Le rôle des syndicats dans les conflits du travail

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DÉFINITION Syndicat

Un syndicat est une organisation chargée de défendre les intérêts d'un groupe professionnel. Avec les représentants de l'entreprise et ceux de l'État, les syndicats font partie des partenaires sociaux qui négocient les conventions collectives s'appliquant aux branches professionnelles ou aux salariés d'une entreprise.

EXEMPLE

Le MEDEF est un syndicat d'employeur (ou patronal). La CGT est un syndicat de salariés.

Les syndicats ont exclusivement pour objet la défense des intérêts de leurs membres. Ce sont des groupes de pression au sens des politologues, donc des forces de mobilisation sociale. Ils jouent un rôle majeur dans les conflits du travail.
Ils concourent ainsi à l'institutionnalisation des conflits, c'est-à-dire l'inscription des conflits dans des formes pacifiques et cadrées d'interaction. Cette institutionnalisation permet d'éviter les actes de violence et de privilégier les négociations aux affrontements physiques entre des groupes aux intérêts antagoniques.

Les syndicats sont aussi un vecteur de régulation des conflits car ils sont un relais entre les agents sociaux et les institutions (institutions de l'entreprise et de l'État). Les syndicats permettent un certain consensus social en défendant les intérêts des salariés dans les différentes instances de négociation. À ce titre, ils négocient les conventions collectives avec les partenaires sociaux afin de déterminer notamment les grilles salariales et de qualifications.

DÉFINITION Régulation des conflits
La régulation des conflits correspond à la mise en place de normes, d'organisations, de procédures et d'institutions ayant pour fonction d'assurer l'expression des mouvements sociaux dans des cadres clairement délimités.

Mutations des conflits du travail

Après les grèves de mai-juin 1936, puis la Seconde Guerre mondiale, les conflits du travail ont occupé une place prépondérante en France, et les syndicats ont été puissants. Le taux de syndicalisation était ainsi de plus de 25 % en 1949. Cependant, il a décru jusqu'à la fin des années 1980 pour se stabiliser autour de 8% aujourd'hui. Le nombre de conflits du travail diminue, notamment depuis les années 1970, après la crise de mai 1968 (où jusqu'à 10 millions de personnes seront en grève ou empêchées de travailler par les grévistes). La France est l'un des pays industrialisés où les syndicats sont les plus faibles. Les conflits changent surtout de forme : les grévistes sont de plus en plus des salariés du secteur public. Les conflits sociaux peuvent prendre une forme spectaculaire à travers les mouvements de blocage, plus que les grèves (blocage des autoroutes, arrêt du trafic ferroviaire, etc.).

Plusieurs phénomènes expliquent ce déclin :

  • Des explications structurelles: la transformation de la structure des emplois joue en la défaveur du taux de syndicalisation. La désindustrialisation provoque une diminution de la part des ouvriers dans la population active, or le syndicalisme trouve son origine dans les mouvements ouvriers.
  • Des éléments conjoncturels: l'augmentation du chômage et le développement des formes atypiques d'emplois sont moins favorables au conflit, les salariés craignant pour les emplois. La précarité et l'existence d'un parcours dans l'emploi plus instable favorisent également l'effritement du collectif du travail. Cela peut également expliquer que les grèves soient désormais surtout le fait des salariés du secteur public, qui sont dans une situation souvent moins précaire que les salariés du secteur privé.
  • Remise en cause des syndicats eux-mêmes: les syndicats apparaissent progressivement comme des organisations bureaucratiques, coupées des militants. Ils peuvent ainsi apparaître comme des organisations défendant les intérêts de salariés privilégiés, et en particulier ceux qui sont embauchés avec un contrat à durée indéterminée plutôt que les précaires.

La précarisation des emplois et le déclin des syndicats qui structuraient la protestation entraînent une diminution apparente des conflits liés au travail. Les difficultés à trouver un emploi freinent la mobilisation de salariés qui ont peur pour le leur.

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