, lançant ainsi un défi à la mort. En confondant passé, présent et futur, il tente de se libérer de l'emprise du temps.

Dans « Delfica », une allusion à l'Antiquité grecque et à Delphes, le poète mêle les images de femmes désirées ou inventées, introduisant des symboles alchimiques, des légendes religieuses, historiques et personnelles. Ce poème, à la forme exigeante du sonnet, bouleverse la tradition poétique par son originalité et ses sonorités.

Le Désenchantement Romantique et l'Expression de la Dualité

Pour Nerval, la réalité est décevante. Le désenchantement romantique se traduit par une conscience aiguë de l'échec amoureux, affectif, et plus généralement, par l'affirmation du désespoir. Son monde intérieur s'exprime dans une poésie d'antithèses : lumière et ombre, vie et mort, ciel et enfer, passé et présent.

Son écriture procède par contrastes et effusion des contraires. À la rêverie et aux souvenirs s'ajoutent l'hallucination et la chimère, présentes dans les couleurs de l'enfance de « Sylvie », dans le voyage en Orient, l'alchimie et les mythes antiques. Dans cette quête mystique, la femme occupe une place essentielle. Nerval remplace la femme réelle, absente ou décevante, par les visages multiples de ses « Filles du feu », créatures magiques (mère, épouse, reine, déesse) qui l'arrachent à la mort et le guident vers la vérité.

La Quête de Soi et du Passé

« Sylvie », la nouvelle la plus célèbre de Nerval, raconte l'histoire d'un homme épris de deux amours simultanés. Trois figures féminines se profilent : Adrienne, la noble religieuse ; Aurélie (Jenny Colon), la comédienne devenue déesse infernale ; et Sylvie, la paysanne du Valois, incarnation d'un bonheur inaccessible à l'homme déchiré entre mémoire et fantasmes.

Dans « Aurélia », le thème obsessionnel de la double quête de soi à travers la femme perdue (Jenny Colon) se mêle à une « descente aux Enfers » onirique et folle. Nerval, en pénétrant dans l'onirisme, introduit le discours de la folie dans la littérature, ouvrant un chemin pour Rimbaud, Artaud et d'autres, pour qui le rêve est une seconde vie.

Correspondances et Symbolisme

Nerval, comme Gautier, était persuadé de l'existence de correspondances entre le quotidien, le réel et le surnaturel. Il s'obstine à décrypter ses visions et cauchemars comme des clés de l'au-delà. Son univers onirique devient un monde poétique et mystérieux où tout se correspond : êtres, objets, rythmes et sons. Les récits fantastiques l'attirent également.

L'Obsession du Temps et le Pouvoir du Souvenir

La poésie de Nerval est empreinte d'un sentiment de l'écoulement du temps, une obsession pour son passage et son pouvoir destructeur. La confrontation du passé et du présent est fréquente. L'imagination de Nerval se nourrit des images du passé. L'écriture du souvenir lui permet de renouer avec l'enfance, les êtres disparus, les lieux, les objets et les chansons anciennes qui font ressurgir les impressions du passé. La maîtrise du temps passe par l'écriture poétique. Si le passé communique avec le présent par le souvenir, l'avenir peut être lu par le présent grâce aux rêves et aux signes prémonitoires. Pour Nerval, la rêverie devient prophétie.

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